Un discours en deçà des réalités Par Hassane Zerrouky

Un discours en deçà des réalités Par Hassane Zerrouky

A 74 ans, on se demande ce que le chef de l’Etat à a perdre. Voilà un homme, qui a collé à son époque quand il était ministre des Affaires étrangères, qui vient de rater une occasion historique : celle de rompre avec un système en décalage avec les aspirations des Algériens. Le chef de l’Etat a donné l’impression de n’avoir pas compris que les jeunes, qui sont majoritaires dans le pays, ne demandent pas uniquement la moralisation de la société, plus de religieux – autrement pourquoi les haragas choisissent-ils l’Europe « impie » au lieu de l’Arabie saoudite – mais de vivre leur époque.

Evoquant les pays arabes, il feint de ne pas comprendre que les jeunes Tunisiens et égyptiens n’ont pas revendiqué l’Etat islamique, mais la démocratie et la justice sociale. Les islamistes, que l’Occident présentait comme l’alternative aux pouvoirs autoritaires et corrompus – raison invoquée pour soutenir les Ben Ali, Moubarak, Kadhafi et autres - ont été pris de court par les évènements en Tunisie et en Egypte. La « rue arabe » que ces occidentaux méprisaient leur a infligé un cinglant désaveu. Car, ce n’est pas au nom de la foi, à savoir de l’islam, que cette jeunesse s’est soulevé contre les régimes autocrates, mais au nom de la démocratie , de la liberté et de la justice sociale. Certes, les islamistes, qui se sont engouffrés avec retard, dans le mouvement populaire, comptent bien récupérer la mise, en tentant de reprendre à leur compte des valeurs – respect des droits de l’Homme, statut des femmes – qu’ils honnissaient ! Reste que cette jeunesse a fait sienne des valeurs universelles, et ce, en dépit d’al-Jazira, qui s’est illustrée par une couverture « idéologique » des faits, ne donnant la parole qu’aux tenants de la pensée islamique et réactionnaire, tentant ainsi d’influer sur le cours des évènements. Mais, il se trouve que les télés nationales – tunisiennes d’abord, puis égyptiennes – ayant retrouvé la liberté de parole, ont regagné la confiance de leurs auditeurs : grâce à une information libre et plurielle, des débats ouverts et contradictoires. En Tunisie et en Egypte et, contrairement à l’Algérie même au Maroc, les chaines de ces pays frères se font l’écho des débats qui agitent leurs sociétés. Et de fait, les téléspectateurs tunisiens, marocains et égyptiens n’ont désormais plus besoin de zapper sur des chaînes comme el-Jazira pour se tenir informés de ce qui se passe dans leurs propres pays. D’autant que la chaîne qatarie s’est montrée – c’est toujours le cas – bien évasive concernant l’intervention militaire des pays du Golfe pour sauver la monarchie de Bahein, la situation à Oman voire le Hamas palestinien. La voilà donc concurrencée par les télés tunisiennes et égyptiennes et à un degré moindre marocaine!.
Quant à l’Algérie, les changements annoncés par Abdelaziz Bouteflika sont en deçà des aspirations des Algériens. Et ce, même s’il a semblé comprendre que la rente pétrolière ou le religieux outrageusement médiatisé, adossé à une politique autoritaire qui a atteint ses limites, ne peuvent plus assumer leur fonction d’amortisseur social contre la pauvreté et, surtout, la mal-vie. Pour autant suffit-il – c’est ce qu’il insinue dans son discours – de se livrer à un lifting d’un système générateur de corruption et de malversations pour le sauver ? on sait ce qu'il est advenu de Ben Ali et de Moubarak. Il aurait peut être fallu remettre tout à plat en commençant par dissoudre un Parlement non représentatif, ouvrir le champ politique et médiatique. En résumé, émettre un signal fort qui aurait redonné la confiance aux Algériens. Il n'est pas trop tard.

H.Z

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Commentaires (4) | Réagir ?

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khelaf hellal

On découvre effectivement un Président finissant et sans énergie, un Président qui s'est pourtant investi de pouvoirs absolus et éternels sur ses sujets mais qui n'est en réalité qu'un colosse aux pieds d'argile qui n'attend que sa dernière minute pour s'effondrer. Le socle sur lequel il repose est bâti sur du vent et du sable. Il ne peut pas tromper tout le peuple pendant tout le temps. " La valeur n'attend pas le poids des années ", il ne sert à rien de chercher à gagner du temps quand on en a déjà perdu douze longues années à ne rien faire ou à faire ce qu'il ne fallait pas faire.

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aeg badre

L’éviction d’un homme ne sera d’aucune utilité si le système néocolonial demeure toujours.

Du temps de ma petitesse infantile et ce jusqu’à ce jour, les petites gens se sont toujours échinées à dénigrer les RAÏS.

