L’auteur de « Poutakhine » saisit à son tour M. Larue, rapporteur des Nations Unies

L’auteur de « Poutakhine » saisit à son tour M. Larue, rapporteur des Nations Unies

Monsieur le rapporteur des NU

En complément de ce que vous a déjà écrit mon ami et confrère Mohamed BENCHICOU sur les atteintes graves et répétées qu’il a subies de la part du pouvoir algérien pour son engagement connu pour la liberté d’expression et la défense des droits humains en Algérie, j’ai le devoir d’apporter à mon tour, mon témoignage sur les atteintes que j’ai subies et subis toujours du pouvoir Algérien. Par deux fois, le Département d’Etat américain a évoqué mon cas comme atteinte flagrante et délibérée à la liberté et au droit à l’expression en Algérie.

Ceci juste et seulement pour avoir écrit un roman « POUTAKHINE » légalement autorisé à l’édition et à la diffusion publique par les autorités publiques algériennes par l’octroi d’un ISBN et d’un numéro de dépôt légal. A ce jour, je suis harcelé, pourchassé et recherché par le pouvoir algérien pour avoir écrit un livre dans lequel je livre mes sentiments, mes opinions et des faits avérés sur la vie de tous les jours des petites gens et du système mafieux qui l’organise. Pour avoir écrit et décrit par le détail les Tsunamis sociaux successifs qui se sont abattus sur l’Algérie et faire des jeunes Algériens des candidats se jetant à la mer et à la mort ou s’immolant parfois par le feu. Mon livre, « POUTAKHINE » parle de cela. Mon métier de sondeur, premier institut de sondage privé et indépendant, m’obligeait à écrire ce livre puisque mes principaux résultats de sondage sur l’état de la société algérienne étaient régulièrement cachés, jetés ou déformés par les pouvoirs publics principaux commanditaires de mes travaux. Mon livre est une romance de la catastrophe sociale et politique algérienne que j’ai observée par sondage pendant plus de vingt ans. Pour ce motif :

- Mon livre a été interdit et sauvagement enlevé par des commandos de la police judiciaire en dehors de toute décision de justice.

- Mon domicile et mes bureaux ont été perquisitionnés et mes outils de travail ainsi que ceux de mes enfants enlevés par la police du pouvoir algérien.

- Tous les libraires d’Alger qui proposaient « POUTAKHINE » à la vente publique ont été convoqués par la police judiciaire et les livres saisis en dehors de toute décision de justice.

- Mon fils a été harcelé (12 visites et convocations par la police) et sommé de fournir l’adresse de l’endroit où je me « cachais » à Alger ainsi que la liste exhaustive de tous les acheteurs et lecteurs du livre en dehors de toute décision de justice.

- A ce jour, l’entreprise de sondage, Institut Abassacom, dirigée par mon fils, est fermée depuis la sortie de mon livre pour le motif que la police du pouvoir algérien a saisi tous les outils de travail de base et , en particulier, toutes les archives et les progiciels de calculs sans lesquels aucune activité professionnelle n’est possible.

- De jour comme de nuit, d’octobre 2009 à ce jour, des éléments en civil, se déclarant de la police, se présentent régulièrement à mon domicile, pour menacer mes enfants des pires représailles.

- A ce jour, il m’est régulièrement signifié que si jamais j’interrompais mon exil et rentrer chez moi en Algérie, je serais jeté en prison, sans jugement, sans procès, sans aucune décision de justice.

- Par l’arbitraire, le déni de droit et l’injustice, je suis à ce jour privé de mon pays, privé de ma famille, privé de mes biens et de mon travail ; seulement pour avoir écrit un livre. (actuellement en vente libre en France)

Par ailleurs, sur le registre de l’état de la liberté d’expression en Algérie, en tant que sondeur professionnel ayant observé la presse publique et privée pendant plus de 12 années consécutives, j’ai le devoir de vous livrer de mémoire (mes archives ont été volées par la police) quelques données chiffrées sur les moyens d’expression en Algérie:

- L’actuel ministre de la justice en poste viole la loi en vigueur et, en particulier la constitution et le code de l’information, pour s’octroyer des droits régaliens qui ne sont pas les siens et, plus spécialement, la création ou l’interdiction de nouveaux journaux. Tous les nouveaux titres favorables au régime sont autorisés, aidés et financés. Tous les autres, dont le mien, sont de fait interdits de création à ce jour.

