Les saillies politiques de la semaine

Mokdad Sifi a dit non à la commission Bensalah
Mokdad Sifi a dit non à la commission Bensalah

Tayeb Belaïz. Le ministre de la justice garde des sceaux a le sens de la dérobade très poussé. Jeudi dernier, lors de la discussion du projet d’amendement du code pénal et de la loi sur la corruption à l’Assemblée a fait assaut de quelques déclarations qui prêtent à bien des questions sur nos parlementaires. Confronté à des critiques de la part de députés, le ministre a préféré botté en touche, au lieu de prendre ses responsabilités. Seddik Chihab, député du RND, s’est adressé à Belaiz en lui disant : « Excuse-moi Monsieur le ministre, mais tous vos efforts n’ont eu aucun résultat sur le terrain et la volonté politique n’a aucun sens dans la lutte contre la corruption ».

Répondant à Chihab, Belaiz a déclaré : « Je souhaiterais que vous gardiez vos préjugés, la lutte contre la corruption est l’affaire de tout le monde et non pas l’affaire du ministre seulement ». Plus loin il précisera que si on enlevait l’immunité parlementaire, nombre de députés se retrouveraient en prison. Voilà qui confirme par la voix même du Garde des sceaux le deux poids deux mesures dans la pratique de la justice dont M. Belaïz justement est le patron. Le ministre semble se tirer une balle dans le pied.

Ali Haroun. L’ancien dirigeant de la Fédération de France du FLN, avocat et membre du HCE, a décliné l’invitation de la commission Bensalah, néanmoins, il lui a envoyée huit propositions. Sans trop croire toutefois à une quelconque volonté de l’actuel locataire d’El Mouradia en tienne compte. «Il est à craindre encore une fois qu’elles soient poliment enregistrées mais concrètement ignorées entraînant de nouvelles déceptions », écrit-il en conclusion de sa lettre rendue publique lundi.

Rachid Benaïssa. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, et son homologue marocain, Aziz Akhannouch, ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, se sont accordés dimanche à Biskra pour souligner "la possibilité d’une complémentarité" dans le secteur agricole entre les deux pays. Si peu de coopérations pour de si proches pays, mais n’insultons pas l’avenir. Loin de se cabrer dans une ombrageuse inimitié, ces ministres ont montré la voie. Reste à passer du geste à la parole. Quand on connaît les déclarations comminatoires d’ici et de l’autre côté de la frontière, il est difficile de présager une rapide accélération de la coopération. La raison ? Les pouvoirs politiques incapables de transcender le passé.

Mourad Medelci. Le ministre des Affaires étrangères aime à ménager les choux et les chèvres. "Quant à savoir si tel ou tel leader doit perdre de sa légitimité qu’il s’agisse de la Syrie ou de la Libye, je crois que ceux qui sont principalement responsables pour répondre à cette question sont les peuples eux-mêmes", a-t-il affirmé mardi à Luxembourg. Entièrement d’accord avec vous, à condition bien entendu que ces deux dictateurs, car c’est ce qu’ils sont, laissent s’exprimer leur peuple, au lieu de leur envoyer des chars dès qu’ils revendiquent une once de liberté et de dignité. Il y a des hommes et des systèmes qui sont révolus. Condamnés par l’histoire et les peuples M. le Ministre. Et ces deux-là en font partie comme le système qui gère l'Algérie d'ailleurs.

Abdelkader Messahel. Encore un qui lance des évidences. Abdelkader Messahel, ministre délégué aux affaires maghrébines, a affirmé mardi à Tunis : « Tous les Libyens sont concernés par l’avenir de la Libye (sic !). Il est donc nécessaire de mettre fin à cette crise dans l’intérêt du peuple libyen et des peuples de la région tout entière» (resic !!!). Franchement on attend d’un diplomate plus que des lapalissades. En l’espèce énoncer des évidences c’est synonyme de dérobade devant la nécessité de prendre des positions fermes et tranchées sur certaines questions.

Valhid Halilhodzic. Le choix du nouvel entraîneur a fait valser les titres de la presse sportive nationale. Pourtant à la FAF le choix semble avoir été fait depuis plusieurs mois si l’on en croit Valhid Halilhodzoc qui a déclaré que « le contact avec le président de la FAF a été pris depuis plusieurs mois. On a recommencé à parler il y a quelques jours, le nouveau président a beaucoup insisté, et il a finalement réussi à me convaincre d’entrainer l’équipe nationale algérienne ». Mais qu’importe ! La FAF a fait durer le suspense pour se donner de la contenance en arguant qu’elle a retenu cinq noms de « grosses pointures ». L’air de dire que je cherche le meilleur. On ne nous dit jamais tout finalement.

Encore le nouvel entraîneur. Tout en reconnaissant dans un entretien que son expérience à la tête de l’équipe ivoirienne avait été "mauvaise", le Franco-Bosniaque Halilhodzic a précisé qu’"au départ, j’étais sceptique, méfiant, encore marqué par ma mauvaise expérience avec la Côte d’Ivoire. Mais j’ai senti qu’ils me voulaient vraiment et sur la durée, j’ai donc accepté l’offre". Longue durée… longue durée…Nous doutons quelque peu, aux premiers résultats négatifs, il sera le premier dont la tête sautera. Certainement pas celle de l’inamovible Raouraoua qui trouvera certainement une parade pour ne pas être mouillé dans le naufrage.

Bensalah. La commission Bensalah surnommée la boite aux lettres a clos ses réceptions. Enfin ! diront les sceptiques. Fini le cirque. Abdelkader Bensalah, le revenant général Touati et Mohamed Ali Boughazi rendront leur copie dans une dizaine de jours au président. Certaines propositions constituent une véritable remise en cause du système politique algérien. Qu'en fera le président ? Plusieurs rapports remis à Bouteflika n'ont jamais connu d'application. Comme le fameux rapport du défunt Mohand Issad sur l'assassinat par les gendarmes de 126 jeunes Kabyles. Pourtant commandé par le président, celui-ci n'a jamais donné suite aux conclusions. Toutes les investigations menées par Mohand Issad et ses collaborateurs n'ont servi qu'à gagner du temps et faire illusion. Rappelons-nous aussi, le rapport sur la réforme de la justice qui a, lui aussi, fini au fond d'un des tiroirs de la présidence. Pour coller à l'actualité, rappelons-nous aussi la promesse faite par Bouteflika à Tizi Ouzou, à la mère du chanteur Matoub Lounès. Il lui avait promis qu'il allait tout faire pour trouver les assassins de son fils. Le résultat on le connaît. Presque 10 ans après, il n'y a ni procès, ni assassins derrière les barreaux.

Conclusion : tel que c'est mené, il vraiment difficile de croire que le personnel politique du système actuel puisse mener des réformes qui pourraient aboutir à sa remise en cause.

Yacine K.

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Atala Atlale

Je crois que le système agit exactement de la même manière que l'ancien colonisateur français, il faisait la sourde oreille aux demandes de liberté des ''français musulmans" de l'époque coloniale. Et novembre leur éclata à la face. Je crains que pour cette fois-ci si un 2e novembre il y aura, (politique s'entend) il ne restera plus ni pétrole, ni or, ni même de souveraineté à défendre. tout aura été dilapidé.