Libye: "pas d'avenir" avec Kadhafi, estiment Sarkozy, Obama et Cameron

Libye: "pas d'avenir" avec Kadhafi, estiment Sarkozy, Obama et Cameron

A Ajdabiya, dans l'est de la Libye, un violent échange de tirs a eu lieu entre les forces fidèles à Kadhafi et des combattants rebelles, selon un journaliste de l'AFP, tandis que 13 personnes ont été tuées dans une offensive des pro-Kadhafi sur Misrata (à l'est de Tripoli), selon la rébellion.

Nicolas Sarkozy, Barack Obama et David Cameron ont jugé "impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi", dans une tribune commune à paraître vendredi dans quatre quotidiens français, américain, britannique et arabe.

"Il ne s'agit pas d'évincer Kadhafi par la force. Mais il est impossible d'imaginer que la Libye ait un avenir avec Kadhafi (...) il est impensable que quelqu'un qui a voulu massacrer son peuple joue un rôle dans le futur gouvernement libyen", écrivent les présidents français et américain et le Premier ministre britannique.

Cette tribune paraît alors que l'Otan a "endossé fermement" jeudi l'appel au colonel Kadhafi pour qu'il se retire, lancé la veille par le Groupe de contact chargé du pilotage politique de l'intervention internationale, réuni à Doha.

C'est la première fois que l'Otan se prononce aussi clairement et unanimement sur la nécessité du départ du pouvoir du leader libyen.

Mais les Etats-Unis ont refusé jeudi de revenir en première ligne en Libye, bien que l'Otan se soit engagée à "tout faire" pour protéger les civils libyens. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a indiqué à la presse qu'il en avait parlé à la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton, en marge d'une réunion des chefs de la diplomatie de l'Otan à Berlin.

"Je lui ai dit qu'on avait besoin d'eux. On aurait souhaité qu'ils reviennent", a-t-il précisé.

Mais les Américains, qui ont retiré une cinquantaine de chasseurs-bombardiers des missions d'attaque au sol le 4 avril, ont répondu qu'"ils continueront sur la même ligne, c'est-à-dire fournir des avions pour des interventions ponctuelles lorsque les moyens dont ils disposent sont particulièrement utiles", a expliqué M. Juppé.

Le commandant en chef de l'Otan en Europe, l'amiral James Stavridis, a confirmé aux ministres qu'il avait demandé il y a déjà plusieurs jours aux alliés de lui fournir "quelques avions", a indiqué le secrétaire général de l'Alliance atlantique Anders Fogh Rasmussen.

Un haut responsable américain a relativisé la pénurie de moyens dont souffrirait l'Otan.

"Personne ne nous dit qu'il y a un manque grave", a-t-il souligné, évaluant à "environ huit" le nombre d'avions supplémentaires à mettre en ligne, selon l'amiral Stavridis, et qui seraient déjà "disponibles", selon lui.

Les Etats-Unis soutiennent notamment l'opération Protecteur unifié avec leurs exceptionnels moyens d'écoute et de surveillance, comme l'avion J-Star qui suit les mouvements au sol, selon un responsable de l'Otan.

Des avions ont survolé jeudi la capitale libyenne Tripoli, où de fortes explosions ont été entendues, suivies de tirs de défense anti-aérienne, selon des journalistes de l'AFP.

Lors d'un raid de la coalition, Mouammar Kadhafi a effectué une sortie dans les rues de Tripoli. Lunettes noires et chapeau, à moitié sorti de sa voiture par le toit ouvrant, il a salué les passants en levant les poings, selon les images diffusées par la télévision.

A Ajdabiya, dans l'est de la Libye, un violent échange de tirs a eu lieu entre les forces fidèles à Kadhafi et des combattants rebelles, selon un journaliste de l'AFP, tandis que 13 personnes ont été tuées dans une offensive des pro-Kadhafi sur Misrata (à l'est de Tripoli), selon la rébellion.

Avant la réunion de Berlin, Paris et Londres avaient claironné leur intention de presser les alliés d'"intensifier" les raids aériens en fournissant plus d'avions pour les raids.

Aucun pays européen n'a non plus répondu à cette demande bien que six Etats membres de l'Otan seulement sur un total de 28 autorisent leurs avions à effectuer des frappes air-sol.

M. Rasmussen s'est néanmoins dit "convaincu que des pays (membres de l'Otan) seront au rendez-vous pour fournir ces moyens". L'Italie, dont les avions ne font que repérage, a été citée par un diplomate.

"Nous allons faire tout ce qu'il faut pour protéger les civils, et pas seulement en parole mais aussi en actions", a dit M. Rasmussen, en soulignant que l'Otan avait déjà effectué 2.000 missions depuis qu'elle avait pris en main les opérations le 31 mars.

M. Juppé lui-même a reconnu "une plus grande réactivité ces derniers jours" de l'Otan, après un début un peu "lent".

Les chefs de la diplomatie ont adopté une déclaration en trois points, qui devront être satisfaits avant qu'il puisse être question d'un cessez-le-feu.

Toutes les attaques contre les civils doivent cesser. Les militaires doivent retourner dans leurs casernes et se retirer de toutes les villes où ils sont déployées ou qu'ils assiègent, telles Ajdabiya, Brega, Misrata et neuf autres dans l'ouest comme dans l'est du pays. Enfin, une aide humanitaire doit pouvoir être fournie en toute sécurité à tous ceux qui en auraient besoin.

AFP

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