- 92% des journaux privés soit 59 titres de la PQN soit moins de 3% du lectorat national, sont financés, directement ou indirectement avec des fonds publics à la seule condition de flatter le régime et d’insulter l’opposition.

- Les moyens audiovisuels – 53 radios nationales, régionales et locales – et les quatre chaînes uniques de télévision sont financées à 99% par des fonds publics (subventions et redevances) alors que les missions de service public en terme de pluralité et de diversité politiques, sont assurées à moins de 1% en unités temps. D’une manière générale, la télévision algérienne subit en permanence un détournement privatif d’un moyen d’expression public au seul bénéfice d’un clan dominant du pouvoir en place.

- Il y a pire, la télévision algérienne ouvre son antenne à tous les discours des hommes et femmes du pouvoir pour dénigrer et souvent diffamer toutes velléités de discours dissonants sans aucun droit de réponse. C’est ainsi que lors de la dernière élection présidentielle, la télévision « publique » algérienne a largement donné la parole à des responsables politiques en poste, ministres en tête, pour traiter les abstentionnistes ( la majorité des électeurs) de traitres, de non-Algériens et d’un tas d’autres insanités.

- C’est pourquoi, les Algériens regardent certes massivement l’ENTV mais pour une durée moyenne quotidienne de 13 minutes per capita alors que cette fréquentation est de 234 minutes/jour pour les TV étrangères, soit 18 fois plus d’assiduité que la TV du pouvoir.

- Tous les titres de la presse quotidienne gouvernementale soit six titres, sont totalement directement ou indirectement financés avec de l’argent public alors qu’ils assurent eux aussi une mission privée et partisane au seul bénéfice du pouvoir et es dpartis du régime en place. Leur part de marché en termes de lecture effective, ne dépasse pas le 1% du lectorat. Sans l’argent du contribuable, aucun de ces titres ne serait viable.

Ces chiffres renseignent assez bien sur l’état de délabrement et de dévoiement des moyens d’expressions publics. Ils renseignent surtout sur l’état d’esprit des dirigeants algériens qui maintiennent la communication algérienne dans un état d’arriération et de dégradation qui ne permettent aucune espèce de liberté d’expression ni aucune perspective d’amélioration si cette clique devait se maintenir à vie au pouvoir.

Mohamed ABASSA

Exilé en France

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Commentaires (3) | Réagir ?

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Atala Atlale

Qu'attendiez-vous Monsieur de la part du système en place, de ses faussaires du droit, bien installés dans les deux chambres haute et basse. n'ont ils pas violé la constitution pour garder l'homme par qui les richesses les touchent. Ne les voyons nous pas dire oui à tout pour ne pas perdre justement tous les privilèges auxquels ils ont droit. Dire "oui" et toujours "oui". Ils ont construit eux et leurs maîtres, des palais, des usines des fortunes grâce à ce "oui".

Je devrais les qualifier de mercenaires du droit. Du droit de refuser aux autres le droit de dire, d'exprimer un avis, une opinion, voire de refuser pacifiquement de se soumettre à cette dictature qui n'en finit plus. La plèbe gronde cependant.

N'ayez crainte monsieur tout a une fin. Qui pouvait penser le 31 décembre 2010, que Benali allait, l'année d'après prendre la fuite honteusement abandonnant le pouvoir après plusieurs décennies de cette dictature justement, et Moubarek ! Lui et ses proches en prison. Il ne fait plus bon assurément d'être dictateur, les vraies démocraties en sont fatiguées et ne veulent plus de ces d'immigrants fuyant leur misère sur des embarcation de fortune, et venir accoster par vagues successives sur leurs cotes.

Même les fortunes amassées durant leur règne, ils ne pourront plus en profiter facilement. Il y a aussi le Tpi qui aura son mot à dire aussi.

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Kacem Madani

Rectificatif :...... s'il fallait donner une image à "la vérité du diable"......

"mensonge de Dieu" et "vérité du diable" sont effectivement les seuls chemins convergents vers lesquels nous canalisent nos nouveaux colons.

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