Libye: avancée des rebelles dans l'Ouest, l'Otan optimiste

D'après un responsable des rebelles qui a requis l'anonymat, ce ralliement a déjà commencé à se faire sentir sur le terrain, et "des incidents sont signalés depuis trois jours à Tripoli".

Les rebelles ont effectué lundi une nette avancée contre le forces du colonel Mouammar Kadhafi dans l'ouest de la Libye, alors que le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, faisait part de son optimisme sur l'évolution de la situation.

Les insurgés ont avancé d'une quinzaine de kilomètres à l'ouest de Misrata, érigeant des barricades et se rapprochant de Zliten, une ville de 200.000 habitants à quelque 150 km de Tripoli, a rapporté un correspondant de l'AFP.

Les rebelles ont atteint Zreik, après avoir pris la veille la localité de Bourgueya, où les forces du colonel Kadhafi ont fui laissant derrière eux des caisses de munitions, des matelas et de la nourriture notamment.

"Cette nuit, l'Otan doit bombarder la mosquée de Baayu, la seule entrave à notre avancée sur Zliten", a affirmé Haitham al-Lebeidi, un porte-parole des rebelles.

"Si l'avancée des dernières 24 heurs se répète, demain nous serons aux portes de Zliten", située à une quarantaine de km de Misrata, a assuré un ancien colonel de l'armée, Haj Mohammad, chargé des opérations sur le front ouest de Misrata.

Il a souligné que l'avancée rebelle dépendra de l'efficacité des bombardements de l'Otan. "S'ils font leur travail, nous ferons le nôtre", a-t-il dit, euphorique, en dépit des tirs intenses contre leurs positions.

De son côté, le secrétaire général de l'Otan a estimé que "la partie est terminée pour Kadhafi". "Son temps est compté. Il est de plus en plus isolé", a déclaré M. Rasmussen à la chaîne américaine CNN.

Tout en se disant "très optimiste" quant à un départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis quatre décennies, il a réaffirmé que la solution ne pouvait pas être militaire. "Nous avons besoin d'une solution politique" pour sortir de l'impasse.

L'Otan a pris fin mars le commandement des opérations militaires de la coalition internationale, menant en deux mois plus de 2.260 frappes, sous mandat de l'ONU, pour empêcher les attaques des pro-Kadhafi contre les civils.

L'intervention a mis fin à l'offensive massive du régime contre l'Est libyen aux mains des rebelles, mais le conflit semblait depuis s'enliser dans le secteur de Misrata et dans les montagnes berbères du sud-ouest.

Un bateau affrété par la Croix-Rouge est arrivé dans la matinée à Misrata, ville qui était assiégée depuis deux mois, avec notamment à son bord du matériel médical et de la nourriture pour bébés.

La Croix-Rouge s'est dite inquiète d'informations faisant état de l'utilisation de son emblème à des fins militaires, estimant que son respect était nécessaire pour identifier l'aide humanitaire.

Un porte-parole des rebelles, Saddoun al-Misrati, a déclaré à Benghazi, fief de la rébellion dans l'Est, que des sources médicales à Misrata avaient établi le bilan des combats et des bombardements à 828 morts de février à la semaine dernière, mais que plus de 200 personnes disparues étaient aussi probablement décédées.

Il a rappelé que les armes légères des rebelles à Misrata face aux chars et à l'artillerie des pro-Kadhafi étaient insuffisantes. "Nous voulons des armes qui changent la donne", a-t-il insisté.

Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a exclu que la France livre des armes aux rebelles dans la situation actuelle, se disant "très étonné" par les affirmations de la rébellion selon lesquelles l'Italie allait lui fournir des armes.

Des représentants de 25 villes libyennes sous contrôle des pro-Kadhafi ont par ailleurs prêté allégeance à la rébellion lors d'une réunion à Abou Dhabi. "Nous nous sommes engagés à intensifier la lutte pour libérer nos régions", a affirmé à l'AFP Ali Zeidan, l'un des participants.

D'après un responsable des rebelles qui a requis l'anonymat, ce ralliement a déjà commencé à se faire sentir sur le terrain, et "des incidents sont signalés depuis trois jours à Tripoli".

D'autre part, une jeune femme qui s'était plainte devant la presse internationale à Tripoli d'avoir été violée par des hommes du régime a été exfiltrée par la rébellion et se trouve au Qatar.

Le conflit a déjà fait des milliers de morts, selon le procureur de la Cour pénale internationale. Et plus d'un demi-million de personnes, essentiellement des travailleurs étrangers, ont fui depuis la mi-février.

La petite île italienne de Lampedusa a accueilli ce week-end plus de 2.100 réfugiés libyens ayant fui par la mer. Plusieurs ont affirmé avoir assisté au naufrage d'une autre embarcation transportant 500 à 600 personnes au départ de Tripoli et vu "de nombreux cadavres".

L'Otan a de son côté catégoriquement démenti avoir refusé de secourir fin mars des migrants africains dont le bateau était à la dérive entre la Libye et Lampedusa, provoquant la mort de 61 personnes, en réponse à une enquête du quotidien britannique The Guardian.

Les contrôles des réfugiés ont été renforcés au poste-frontière de Dehiba, d'où 50.000 Libyens sont passées ces dernières semaines en Tunisie, selon un journaliste de l'AFP.

L'Italie a indiqué pour sa part s'attendre à un afflux de 50.000 réfugiés africains en provenance de Libye.

AFP

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