Libye: les insurgés, dopés par le succès, veulent avancer vers l'ouest

Le chef du Conseil national de transition libyen (CNT), organe politique de la rébellion à Benghazi, Moustapha Abdeljalil, était jeudi à Londres, où le Premier ministre David Cameron a invité le CNT à ouvrir à Londres son premier bureau de représentation en Europe.

Les rebelles libyens, dopés par leur succès sur l'aéroport de Misrata (ouest), se préparaient jeudi à marcher sur Zliten, avec en ligne de mire la capitale Tripoli, à 200 km à l'ouest, régulièrement bombardée par l'Otan.

Après plus de deux mois de combats dans Misrata puis autour de la ville assiégée, les rebelles ont pris mercredi l'aéroport, au sud de Misrata, repoussant les pro-Kadhafi suffisamment loin pour que la majeure partie de la ville se trouve hors de portée de leurs roquettes.

Selon Salah Badi, responsable de l'offensive rebelle dans la zone de l'aéroport, les forces gouvernementales se sont regroupées à Zliten, ville de 200.000 habitants à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Misrata.

Il a assuré que les rebelles, qui ont déjà progressé d'une petite vingtaine de kilomètres en direction de Zliten, allaient désormais concentrer leurs efforts sur ce front, le long de la route côtière qui mène à Tripoli, à environ 150 km à l'ouest de Zliten.

En arrivant à l'aéroport, les rebelles ont trouvé des chars abandonnés par les pro-Kadhafi et y ont mis le feu. Ces derniers jours, ils avaient utilisé des conteneurs poussés par des bulldozers pour protéger leur avancée sur le front ouest, selon un correspondant de l'AFP.

Dans l'Est, au moins trois roquettes sont tombées jeudi sur Ajdabiya, carrefour stratégique aux mains des rebelles à 160 km au sud-ouest de Benghazi, "capitale" des rebelles, sans toutefois faire de victime.

Dans cette zone un temps très disputée, des combats sporadiques se poursuivent et la ligne de front se déplace régulièrement entre Ajdabiya et le site pétrolier de Brega, tenu par les pro-Kadhafi 80 km plus à l'ouest.

A Tripoli, des frappes aériennes ont touché tôt jeudi matin le complexe résidentiel du colonel Kadhafi dans la zone de Bab al-Aziziya, faisant 6 morts et 10 blessés, tous civils, selon des responsables gouvernementaux.

Lors d'une visite guidée du site jeudi, un journaliste de l'AFP a pu voir un bâtiment endommagé ainsi qu'un cratère entouré de sacs de sables éparpillés.

La veille, une dizaine de missiles avaient encore touché Tripoli, bombardée presque chaque jour par l'Otan, qui a pris fin mars la direction des opérations militaires internationales destinées, sous mandat de l'ONU, à faire cesser les attaques contre les civils.

Mercredi soir, la télévision d'Etat libyenne a diffusé des images du colonel Kadhafi dans une réunion, en annonçant qu'elles avaient été tournées en fin de journée, les premières depuis une frappe aérienne de l'Otan qualifiée par le régime de tentative de l'assassiner.

Un fils, Seïf al-Arab, et trois petits-enfants du dirigeant avaient péri dans cette frappe le 30 avril. L'Otan répète qu'elle ne vise pas des personnes mais des cibles "militaires".

Le chef du Conseil national de transition libyen (CNT), organe politique de la rébellion à Benghazi, Moustapha Abdeljalil, était jeudi à Londres, où le Premier ministre David Cameron a invité le CNT à ouvrir à Londres son premier bureau de représentation en Europe.

De plus, M. Cameron a promis plusieurs millions de livres d'équipements pour la police de Benghazi, ainsi que du matériel de communication pour la rébellion.

Parallèlement, une première cargaison d'aide américaine est arrivée à Benghazi dans le cadre des 25 millions de dollars débloqués fin avril par le président Barack Obama pour soutenir la rébellion sans pour autant lui fournir des armes.

Dans cette cargaison se trouvaient 10.000 repas halal tout prêts pris sur les stocks de rations alimentaires de l'armée. D'autres cargaisons étaient en route, en particulier du matériel médical, des uniformes, des bottes, des tentes et des gilets pare-balles, selon le département d'Etat.

Depuis le début de la révolte, les violences ont fait des milliers de morts selon le procureur de la Cour pénale internationale, et poussé près de 750.000 personnes à fuir selon l'ONU.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) a demandé jeudi un "cessez-le-feu immédiat" dans les montagnes de l'ouest de la Libye afin de pouvoir livrer l'aide humanitaire aux populations touchées par les combats.

AFP

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