Les avocats marchent à Alger

Les avocats marchent à Alger

Les robes noires ont marché mercredi à Alger. Quelques centaines de mètres certes, mais ils ont réussi, en dépit de la forte présence policière à organiser leur manifestation et crier leur colère contre la tutelle.

C’est donc une première marche en dehors bien entendu de celle que le régime organise avec la complicité de ses nombreux clients. Les aovcats étaient des centaines à battre le pavé d’Alger centre, entre la rue Abane-Ramdane et le siège de l’assemblée nationale.

La raison de ce mouvement ? Exiger le retrait définitif du projet de loi portant organisation de la profession, jugé attentatoire aux droits de la défense. Les avis sont unanimes : le projet est liberticide.

Une «marche événement» du tribunal de Sidi M’hamed au siège du Parlement, une action-éclair qui a duré à peine 45 minutes, organisée par l’Ordre des avocats d’Alger qui en compte plus de 5000 inscrits au tableau. Les avocats, cantonnés d’abord dans les locaux du tribunal ont briser le barrage policier et braver l’interdiction dont le ministre de l’intérieur se fait de répéter sa rigueur à chaque occasion
Bien entendu les policiers ne les ont pas accompagnés avec le regard. Nonobstant le respect dû de la robe noire, ils ont insulté, bousculés les avocats. Qu’importe ! Les avocats avancent. Et de fil en aiguille c’est un pan du système répressif qui recule.

Les avocat ont scandé, sur le perron de l’Assemblée nationale : «Edifaâ yourid sahb el machrouâ (les avocats veulent le retrait du projet de loi)». «Avocat, pas touche !», Il y avait quelques voix qui voulaient la tête du ministre de la justice : «Belaïz (Tayeb) dégage !». Mais pas seulement, les avocats, pour une première, ont aussi appelé pour plus de libertés et de démocratie.

Devant l’APN, pendant le rassemblement, des ténors du barreau, le bâtonnier d’Alger en premier, Abdelmadjid Sellini, prennent la parole devant les jeunes avocats, pour soulever la nécessité de maintenir la mobilisation et la vigilance jusqu’au retrait définitif du projet portant nouveau statut de l’avocat. Au cours de la conférence de presse, Me Sellini a confirmé le «recul» du gouvernement sur l’adoption de ce qu’il qualifie de «statut de la honte». «Nous avons la confirmation, par ouï-dire, que le gouvernement a décidé de reporter sine die l’examen de ce texte pour la prochaine session parlementaire. Ce n’est pas une solution. Surtout que le gouvernement ne croit pas que nous baisserons les bras. Nous serons là en septembre et jusqu’à ce que ce projet de loi soit retiré définitivement ou expurgé de toutes les dispositions qui portent atteinte à l’indépendance de la profession et sont contraires aux traités et conventions internationaux signés et ratifiés par l’Algérie».

La dernière mobilisation des robes noires remonte au 3 mai 2001. C’était à l’instigation des barreaux d’Alger et de Tizi Ouzou q’une première marche extraordinaire s’était ébranlée, ce jour-là, du palais de justice Abane Ramdane vers le Parlement pour la défense des libertés, des droits de l’homme, de l’Etat de droit et en soutien à la population de Kabylie dans sa révolte.

Y. K.

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Atala Atlale

S'ils pouvaient marcher contre la dictature comme cela s'est passé dans certains pays ils honoreraient leur profession et leur pays pour lequel sont tombés nos martyrs. Eux qui ont appris le droit, comment se fait-il qu'ils renoncent à revendiquer le droit d'être libres et de choisir ses représentants d'une manière indépendante ? Je pense qu'ils ont une mission à accomplir en tant que juristes. Est ce que je me trompe messieurs les avocats ? L' indépendance de la justice. Il y a un dicton arabe qui dit à peu près ceci : El Moulk assassou el adle (traduction la gouvernance ou pouvoir a comme fondement, la justice)