Libye: médiation africaine à Tripoli, combats à Misrata et Ajdabiya

Libye: médiation africaine à Tripoli, combats à Misrata et Ajdabiya

Pour la deuxième journée consécutive, les forces gouvernementales ont bombardé Ajdabiya, et en fin d'après-midi, les combats se poursuivaient à la sortie ouest de la ville, selon un correspondant de l'AFP.

Une délégation de présidents africains a rencontré dimanche à Tripoli le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi pour plaider en faveur d'une trêve dans les combats, qui ont fait au moins 23 morts depuis samedi à Ajdabiya (est) et à Misrata (ouest).

L'Otan a parlé de situation "désespérée" dans ces deux villes et promis de poursuivre les bombardements pour désarmer le régime.

Comme à son habitude, le colonel Kadhafi a reçu sous sa tente dans sa résidence de Bab el-Aziziya la délégation de l'Union africaine (UA) composée du président sud-africain Jacob Zuma et de ses homologues Amadou Toumani Touré (Mali), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et Denis Sassou Nguesso (Congo), ainsi que du ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Oryem Okello.

A l'issue de l'entrevue, les membres de la délégation sont montés dans un minibus, par le toit ouvrant duquel le colonel Kadhafi a salué en partant quelques dizaines de ses partisans, rassemblés à 200 m de la tente. Selon un responsable libyen, les discussions devaient se poursuivre.

"La délégation de Kadhafi a accepté la feuille de route proposée par l'UA", a déclaré le président sud-africain Jacob Zuma dans une brève déclaration aux journalistes à Tripoli. "La solution proposée va être détaillée dans un communiqué", a-t-il ajouté, sans préciser quand ce communiqué allait être rendu public.

Réunis samedi à Nouakchott, les médiateurs avaient réaffirmé les objectifs de leur mission: "cessation immédiate de toutes les hostilités", acheminement de l'aide humanitaire et ouverture d'un dialogue entre le régime et l'insurrection.

Après Tripoli, les médiateurs de l'UA ont prévu de se rendre dimanche soir à Benghazi, "capitale" des rebelles à 1.000 km à l'est de Tripoli, pour tenter de convaincre l'insurrection de baisser les armes. L'entreprise s'annonce délicate, les chefs de la rébellion ayant rejeté tout cessez-le-feu impliquant le maintien au pouvoir de M. Kadhafi ou de ses fils.

Sur le terrain, les combats dans et autour d'Ajdabiya (est) ont fait au moins 12 morts et 17 blessés ce week-end, selon les hôpitaux de Benghazi, où les victimes ont été transportées.

Pour la deuxième journée consécutive, les forces gouvernementales ont bombardée Ajdabiya, et en fin d'après-midi, les combats se poursuivaient à la sortie ouest de la ville, selon un correspondant de l'AFP.

La rébellion a annoncé avoir tué trois mercenaires algériens et en avoir capturé 15 autres à Ajdabiya. Selon un porte-parole des rebelles, les prisonniers n'avaient pas de papiers d'identité, mais "ils ont dit qu'ils étaient Algériens et avaient un accent algérien".

Il n'était pas clair dimanche si le bilan fourni par les hôpitaux incluait les combattants tués par les rebelles.

Une dizaine d'explosions ont été entendues dimanche matin en l'espace de quelques minutes en provenance d'Ajdabiya, selon un journaliste de l'AFP.

Des habitants fuyant la ville ont donné quelques bribes d'informations aux rebelles postés un peu plus à l'est. "Il y a des tireurs embusqués sur un grand bâtiment en centre-ville", a expliqué Rafah Feraj, 45 ans. "Ce n'est pas sûr d'aller au-delà du rond-point au centre, après il y a des snipers".

Dans l'ouest du pays, un autre front ne montrait aucun signe d'accalmie: Misrata, ville rebelle assiégée et bombardée depuis un mois et demi par les forces gouvernementales.

Les combats y ont fait au moins 11 morts depuis le début du week-end. Samedi, huit rebelles et civils ont été tués, dont six par une roquette dans une mosquée, selon un porte-parole des insurgés. Dimanche, au moins deux autres combattants et un civil ont trouvé la mort, selon un médecin.

La Croix rouge internationale (CICR) a exprimé dimanche son inquiétude au sujet des milliers de réfugiés égyptiens, soudanais, tchadiens ou d'autres pays bloqués près du port de Misrata, sous des bâches et des abris de fortune.

A Bruxelles, l'Otan a annoncé avoir détruit au moins 26 chars des troupes gouvernementales dimanche, 12 près d'Ajdabiya et 14 près de Misrata, où d'autres chars et des batteries antiaériennes ont été touchés dans l'après-midi.

La situation dans ces deux villes "est désespérée pour les Libyens qui sont brutalement bombardés par le régime. Pour contribuer à protéger ces civils, nous continuons à bombarder durement les forces" du régime, a déclaré le général Charles Bouchard, commandant de l'opération "Protecteur unifié".

Un autre responsable de l'Otan a assuré que les bombardements continueraient "jour et nuit". Outre les chars, l'Alliance vise les dépôts de munitions et les lignes d'approvisionnement des forces gouvernementales.

L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair a rejeté dimanche sur la chaîne CNN l'idée selon laquelle le colonel Kadhafi verserait dans le "délire". "Ce n'est évidemment pas le cas (...). Il s'accroche quand même au pouvoir depuis 40 ans", a-t-il expliqué.

Alors qu'à Misrata et ailleurs des milliers de réfugiés étrangers rêvent de fuir le conflit, la Corée du Nord a ordonné à ses quelque 200 ressortissants présents en Libye d'y rester.

Le régime de Pyongyang "agit ainsi car il craint que des informations sur les émeutes populaires en Libye se propagent au sein de la Corée du Nord", affirme l'agence sud-coréenne Yonhap. La Corée du nord, l'un des pays les plus isolés au monde, entretient des liens diplomatiques étroits avec Mouammar Kadhafi.

AFP

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