Maroc : vers une plus grande autonomie des régions

Maroc : vers une plus grande autonomie des régions

Le 9 mars, le roi du Maroc Mohamed VI, répondant aux revendications du mouvement du 20-Février, décide de soumettre à référendum une réforme constitutionnelle « globale ». Le 1er juillet, trente millions de Marocains se sont rendus aux urnes pour se prononcer sur ce projet qui modifie sur plusieurs points importants la constitution précédente.

Précisons : le rôle du Parlement se trouve renforcé. Le chef du parti victorieux des élections législatives est nommé premier ministre par le roi. Il détermine et met en œuvre la politique générale et peut, seul, dissoudre le Parlement et nommer plusieurs hauts fonctionnaires civils. Les bases d’une démocratie parlementaire où toutes les décisions sont prises n’auront plus à remonter jusqu’au roi pour être validées. En bref, avec cette Constitution, le Premier ministre devient le chef d’un pouvoir exécutif effectif, pleinement responsable du gouvernement. Le roi détient l’essentiel des pouvoirs dans les domaines régaliens de la défense, de la diplomatie, de la justice et de la sécurité intérieure. Il est le chef des armées, accrédite ambassadeurs et diplomates et préside un. Conseil de sécurité intérieure comprenant « les chefs des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire, les ministres, les responsables et les personnalités concernées » sera chargé de « gérer les questions de sécurité interne ». Sur le plan religieux, Mohammed VI «descendant du prophète» reste le «commandeur des croyants» pouvant émettre des fatwas. La sacralisation du roi en revanche disparaît même si sa personne est « inviolable » et « respectée » et si ses actes sont susceptibles de recours, y compris les révocations et les nominations. Sans parler de laïcité de l’État, la sphère religieuse est désormais distincte du champ civil et si nous sommes en présence d’un régime parlementaire aux pouvoirs limités – critique faite par le Mouvement du 20-Février, partisan d’une Assemblée constituante pour fonder un régime nouveau et non d’une constitution octroyée – le texte soumis à référendum institue la souveraineté nationale comme source unique du pouvoir exécutif.

D’autres réformes d’une grande importance éclairent le projet :

La Charte des libertés fondamentales prohibe la torture, bannit les humiliations, assure les libertés d’opinion, de conscience, d’expression et d’association et admet l’égalité de l’homme et de la femme, déjà amorcé par le code de la famille (mudawana) adopté en 2004. La référence aux racines «hébraïques, andalouses et méditerranéennes» de l’identité nationale du Maroc marque une nette différenciation avec les idéologies arabes comme le nassérisme, le baasisme, le wahhabisme et l’islamisme radical et un ressourcement dans la civilisation d’Al-Andalus ou les composantes musulmanes, juives et chrétiennes ont prospéré. En gravant dans le marbre ces références, et en intégrant son passé dans une histoire longue, le Maroc ferme la séquence coloniale sans exiger de repentance et affirme sa volonté de participer activement à la construction de l’Union pour la méditerranée (l’UPM des 5+5). Sans être comme l’État espagnol un ensemble formé par des régions aux identités différentes, la Constitution a renforcé l’autonomie des régions, y compris l’ex-Sahara occidental espagnol, à l’administration et aux dialectes berbères (Amazigh) différents : le tarifit (Rif), le tamazight (Moyen et Haut-Atlas) et le tachelhit (Anti-Atlas).

Reconnaissance de tamazight

Très importante est la reconnaissance du berbère comme langue officielle. Symbolique, elle devient le facteur marqueur de l’identité marocaine. Elle fait par ailleurs obligation à l’État et non plus aux associations d’assurer la formation des enseignants et modifier les programmes scolaires, d’ouvrir les médias et de réviser une législation inspirée par l’arabo-islamisme.

Cette réforme, largement approuvée par les Berbères marocains mais aussi algériens, tunisiens et libyens, luttant militairement contre le régime de Kadhafi, va incontestablement peser dans la vie politique et la campagne présidentielle en France.

Jacques Simon, historien

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Commentaires (2) | Réagir ?

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R A M E S S E S II

Le pouvoir pour les gens de Fez avec l'arabisme et l'islamisme comme idéologie, les finances pour les juifs, et l'opium pour les Berbères. Je préfere tamazight comme folklore du peuple, qu'une langue nationale officielle gérer par l'Etat ou le maghzen, voir le cas de l'Algérie, tamazight recule surtout quand on regarde l'ENTV. 4. Tamazight arabisée ya settar.

Tamazight langue nationale et officelle voulait dire, le Alaouite de Tafilalt va discourir en tamazight c'est ça, corriger moi si je me trompe, et Boutefika prochainement va commencer son discours par : Azul Fellawen yal Magharba, ahia El Brebeches dixit les Touaregs.

Dahmane

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Ali Mansouri

Voilà un article qui vient prêter main forte au mekhzène, alors que la rue marocaine gronde et rejette la mascarade constitutionnelle qui n'apporte aucun changement concret à la situation des marocains du peuple, les français ont toujours soutenu le mekhzène y compirs leurs historiens. La vérité il faut l'entendre dans la rue, les jeunes du 20 février ont ras le bol du mekhzène, ils veulent en finir avec son despotisme. Mais bien entendu il y a toujours des Français qui arrivent à la rescousse du mekhzène qui offre des riads aux Français et leur permet même de s'installer au Maroc, à voir le nombre de vieux retraités français qui débarquent au Maroc pour s'y installer, malgré l'histoire coloniale de la France dans la région.