Les rebelles s'emparent d'un poste-frontière libyen voisin de la Tunisie

Cent deux soldats pro-Kadhafi, dont des officiers, se sont rendus sous la surveillance de militaires tunisiens.

Des rebelles libyens ont pris jeudi matin l'un des principaux postes-frontières libyens entre la Libye et la Tunisie, proche de Wazzan (Libye) et de Dehiba (Tunisie), et une centaine de soldats pro-Kadhafi sont passés désarmés côté tunisien, a constaté un correspondant de l'AFP.

Alors que des coups de feu retentissaient encore sporadiquement vers 11 h 30 heure française, ce correspondant a pu voir 102 soldats pro-Kadhafi, dont des officiers, se rendre sous la surveillance de militaires tunisiens à environ 200 mètres de la frontière, côté tunisien. Les militaires tunisiens les interrogeaient un par un. Parmi eux figurent 13 officiers, dont un colonel-major, a précisé une source militaire à l'AFP. Selon des témoignages de douaniers et militaires tunisiens sur place, des soldats libyens loyalistes blessés ont été évacués vers l'hôpital de Dehiba.

Le drapeau vert de la Libye a disparu du poste-frontière libyen, distant de seulement 50 mètres du poste tunisien. Un des trois hélicoptères militaires tunisiens dépêchés dans la zone mercredi soir survolait la zone de Dehiba, située à environ 40 kilomètres de la ville libyenne de Nalout, théâtre ces derniers jours d'intenses bombardements des forces loyales au colonel Kadhafi.

Un portrait de Kadhafi détruit

Le correspondant de l'AFP a pu vérifier que le poste-frontière avait bien été capturé par les insurgés puisqu'il est entré sans encombre en territoire libyen et y a été accueilli par des rebelles. À la place des drapeaux verts, les rebelles ont hissé de nombreux drapeaux de la monarchie, symbole des rebelles, tandis qu'un tracteur s'affairait à détruire un grand portrait du colonel Muammar Kadhafi, qui marque l'entrée en Libye.

Selon le chef en second de l'opération des rebelles, "entre 5 et 10" soldats pro-Kadhafi ont été tués et 25 blessés. Du côté rebelle, il y a eu "un blessé léger", a précisé Youssef, un prénom d'emprunt. Au poste-frontière, jonché de balles, on pouvait voir en fin de matinée une trentaine de pick-up, dont plusieurs équipés de missiles "Grad 25 kg" selon un rebelle.

Après s'être approvisionnés en eau, la plupart des rebelles sont repartis rapidement vers la localité libyenne de Wazzan, en direction d'une région montagneuse, Ghzeya, où se trouvent des forces pro-Kadhafi, a indiqué le chef rebelle qui dit maintenant craindre une contre-offensive sur le poste-frontière où des rebelles continuaient de monter la garde. L'attaque contre le poste, a expliqué Youssef, a été menée "pour permettre aux blessés" de passer en Tunisie.

L'armée tunisienne vigilante

Des insurgés libyens à bord d'un 4x4 ont brièvement poursuivi les éléments pro-Kadhafi en territoire tunisien avant de repasser côté libyen. Peu auparavant, les rebelles s'étaient emparés de Wazzan, à environ 3 kilomètres du poste-frontière.

En prévision d'une recrudescence des affrontements dans cette zone, l'armée tunisienne avait déployé, dès mercredi, à 10 kilomètres au nord de Dehiba une compagnie d'une centaine d'hommes de la 1re brigade mécanisée de Gabes, grande ville portuaire à 150 kilomètres plus au nord. Depuis quelques jours, les combats entre pro et anti-Kadhafi se sont rapprochés du territoire tunisien. Lundi, plusieurs obus de mortier des forces pro-Kadhafi étaient tombés dans la zone de Dehiba, entraînant une "vive protestation" de Tunis auprès des autorités libyennes.

Des combats violents secouent depuis plusieurs jours l'Ouest libyen. Plus de 100 personnes ont été tuées le week-end dernier à Nalout et Yefren, deux villes au sud-ouest de Tripoli pilonnées par les forces loyales à Muammar Kadhafi, selon des habitants de la région. 14 100 ressortissants libyens ont fui les combats et sont passés en Tunisie dans la région de Dehiba du 6 au 19 avril, selon la police tunisienne aux frontières.

AFP

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