De BENBELLA, en passant par le règne de BOUMEDIENNE et vint enfin CHADLI dont l’investiture s’est illustrée par l’envolée du régionalisme et de la politique clientéliste

Et à notre désarroi vinrent les années lugubres qui ont souillé le pays de tâches indélébiles.

La paix est restaurée, une page est tournée, BOUTEFLIKA est ovationné, et la corruption généralisée. Une corruption dans toutes ses formes !

Ce fléau en gestation dans le passé, s’est proliféré dans le présent.

Encore une fois c’est le système qui est à incriminer

Maintenant on veut mimer les pays voisins.

Permettez moi de souligner qu’aucun peuple ARABE imbu de la moindre conscience collective ne puisse se targuer de s’être soulevée de sa propre volonté.

Sans exception aucune, du MACHREQ au MAGHREB, la horde impérialiste par le biais de moyens humains dont elle dispose a été le chef de la partition, du dépeçage et des agitations qui ont secoué le monde Arabe.

Il est absolument certain que tout a été téléguidé.

L’illustration que nous pourrions faire c’’est les récents bouleversements qui ont secoué l’EGYPTE.

Tous se sont concentrés sur le déboulonnage de MOUBAREK, or que l’institution qui est inféodée à l’empire US c’est l’Armée Egyptienne.

Faisons une rétrospective, sur le nationalisme Arabe, à l’époque où NASSER était vénéré, or que l’idéologie qu’il soutenait était fallacieuse, car elle contribuait beaucoup plus à diviser la nation musulmane.

Quel intérêt d’instiguer le nationalisme Arabe, sachant que celui ne porte aucune idéologie hormis l’instinct tribal et régionaliste.

La déconfiture qui sévit en Algérie relève de la responsabilité des partis politiques qui se sont inféodés au système - et ce dernier bien entendu n’est pas à absoudre

La classe intellectuelle a inexorablement acculturé le peuple au concept de désengagement.

C’est pourquoi d’ailleurs on considère que le peuple est dénué de la conscience collective.

Les partis politiques sont en grande parti responsables de ce fléau social, combien préjudiciable pour l’intérêt du pays.

Aucun parti politique en ALGERIE ne peut prétendre d’avoir un programme.

Ce sont plutôt des nébuleuses satellisées, soit au système, soit - dirions nous à une émanation étrangère.

En effet certains leaders se ressourcent de ce qui leur est insufflé de l’étranger lors de leur visite mondaine en France, par exemple.

On est à une époque où tout se sait, avec la technologie de l’information.

Donc les premiers à incriminer ce sont bien les supposés intellectuels qui constituent le bastion de l’éveil d’un peuple.

Faisons un résumé du sens que dégage la démocratie, car de nos jours on en parle tellement, qu’on a sacralisé cette « chose »

Tout d’abord je voudrai faire un discernement entre les deux significations attribuées à la démocratie.

Nous avons un sens qui définit la démocratie comme un mode de gouvernance, ou un régime politique, par lequel le peuple exerce sa souveraineté

Et enfin nous avons la démocratie qui donne une autre signification en étroite corrélation avec la liberté d’expression.

Faisons maintenant le lien entre ces définitions de la démocratie afin de développer le sujet qui nous explicitera le mécanisme de cet ensemble de principes politique et philosophiques.

La démocratie n’est pas un système politique ou économique, contrairement au capitalisme ou au communisme.

C’est pourquoi dans le monde contemporain, les érudits et politique, particulièrement les occidentaux qui sont d’ailleurs les porteurs du capitalisme en tant que idéologie, mettent en exergue la démocratie comme étant le seul garant des libertés et de la transparence.

La réalité démontre que la démocratie est une mystification.

Sur le plan politique on fait croire que le peuple est souverain dans les choix politiques or que c’est tout le contraire qui se produit.

Il est vrai que dans une société sous un régime démocratique, le peuple est supposé avoir plus de liberté à exprimer ses idées.

Néanmoins cette liberté d’expression se pratique dans une sphère régie par des règles qui sont d’ailleurs imposées par les Gouvernants bien sur. Et en cas de protestations populaires, ce régime se transforme en un bouclier infrangible, n’oublions que ces régimes sont insidieux, car ils dissimulent de grandes forces de sécurité, au même titre que les autres régimes totalitaires.

Ce dont on a besoin c’est d’un système qui génère la richesse et garantit sa répartition équitable.

Ce dont on a besoin c’est d’un système qui garantit nos intérêts aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du territoire.

Ce dont on a besoin c'est d'un système qui nous garantit la stabilité.

Nous n’avons aucunement besoin d’un système qui nous assujetti aux puissances extérieures qui nous dictent ce que nous devons faire de nos richesses, ou plutôt qui nous spolient!

Le problème n’est pas en la personne de BOUTEFLIKA mais au sein de la société civile dans son ensemble !

Nous sommes tous responsable de cette décomposition qui lacère notre pays !

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andro cephale

tres bonne analyse Aeg Badre. La democratie est une arnaque.

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