Le risque schizophrénique en autocratie : le cas Ahmed Ouyahia

Le risque schizophrénique en autocratie : le cas Ahmed Ouyahia

Peu de gens le savent mais le danger terrible, avec l’exercice du pouvoir en pays bananier, un pays comme le nôtre, là où personne ne vous contredit, là où vous n’êtes en compétition avec personne, le danger c’est de sombrer dans ce déséquilibre mental fatidique qu’on appelle schizophrénie.
Le sujet qui parle tout seul.
La schizophrénie est une psychose grave survenant chez l'adulte jeune, habituellement chronique, cliniquement caractérisée par des signes de dissociation mentale, de discordance affective et d'activité délirante incohérente, entraînant généralement une rupture de contact avec le monde extérieur et parfois un repli autistique.
On reconnaît un schizophrène à sa pensée floue, anarchique, discontinue (diffluence) ; au trouble des associations (le patient a du mal à passer d'une idée à l'autre). Il a une impression d'appauvrissement ou de pseudo-débilité. Il fait des réponses à coté à cause de la diffluence. On le reconnaît au « barrages » : interruption brutale au milieu d'une phrase (quelques secondes) et le sujet va repartir.
Nous avons tous en mémoire les images du leader libyen Kadhafi dont on peut dire qu’il est le symbole du schizophrène.
En Algérie, nombre de personnalités politiques répondent à cette description, dont le plus connu d’entre eux, Abdelaziz Bouteflika.
Car l’inconvénient majeur, en pays bananier, c’est qu’on peut gouverner avec la schizophrénie, jusqu’au stade final, c’est-à-dire jusqu’au stade où vous coulez dans la démence.
A ce stade, vous pouvez, comme Hitler, déclarer la guerre au monde entier ou, comme Kadhafi ou Saddam, sacrifier votre peuple à vos lubies.
Je voudrais cependant vous entretenir aujourd’hui d’un cas sous-estimé, le cas du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, dont j’ai eu l’occasion de suivre, mercredi soir, sa prestation lors de l’émission Hiwar essaâ (dialogue de l’heure) de la télévision nationale.
Je peux le dire sans risque de me tromper : M. Ouyahia est sans aucun doute un sujet gravement schizophrène dont les réactions peuvent être d’ordre cataclysmique.
Comme M. Bouteflika, le personnage présente des troubles propres aux descendants dont les parents sont atteints de cette maladie, ce qui semble être le cas de M. Ouyahia dont on dit qu’il serait né avec la moustache en tant que secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), d’une union entre la pègre politique et le pouvoir occulte.
Le risque de schizophrénie est, en effet, plus élevé chez les sujets apparentés à des schizophrènes. Quand un frère ou une sœur est atteint, le risque est de 6 à 14 %. Quand un parent est atteint, le risque est de 7 à 16 %.
Toutefois, quand les deux parents sont atteints, ce qui semble être le cas ici, le risque passe à la fourchette comprise entre 40 à 68 %. Et quand il s’agit de deux frères jumeaux homozygotes (vrais jumeaux), ce qui s’avère prouvé avec M. Belkhadem, le risque monte brusquement à la case comprise entre 50 à 75 %.
On retrouve chez M. Ouyahia des traits de caractère schizoïde qu’on notait déjà chez M. Bouteflika il y a cinquante ans : attitude de repli, avec un désintérêt relatif pour le monde extérieur (introversion) ; fuite des contacts sociaux (peu ou pas d'amis) ; gens timides et effacés ; vie imaginaire souvent intense mais bizarre, avec un grand intérêt pour les choses abstraites ; l'apparition de troubles d'allure névrotique : anxiété, angoisse floue ; une symptomatologie obsessionnelle : sujet assiégé de doutes ;
une symptomatologie hystérique ;
Deux éléments essentiels dans la sémiologie de la schizophrénie se retrouvent, par ailleurs, chez ce sujet. D'une part un versant négatif, qui correspond aux troubles de la personnalité où dominent la dissociation et l'autisme. Le sujet se coupe du monde.
D'autre part un versant positif avec pour le schizophrène une reconstruction délirante du monde extérieur et de lui-même. Ce délire est appelé délire paranoïde.
Le délire paranoïde et la dissociation se retrouvent dans un élément commun, la discordance, élément fondamental de la schizophrénie. Amour et haine, affirmation et négation, désir et crainte, sont souvent intriqués.
En même temps, la bizarrerie et l'impénétrabilité rendent souvent impossible la communication avec le schizophrène qui semble bien souvent hermétique.
On note également un détachement de la réalité avec un retournement sur soi que l'on appelle aussi autisme.
L’autisme est un phénomène courant chez les hommes politiques atteints de schizophrénie. Il consiste à ne pas entendre les bruits qui annoncent un risque.
Ainsi Ahmed Ouyahia a répété mercredi soir à l’opinion publique algérienne, lors de son passage à l’émission “Hiwar Essaâ”, son discours méprisant vis-à-vis des acteurs des mouvements de protestations en Algérie qui ont embrasé de nombreux secteurs d’activités. Ainsi, selon le Premier Ministre, ces protestataires ne seraient que des opportunistes qui profitent de la conjoncture actuelle que connaît l’Algérie. Il a notamment déclaré : « Nous traversons une étape particulière, dont tout le monde veut en profiter pour bénéficier d’une augmentation de salaire », a-t-il fièrement laissé entendre.
On peut voir ici ce que les spécialistes appellent le délire paranoïde, c’est-à-dire un délire délire non structuré, hermétique, flou, bizarre. Il se traduit par des hallucinations auditives parfois précédées d'hallucinations intra-psychiques. Le sujet est convaincu que certains faits ont une signification seulement pour lui.
Les délires s'accompagnent souvent d'angoisse.
Angoisse de dépersonnalisation. Le sujet a le sentiment d'avoir changé (physique et psychique, signe du miroir : le patient passe de longs moments à se regarder pour voir s'il a changé). Cette angoisse s'appelle aussi angoisse de morcellement.
Angoisse de déréalisation. Le monde environnant n'est plus reconnu par le sujet.
Je place ici le fait que Ahmed Ouyahia a exprimé sa crainte de voir ces mouvements de protestations porter “atteinte à l’économie” du pays.
«Le système parlementaire, où le pouvoir exécutif est limité, est basé essentiellement sur le bipartisme (comme c'est le cas en Grande-Bretagne, en Allemagne et ailleurs) et naturellement on ne peut l'appliquer dans le cadre du pluralisme politique adopté actuellement en Algérie», a indiqué M. Ouyahia, rappelant que l'Algérie "a connu 59 gouvernements en l'espace de 50 ans". Sur le cadre législatif régissant l'économie nationale connaîtra davantage de stabilité durant les cinq ou sept prochaines années à affirmé M. Ouyahia. Il a précisé que le gouvernement a veillé à assurer la stabilité des lois relatives aux questions économiques à travers les lois de finances complémentaires (2010-2011), indiquant que nous «nous engageons à assurer la stabilité de ces lois, au moins durant les cinq ou sept prochaines années». Le Premier ministre a estimé que la dernière tripartite a pris en charge les préoccupations du secteur privé en citant que parmi les résultats, «le rééchelonnement de la dette des entreprises privées, l’appui des crédits des entreprises relevant des secteurs public et privé et la prise en charge des risques de change pour les opérateurs privés»

