Libye: le sénateur américain John McCain à Benghazi

Libye: le sénateur américain John McCain à Benghazi

Les Etats-Unis vont utiliser des drones armés au-dessus de la Libye, où les rebelles ont gagné jeudi du terrain dans l'Ouest en s'emparant d'un des postes frontaliers avec la Tunisie.

Le sénateur américain John McCain est arrivé vendredi à Benghazi pour une visite dans le bastion des insurgés libyens, au lendemain de l'annonce par Washington de l'envoi de drones armés au-dessus de la Libye, une mesure saluée par la rébellion.

"Nous espérons que cela puisse mettre fin au siège de Misrata," troisième ville de Libye théâtre depuis plusieurs semaines d'une guérilla urbaine meurtrière entre la rébellion et les forces kadhafistes, a déclaré Moustapha al-Guerriani, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT).

M. McCain, candidat républicain à l'élection présidentielle de 2008 et partisan d'un soutien militaire aux rebelles libyens, a été accueilli par une cinquantaine de manifestants aux cris de "Libye libre, Kadhafi va t'en, merci l'Amérique, merci Obama !", a constaté une journaliste de l'AFP.

Le sénateur américain devait rencontrer dans la journée les dirigeants du CNT, l'organe politique de la rébellion qui siège à Benghazi, principale ville de l'Est libyen.

Il s'agit de la plus haute personnalité américaine à se rendre en Libye depuis le début du soulèvement mi-février.

Le sénateur n'a pas fait de déclaration, mais l'organisation d'une conférence de presse en cours de la journée a été évoquée.

M. McCain, l'un des plus fervents partisans au Congrès des opérations militaires en Libye, a plaidé le 13 avril pour que les Etats-Unis s'engagent à nouveau militairement aux côtés de la coalition internationale, assurant que l'Otan manquait de la force de frappe nécessaire.

Washington a finalement annoncé jeudi, par la voix du secrétaire à la Défense Robert Gates, que deux drones armés seraient en permanence engagés au-dessus de la Libye.

Le vice-ministre libyen aux Affaires étrangères Khaled Kaim a déploré cette mesure au micro de la BBC, jugeant qu'"ils tueront encore plus de civils". Selon un combattant tout juste revenu du front de Brega (est), Moustafa Awadmady, "les drones ont frappé avec succès les forces de Kadhafi". "Nous voudrions plus d'avions sans pilote", a-t-il déclaré à l'AFP à Benghazi.

A son arrivée à Benghazi, M. McCain, un vétéran de la guerre du Vietnam, a salué les personnes rassemblées devant le palais de justice, où se trouve le quartier général du CNT.

"C'est un grand moment pour nous, parce que ça signifie que les Américains de tous bords sont avec les Libyens", a déclaré à l'AFP Fayruz Naas, 47 ans, un enseignant venu acclamer le sénateur américain.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, les corps de deux photographes tués mercredi dans la ville assiégée de Misrata, Tim Hetherington et Chris Hondros, ont été accueillis à Benghazi par une cérémonie réunissant une trentaine de journalistes, diplomates, représentants d'ONG et de la rébellion.

"Ce sont des héros... Ils sont venus pour témoigner du conflit au reste du monde", a déclaré Abdel Hafiz Ghoqa, vice-président du CNT.

Tim Hetherington, collaborateur britannique du magazine Vanity Fair, et l'Américain Chris Hondros, de l'agence Getty, avaient été victimes mercredi d'un tir de mortier dans le centre de Misrata.

Sur le front ouest, les rebelles ont pris jeudi matin l'un des principaux postes-frontière, proche de Wazzan (Libye) et de Dehiba (Tunisie), selon un correspondant de l'AFP.

La France, l'Italie et le Royaume-Uni ont annoncé cette semaine l'envoi de conseillers militaires auprès des rebelles. Quelques officiers français effectuent déjà une mission pour conseiller le CNT, Rome va envoyer dix instructeurs à Benghazi et Londres "moins de 20 militaires".

Le président américain Barack Obama a dit "soutenir" ces initiatives mais la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a explicitement exclu que les Etats-Unis en envoient eux-mêmes.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a estimé que l'envoi de conseillers militaires marquait le début d'une opération "terrestre", un acte "risqué et aux conséquences imprévisibles" selon lui.

Le 13 avril, M. McCain avait déploré le désengagement militaire américain en Libye, jugeant que les Français et les Britanniques n'ont pas les moyens nécessaires pour faire pencher la balance en faveur des rebelles libyens. "Lorsque que nous retirons du champ de bataille nos moyens les plus décisifs -- les avions AC-130 et A-10 -- nous perdons alors une capacité significative. Nos alliés ne possèdent pas cela", avait-il alors estimé.

AFP

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