En Libye, Misrata pilonnée par les forces de Kadhafi, les rebelles progressent vers l'ouest

En Libye, Misrata pilonnée par les forces de Kadhafi, les rebelles progressent vers l'ouest

De violents combats font rage après que la Grande-Bretagne, la France et les États-Unis ont demandé le départ du colonel.

Les rebelles libyens ont progressé, samedi, vers l'ouest depuis Ajdabiyah à la faveur des raids aériens de l'Otan, tandis que le pilonnage se poursuivait à Misrata, où l'armée régulière est accusée d'utiliser des bombes à sous-munitions. Longtemps bloqués autour d'Ajdabiyah, noeud de communication stratégique à 160 km au sud de leur fief Benghazi, les rebelles ont avancé samedi d'une quarantaine de kilomètres à l'ouest, en direction du site pétrolier de Brega. Mais, à mi-chemin entre les deux villes, distantes de 80 km, des tirs de roquettes des forces gouvernementales ont fait au moins 6 morts et 20 blessés, selon des responsables de l'hôpital d'Ajdabiyah, où les victimes ont été transportées. Trois morts étaient carbonisés, et de nombreux blessés portaient des marques de brûlures. Certains avaient le corps couvert de pansements et plusieurs devaient être évacués à Benghazi. "J'étais là-bas, au kilomètre 40. Il y a beaucoup de petites roquettes Grad qui nous sont tombées dessus", a raconté Maher Salim, un combattant de 30 ans.

Bombes à sous-munitions

Les avions de l'Otan ont intensifié leur activité dans la zone ces trois derniers jours. Selon les rebelles, ils ont mené des raids aériens afin de leur dégager le terrain et faciliter leur progression vers Brega. Plus à l'ouest, des raids aériens de l'Otan ont visé Syrte, ville natale du dirigeant libyen Muammar Kadhafi, et la région d'Al-Hira, au sud-ouest de Tripoli, selon l'agence officielle libyenne Jana. Vendredi soir, la rébellion a dénoncé l'utilisation par les forces loyalistes de bombes à sous-munitions sur des zones peuplées par des civils à Misrata, grande ville côtière à 200 km à l'est de Tripoli, assiégée et pilonnée depuis près de deux mois par les pro-Kadhafi. L'organisation Human Rights Watch a affirmé avoir pu voir de telles bombes sur place, mais le régime a aussitôt démenti.

Les sous-munitions sont susceptibles, quand elles n'ont pas immédiatement explosé, de tuer et de mutiler des civils longtemps après l'emploi des bombes, qui sont interdites par une convention internationale depuis 2010. Au moins 13 personnes ont été tuées vendredi à Misrata dans les affrontements entre les forces du dirigeant libyen Muammar Kadhafi et les rebelles, et les pilonnages se sont poursuivis dans la nuit, selon des sources médicales. Sur le plan humanitaire, l'ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé l'évacuation samedi de 99 blessés, dont 10 dans un état "critique", acheminés par mer jusqu'au port tunisien de Zarzis, où ils ont été pris en charge par les autorités sanitaires locales et le Croissant-Rouge tunisien. "Suite aux derniers bombardements, la situation ne fait qu'empirer et les hôpitaux sont contraints de faire sortir les patients avant la fin de leur traitement pour faire de la place aux nouveaux blessés qui arrivent", a déclaré le Dr Morten Rostrup, un médecin de MSF qui était à bord du bateau.

Tribune commune

De plus, "des milliers de migrants" sont toujours entassés dans un camp près du port de Misrata dans l'attente d'une évacuation, sans "abris décents ni nourriture", a précisé MSF. L'Otan et l'Union européenne ont resserré vendredi leur coordination en vue d'une opération humanitaire préparée par les Européens à Misrata, mais pas avant plusieurs semaines.

Selon de hauts responsables américains et de l'Alliance atlantique cités vendredi par The Washington Post, les forces de l'Otan se trouvent à court de bombes de précision et d'autres types de munitions, une pénurie qui révèle les limites du Royaume-Uni, de la France et des autres pays européens engagés à mener dans la durée une opération militaire relativement modeste. Mais ils ne précisent pas l'origine de cette pénurie.

Dans une tribune commune publiée vendredi dans quatre quotidiens, le président américain Barack Obama, le Premier ministre britannique David Cameron et le président français Nicolas Sarkozy ont déclaré qu'il était "impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi". Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a répété vendredi que l'Otan outrepassait le mandat de l'ONU et qu'il fallait vite "avancer vers un règlement politique et diplomatique". Mais le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a assuré que la coalition n'avait "nul besoin d'une nouvelle résolution" de l'ONU pour contraindre Muammar Kadhafi au départ dans la mesure où le dirigeant libyen avait perdu "toute légitimité".

AFP

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