"Mourad a été libéré mercredi vers 23h30 à Laazib Ahmed tout près de la ville de Tizi Ouzou", a déclaré à l'AFP son frère Ouaâmar Bilek. "Aucune rançon n'a été payée", a-t-il précisé.

L'enlèvement de Mourad Bilek, dont les frères sont des entrepreneurs aisés, avait jeté l’émoi dans la région. Trois jours après cet acte, un deuxième homme, âgé de plus de 70 ans, a été enlevé le 14 mai par un groupe armé à Mechtras, à quelque 35 km au sud de Tizi-Ouzou. Celui-ci avait été libéré le 31 mai par ses ravisseurs. L’un comme l’autre, selon les informations communiquées, ancune rançon n’avait été payée à leurs ravisseurs. Cependant, si donc il n’y a pas eu paiement de rançon, quels étaient les véritables motifs de ces kidnappings ? Une question qui taraude bien des esprits dans cette région d'Algérie.

La population des localités sud-ouest de la wilaya s’était mobilisée pour dénoncer ces actes. Mais sans grand résultat. Du moins pour Mourad Bilek. Une série de grèves et manifestations pour exiger leur libération ont été également organisées les premières semaines. Au-delà de ces enlèvements qui minent sérieusement le climat économique de la région, l’absence de sécurité inquiète très sérieusement les habitants de la Kabylie.

64 enlèvements sans aucune enquête

Par ailleurs, la récurrence des actes terroristes exaspèrent de plus en plus les citoyens. "Toute la Kabylie est semée de postes militaires, de gendarmeries, il n’y a pas une région ou une route qui n’a pas son barrage militaire, et malgré ça, des actes terroristes sont commis régulièrement", nous a confié un habitant de la haute Kabylie.

Depuis 2005, il y a eu pas moins de 65 kidnappings dans la wilya de Tizi Ouzou. Ce qui la singularise tristement. Cinq enlèvements dans cet axe de Beni Douala-Mechtras. Même si l’on se refuse à parler d’argent, la plupart des otages détenus par des groupes de criminels dans cette région ont été libérés en échange de rançons. Selon toute vraisemblance, il y a comme une maffia qui engrange des sommes faramineuses dans ces enlèvements. Ce qui ne va pas sans agacer les habitants c’est également l’absence d’enquête et de suivi de ces crimes. Sans oublier l’indifférence des autorités locales, peu sensibles jusqu’à présent à la détresse des familles des victimes.

Y. K.