Aznar, "ami de Kadhafi", sème la discorde

L'ancien Premier ministre espagnol use d'une liberté de ton que certains jugent nuisible aux intérêts de l'Espagne.

José María Aznar a beau avoir quitté officiellement la scène politique espagnole, son pouvoir de nuisance demeure intact. Chef du gouvernement entre 1996 et 2004, le leader conservateur, qui passe aujourd'hui plus de temps aux États-Unis qu'en Espagne, a semé la discorde dans son pays d'origine après des déclarations tonitruantes. "Kadhafi est certes un ami extravagant, mais c'est un ami", a-t-il déclaré avec effusion dans un discours à l'université de Columbia, à New York. Une façon, bien sûr, de reprocher à son successeur socialiste, José Luis Zapatero, d'être entré en guerre contre la Libye aux côtés de la France et des États-Unis, "alors qu'il y a très peu de temps, Kadhafi était notre meilleur allié".

Si la sortie d'Aznar provoque l'ironie des socialistes, elle gêne beaucoup, en revanche, le Parti populaire (PP, droite), dont il est le mentor et le président d'honneur : le grand parti d'opposition soutient en effet Zapatero dans l'affaire libyenne et justifie pleinement sa décision d'en finir avec ce "satrape fanatique" qu'est Muammar Kadhafi. Même la FAES, le think tank néolibéral du PP dirigé par Aznar, a dû prendre ses distances et préciser qu'en aucun cas le dirigeant libyen n'était "un ami".

"Un traître à la nation"

L'affaire est d'autant plus délicate que l'ancien chef de gouvernement espagnol regrette aussi que l'UE ait "lâché" d'autres "amis" : le Tunisien Ben Ali et l'Égyptien Moubarak. "Nous avons traité avec eux pendant des décennies ; ils ne peuvent pas du jour au lendemain se transformer en vils dictateurs qu'il faut éliminer", a poursuivi un José María Aznar mû par le ressentiment : il n'a toujours pas digéré la défaite de son parti en 2004, trois jours après les attentats islamistes à Madrid ayant fait 191 morts. Depuis lors, entré dans des conseils d'administration importants (dont le géant électrique Endesa), il ne perd pas une occasion publique de moquer la gestion de l'Espagne par les socialistes.

À l'université de Columbia, il a aussi émis de sérieux doutes sur la "solvabilité" de l'Espagne, au moment où les intérêts de la dette publique espagnole sont en forte hausse et où les marchés se méfient des banques ibériques. Pour José Blanco, un dirigeant socialiste, "Aznar jouit d'une totale liberté de parole. Le problème, c'est qu'il choisit le lieu et l'endroit pour attaquer le gouvernement et, pire encore, notre pays dans son ensemble. Il se comporte comme un traître à la nation." Dans les rangs du Parti populaire, donné largement vainqueur des municipales du 2 mai, on rase les murs... en espérant que l'extravagant M. Aznar se montrera dorénavant plus discret.

AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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djamel rami

les traitres ont toujours existé.