Violente bataille pour le contrôle d'Ajdabiah en Libye

Les rebelles semblent perdre du terrain face aux forces pro-Kadhafi.

Les combats entre forces rebelles et forces régulières se sont poursuivis dimanche pour la deuxième journée consécutive aux abords de la ville stratégique d'Ajdabiah, dans l'est de la Libye, à quelques heures d'une rencontre prévue entre cinq chefs d'État de l'Union africaine et Muammar Kadhafi à Tripoli. Les présidents du Mali et d'Afrique du Sud sont d'ores et déjà arrivés dans la capitale libyenne. Ils seront rejoints plus tard dans la journée par leurs homologues congolais, ougandais et mauritanien.

L'Otan a annoncé qu'elle avait détruit onze chars des troupes du colonel Kadhafi qui s'approchaient de cette ville considérée comme "un verrou" stratégique contrôlant l'accès à l'Est libyen et à Benghazi, fief des insurgés. L'Alliance atlantique a également mené plusieurs raids à Misrata, dans l'ouest du pays, pour venir en aide aux rebelles assiégés par les soldats de Kadhafi, détruisant quatorze de leurs chars.

"La situation à Ajdabiah et, particulièrement à Misrata, est désespérée pour les Libyens qui sont bombardés par le régime (de Kadhafi)", a souligné le général canadien Charles Bouchard, qui dirige les opérations de l'Otan en Libye, dans un communiqué. Les forces régulières ont progressé vers le centre d'Ajdabiah dimanche, contraignant les insurgés à se réfugier dans des ruelles pour échapper aux tirs d'artillerie lourde et de roquettes. Au moins quatre rebelles ont été tués, ont indiqué les insurgés.

Médiation africaine

"J'en ai vu quatre ce matin. Leurs gorges étaient tranchées et ils ont tous été touchés à la poitrine et abandonnés sur la route. Leur voiture était criblée de balles", a indiqué un rebelle, Mohammed Saah, à un point de contrôle de la porte est d'Ajdabiah. Un autre insurgé, Hassan Bosayna, a indiqué que huit combattants de Kadhafi et quatre rebelles avaient été tués samedi, dont un insurgé tué d'une balle dans la tête par un tireur embusqué.

Pour tenter de trouver une issue diplomatique au conflit qui fait rage depuis la mi-février, une délégation de cinq chefs d'État de l'Union africaine devait rencontrer Muammar Kadhafi dimanche avant de se rendre à Benghazi dans le cadre de la médiation de l'Union africaine. Jacob Zuma (Afrique du Sud), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie), Denis Sassou-Nguesso (Congo), Amadou Toumani Touré (Mali) et Yoweri Museveni (Ouganda) composent le comité de médiation de l'UA pour la Libye. "Le comité a reçu l'autorisation de l'Otan de se rendre en Libye et de rencontrer Kadhafi à Tripoli. La délégation de l'UA rencontrera également le Conseil national de transition (CNT) à Benghazi les 10 et 11 avril", indique un communiqué de la présidence sud-africaine.

Le CNT, basé dans l'est de la Libye contrôlé par les insurgés, a été reconnu par la France, l'Italie et le Qatar. "Nous espérons que la médiation débouchera sur un dialogue constructif, sur une solution politique de la crise basée sur les aspirations du peuple libyen", a indiqué le chef de l'État mauritanien, le président Mohamed Ould Abdel Aziz, dans un communiqué publié avant le départ du comité pour Tripoli.

Nouvelle Constitution

Dans la nuit de samedi à dimanche, le gouvernement libyen a tenté de montrer un visage réformiste en annonçant une nouvelle Constitution présentée comme la "version libyenne" de la démocratie. Lors d'une présentation du projet, la presse étrangère, les dirigeants libyens n'ont pas précisé le rôle que Muammar Kadhafi allait être appelé à jouer à l'avenir, ni la nature du système politique qu'ils envisagent de mettre en place. Le Livre vert, recueil des pensées de Kadhafi publié dans les années 1970, fait actuellement office de Constitution en Libye, dont le nom officiel est Grande Jamahiriya arabe libyenne socialiste et populaire. Son système politique opaque - Jamahiriya signifie "État des masses" - est dénoncé par les insurgés qui tentent de renverser le régime du Guide de la révolution au pouvoir depuis 1969.

"Nous espérons que la Constitution sera adoptée très prochainement", a déclaré Khaled Kaim, vice-ministre des Affaires étrangères lors d'une conférence de presse destinée à la presse étrangère. "Il y a des gens que les réformes politiques n'intéressent pas. Ils veulent le pouvoir et la richesse, et pas la Constitution." Le président du Congrès général du peuple (parlement), Mohamed Zwai, a fait savoir que le projet était prêt et serait examiné prochainement.

Interrogé sur la nature du nouveau régime, Ibrahim Moukzham, membre du panel, a répondu qu'il s'agirait d'une "version libyenne". "Les Constitutions ne sont pas faites pour se focaliser autour d'individus. Elles doivent servir la nation et chaque citoyen doit trouver sa place dans la Constitution", a-t-il dit. "Muammar Kadhafi, en tant que citoyen libyen, peut trouver sa place dans la Constitution. La grande majorité du peuple souhaite le voir rester. Il est un symbole." Kadhafi, qui ne détient officiellement aucun poste exécutif au sein de la Jamahiriya, affirme que la Libye est victime d'une agression militaire occidentale. Il souligne que son gouvernement travaille depuis des années en faveur du changement. Les rebelles ont exclu toute idée de réforme sous son régime et ont répété que Kadhafi devait démissionner.

REUTERS

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