Perte de la mémoire

On observe chez Ouyahia une nette évolution schizophrénique bouteflikienne qui se traduit par une dissociation au niveau comportemental ; un sentiment de bizarrerie, d'incohérence ; une stéréotypie c'est-à-dire des mouvements répétés identiques entre eux, inutiles, qui peuvent toucher le visage (paramimie), gestuels (balancements) ; une échomimie (le sujet répète le geste qu'il vient de voir)... ; un maniérisme des gestes, des attitudes (manque de naturel)
Mais le plus grave restent le troubles de la mémoire : ils sont dus aux troubles du cours de la pensée avec une mobilisation anarchique de la mémoire.
Ainsi le Premier ministre s’est-il dit, mercredi soir, partisan d’une limitation de mandats présidentiels dans la prochaine Constitution, oubliant qu’en septembre 2009, il avait contribué au viol de cette dernière, en changant l’article 74 qui limitait, présisément le nombre de mandats et qui empêchait le président Bouteflika de se portet candidat pour la troisième fois. I
Il faut préciser que les troubles de la mémoire chez le sujet schizophrénique en autocratie, s’accompagnent parfois des hypermnésies : se sont des remémorations excessives qui touchent souvent des détails insignifiants.
Au fil du temps, il y aura une évolution déficitaire, ce qui va donner un réel trouble de la mémoire.
Il y alors trouble de la concentration et de l'attention.
C’est ainsi que M. Ouyahia a oublié avoir déclaré le 25 septembre 2008, à l'ouverture des travaux de la première session ordinaire du conseil national du RND : « Nous soutiendrons le frère Abdelaziz Bouteflika au cas où il se présenterait pour un autre mandat, candidature que nous souhaitons, de même que nous mobiliserons toutes nos potentialités en faveur de sa campagne électorale pour un troisième mandat et la machine électorale (du RND) sera à sa disposition » Après avoir appelé les militants du RND et l'ensemble de la société algérienne à soutenir la candidature du président Bouteflika aux prochaines élections présidentielles M. Ouyahia a ajouté que "le RND était fier du message qu'il transmet à ce propos et se met pleinement aux cotés du président Bouteflika".
Il n’y a que peu de traitements pour ce genre de schizophrénie en autocratie.
Le seul remède décisif est l’éloignement du pouvoir et la mise en repos forcé.

Didou (avec le docteur Ziatli du CHU psychiatrique de Ben Aknoun)

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Commentaires (6) | Réagir ?

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madjid ali

C'est pour quand le T. P. I.

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khelaf hellal

Le drame de la personne schizophrénique est qu'elle ne se remet jamais en question, elle refuse même de croire qu'elle est malade ou qu'elle est complétement coupée de la réalité du monde. Elle se parle à elle-même avec un certain aplomb en trouvant des justifications intelligentes aux choses anormales qu'elle n'a pas eu le courage d'assumer en leur temps sous l'emprise de l'iktina3 et de tout ce qui lui procure l'auto-satisfaction d'avoir bien servi son nouveau mentor pour sauvegarder sa carrière et son statut dans le système. Elle refuse obstinément de reconnaitre ses erreurs quand elle ne peut pas les travestir ou les faire oublier pour vous embobiner sur tout ce qui lui assure l’immuabilité et les certitudes ésotériques de son monde à lui.

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