Abderrahmane Mebtoul à la RAI : « Christine Lagarde sera probablement retenue à la tête du FMI »

Christine Largarde, la ministre de l'économie française, est candidate à la directrice du FMI.
Christine Largarde, la ministre de l'économie française, est candidate à la directrice du FMI.

Le professeur Mabtoul est revenu au micro de la Radio algérienne internationale (RAI) sur les enjeux du sommet du G8 qui se déroule à Deauville (France).

Qu’est ce que le G8 ? Le G8 est un groupe de discussion et de partenariat économique de huit pays parmi les plus puissants économiquement du monde. En prenant l’indicateur le produit intérieur brut (PIB) encore que cet indicateur voile d’importantes disparités et que l’indice du développement humain est plus perspicace, le G8 comprend environ 14% de la population mondiale qui concentre plus de 60% du produit intérieur mondial. Cependant les grandes décisions dans l’avenir seront prises par le G20 composé de 19 pays dont Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, Etats-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie et l’Union européenne. Le G20 représente 85 % du commerce mondial, les deux tiers de la population mondiale et plus de 90 % du produit mondial brut approchant selon le FMI pour 2010 de 61 963 429 milliards de dollars dont l’Union européenne 16 106 896 et les USA 14 624 184. C’est que le poids des pays émergents, (notons qu’aucun pays arabe exportateur d’hydrocarbures ne figure dans la liste des pays émergents démontant que la richesse d’une nation se mesure par le travail et non la rente éphémère) la Chine dont le PIB est estimé à 5 745 133 milliards de dollars, arrivant à la deuxième position par pays avant le Japon, le Brésil 2 023 528, l’Inde 1 430 020 devraient se traduire par un profond bouleversement géostratégique entre 2015/2020 si ces pays maintiennent l’écart du taux de croissance, encore qu’il faille diviser le PIB par la population totale, comme c’est le cas de la Chine et de l’Inde qui dépasse chacun un milliard d’habitants.

De quoi discutera-t-on ?

Je pense que le sommet abordera trois éléments essentiels. D’abord la succession de DSK pour la direction générale du Fonds Monétaire International. Depuis les Accords de Bretton Woods en 1945, instaurant le système économique et financier international, le principe a été qu’à la tête de la banque mondiale ce soit un américain et à la tête du FMI un européen notamment un français. Il était attendu que ce soit une personnalité des pays émergents qui prenne la relève. Du fait de la conjoncture spécifique actuelle, du poids dans le conseil d’administration des Etats-Unis et de l’Europe principal bailleur de fonds, la candidature de Christine Lagarde, la ministre française de l’Economie, sera certainement retenue, sous réserve que le procès qui laie à Bernard Tapie la lave de tout soupçon. Mais après cela se sera certainement le tour des pays émergents. Le deuxième volet sera l’endettement excessif des Etats suite toujours aux ondes de chocs de la crise économique et financière d’octobre 2008, comme la crise d’Abu Dhabi, touchant après la Grèce le Portugal et l’Espagne. C’est que l’on ne s’est pas attaqué à l’essence de la crise qui est la dominance de la sphère financière sur la sphère réelle, les distorsions entre la dynamique économique et la dynamique sociale assistant à une concentration excessive du revenu aux dépens des créateurs de la valeur ajoutée durable. Cette concentration du revenu est présent tant au niveau des pays développés qu’au niveau mondial avec la marginalisation d’une grande partie des pays sous développés où la misère est croissante. Encore que ces dirigeants du Sud ont une large part de responsabilité du fait de leur gouvernance ne pouvant pas toujours incomber la responsabilité à l’extérieur pour masquer les faiblesses intérieures. Nous sommes à l’ère de la mondialisation d’où l’urgence d’institutions supranationales de régulation adaptées à la nouvelle situation. Ce qui nous amène au troisième axe qui est celui du printemps démocratique arabe expliquant la présence de l’Egypte et de la Tunisie. Les cas de la Libye et du Yémen seront certainement abordés. D’ailleurs l’Europe, comme les Etats-Unis d’Amérique avant cette réunion a fait savoir qu’elles accorderont un bonus pour les pays qui concilient les réformes et la démocratie devant aider les pays dans cette transition démocratique qui ne sera pas facile.

Le G8 et l’Afrique ?

Je voudrai d’abord parler de l’Algérie et surtout du Maghreb, partie intégrante de l’Afrique du Nord. Je suis depuis plusieurs décennies un fervent défenseur de l’intégration maghrébine. Et c’est pourquoi, je pense qu’il est suicidaire à l’heure de la mondialisation que chaque pays du Maghreb fasse cavalier seul. Les entrepreneurs potentiels investissent dans les grands espaces, les micro-Etats à l’avenir étant condamnés à la récession avec pour conséquence des tensions sociales. C’est dans ce cadre que nous avons décidé avec le docteur Camille Sari, professeur à la Sorbonne, d’initier un ouvrage collectif pluridisciplinaire sur ce sujet d’une importance géostratégique avec trois volets solidaires, politique, social et économique, qui verra la participation d’experts de hauts niveaux à la fois Algériens, Marocains, Tunisiens, Mauritaniens et Libyens, Avec la nouvelle configuration mondiale horizon 2020, l’avenir économique de l’Europe et du Maghreb est en Afrique. Ce continent a d’importantes potentialités humaines et matérielles. J’ai un grand espoir pour ce continent pour peu que se réalisent l’intégration et une gouvernance renouvelée conciliant réformes et démocratie.

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Commentaires (1) | Réagir ?

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mouloud meziane

Bonjour,

Stanley fischer plutot, malheureusement.