La consultation vire au monologue

La consultation vire au monologue

Le communiqué de la présidence, rendu public vendredi parlait de consultations politiques avec la classe politique. Malheureusement ce qu'attendaient de nombreuses formations de l'opposition et la société civile est en train de tourner au monologue. Pourquoi ? D'abord le choix du pilote de ces consultations politiques. Abdelkader Bensalah, président du Sénat et grand supporter du président, ne peut objectivement mener des consultations poussées qui pourraient remettre en cause le fonctionnement actuel des institutions. Tout enfant du système qu'il est, ira-t-il jusqu'à récolter ou faire des propositions à même de remettre celui-ci en cause ? J'en doute. Si c'était le cas, pourquoi ne l'avait-il jamais dénoncé avant ? Hier, n'a-t-il pas applaudi la révision de la Constitution voulue par le président pour s'offrir un troisième mandat et maintenant, il est missionné pour remettre en cause une énième fois cette Constitution ? Car l'enjeu est là. Pas ailleurs. Le choix des hommes et des idées qu'ils défendent est capital, il sous-entend nos desseins. Ensuite, ces consultations sont boycottées par l'opposition. Elles ne concerneront donc que les partis de l'alliance présidentielle et quelques seconds couteaux en mal de figuration. Autant dire qu'elles vont vite tourner au monologue. Car que pourront bien se dire Ouyahia et Bensalah à cette occasion, deux responsables d’une même formation politique, par ailleurs soutien inconditionnelle de la politique présidentielle depuis sa création ? Que dira Belkhadem ou Hanoune à Bensalah que celui-ci ne savait pas ? Rien ou pas grand-chose. Le fait de se renconter à la présidence changera-t-il quelque chose pour ces hommes qui se fréquentent dans les allées du pouvoir depuis plusieurs années ? Il fallait de nouvelles têtes, porteuses de nouvelles idées pour sortir l'Algérie de la gangue dans laquelle elle se débat. A notre grand désespoir, on nous sert le même personnel politique, les mêmes ficelles. Ces consultations sont une énième pirouette pour gagner du temps.

Le scénario est cousu de fil blanc. Fidèle à ses pratiques, le pouvoir va convoquer ses supporters qui défileront un par un sur le perron de la présidence pour nous rappeler les vertus du dialogue et lénifier le président. En définitive, que doit attendre l’Algérien lambda d’un dialogue à sens unique ? Pas grand-chose. Ces personnalités ont une seule obsession. Non pas mettre l'Algérie dans le sens des aiguilles de l'horloge, mais l’entretien du statu quo politique.

Y. K.

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khelaf hellal

En guise de consultation nationale pour des réformes profondes, c'est en fait une façon de réveiller tous les relais dormants et les représentations d'allégeance qui n'attendaient que ça pour reconstituer la pyramide de servitude volontaire qui conforte le trône du tyran auquel elle a choisi de se soumettre. C'est un dialogue-maison du genre hna fi hna ou encore 3la bali ouach 3la balek li 3labali, un dialogue muet de moutons de panurge qui n'a pas besoin d'être télévisé pour le comprendre. Ce qui est appelé opposition ici c'est tout ce qui s'insère tranquillement dans le système sans avoir à le changer ni le déranger dans sa stabilité d'ensemble. La véritable opposition qui a refusé l'invitation sera par contre diabolisée et accusée de tous les maux, elle sera la cible de tous les raccourcis et des amalgames pour créer la confusion générale et la scission (le syndrome Libyien) pour donner un semblant de crédibilité à une consultation dont le but réel est de sauvegarder le système politique dictatorial et décadent qui a fait que l'on soit tombé dans cette situation qui appelle à reformer profondément toutes les crasses qu'il a engendréés lui-même aujourdhui ou qu'il a laissé faire depuis le temps ou qu'il n'a pas pu nous faire éviter avant ce jour.