Débat sur l'islam et la laïcité

Débat sur l'islam et la laïcité

Le débat qui s'amorce ce jeudi 5 avril a des relents de déjà entendu. Après l'identité nationale et l'immigré dangereux pour la sécurité et l'emploi des Français, l'immigré nouveau, celui qui prie sur le trottoir, est arrivé. Une partie de la droite travaille bénévolement pour l'extrême droite. Une autre partie, démocrate, chrétienne, laïque, s'insurge contre cette vaine entreprise. Cette indignation est de bon aloi.

"Laïcité : pour mieux vivre ensemble." C'est sous cet intitulé qu'à 16 heures, mardi 5 avril, débutera finalement une convention nationale qui aura divisé l'UMP. Il s'agit là du fameux débat sur l'islam et la laïcité voulu par Nicolas Sarkozy, il y a deux mois. A l'époque, le 10 février, lors de l'émission "Paroles de Français", le président de la République déclare, à propos de l'intégration des musulmans : "Cela pose la question de l'islam et de nos compatriotes musulmans. (…) Il y a, clairement posé, un problème. Nos compatriotes musulmans doivent pouvoir vivre, pratiquer leur religion comme n'importe lequel de nos compatriotes. (…) Mais il ne peut s'agir que d'un islam de France et non pas d'un islam en France." Il constate "l'échec du multiculturalisme" et réaffirme également sa lutte "contre un prosélytisme religieux agressif" sur le territoire national.

Quelques jours plus tard, Nicolas Sarkozy officialise le débat au cours d'une réunion à l'Elysée avec la direction de l'UMP. Il sera coordonné par Jean-François Copé, le patron du parti. Ce dernier, en décembre, avait souhaité relancer, en vain, celui sur l'identité nationale. La proposition faisait suite à la polémique provoquée, en décembre dernier, par les propos de Marine Le Pen sur les prières de rue. A la mi-février, c'est finalement à un débat centré sur l'islam et le multiculturalisme que l'Elysée donne sa bénédiction. Jean-François Copé, déjà sur le pont avec la burka, en désaccord avec le Premier ministre, pose les jalons pour l'échéance de ... 2017. L'homme est politiquement habile, mais la boîte Pandore peut le ramener à plus d'humilité.

Une division à l'UMP

Rapidement, l'initiative suscite des critiques, certains pointant le risque de stigmatisation des musulmans. Après des semaines de polémique dans la presse, des représentants des six cultes de France publieront même, mercredi 30 mars, une tribune pour manifester leur opposition à ce débat et pour réaffirmer leur attachement à la laïcité. La gauche, elle, n'a eu de cesse de reprocher au gouvernement de céder, en cette période de crise, à la tentation du "repli sur soi".

En réponse à la polémique, la majorité tente de rassurer et de dissiper les malentendus : début mars, malgré les propos initiaux de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé affirme qu'il "n'a jamais été question d'un débat sur l'islam". Mais d'une "réflexion sur notre pacte républicain" et sur la laïcité... Quelques jours avant le débat, le secrétaire général de l'UMP publie même une Lettre à [son] ami musulman.

Mais malgré les recadrages de l'UMP, un malaise demeure : la majorité reste divisée sur l'opportunité d'une telle discussion. La fracture s'agrandit fin mars, quand le parti majoritaire se trouve secoué par une autre polémique, autour des consignes à appliquer au second tour des cantonales en cas de duel entre des candidats FN et PS : Le "ni front républicain ni FN" prôné par MM. Sarkozy et Copé s'oppose au "barrage contre le FN" défendu par François Fillon ou Nathalie Kosciusko-Morizet.

Le débat sur la laïcité et la place de l'islam en France accentue cette division, qui sera symbolisée par l'affrontement entre François Fillon et Jean-François Copé. Le Premier ministre se dit "très mal à l'aise". Cette sortie provoque la colère du secrétaire général de l'UMP, qui l'accuse publiquement de "ne pas jouer collectif". Officiellement ressoudée, la fracture entre le chef du parti et le Premier ministre laisse le sentiment qu'il y a deux droites qui cohabitent mal dans la majorité : une qui pense qu'il faut davantage se concentrer sur les sujets économiques et sociaux, ainsi que le recommandent certains centristes, et une autre qui ne veut pas abandonner au FN certains thèmes de droite. Celle-ci est portée par le conseiller élyséen Patrick Buisson ou le collectif d'élus la Droite populaire.

Le challenge des propositions concrètes

Malgré les semaines de polémique, l'événement a été maintenu. Il a lieu ce mardi 5 avril, dans un hôtel parisien. Certes, on est loin du grand débat suggéré par Nicolas Sarkozy à la mi-février. Plusieurs ténors de la majorité seront absents. Comme François Fillon, surtout, mais aussi le président du Sénat, ou la ministre des solidarités et de la Cohésion sociale. Le ministre des Affaires européennes, sera finalement présent, malgré ses critiques sévères contre le débat. Dix ministres, dont celui de l'Intérieur, de la Défense ou de l'Apprentissage, seront également au rendez-vous.

La réunion, animée par une députée est planifiée finalement sur... trois heures. Mais qu'en sortira-t-il ? Selon Claude Guéant, on trouvera, parmi les thèmes abordés, "les menus dans les cantines scolaires", "la mixité dans les hôpitaux" ou encore "les droits concernant le financement des lieux de culte". Jean-François Copé a fait préciser qu'il présenterait, mardi 5 avril également, vingt-six propositions dont certaines pourraient être appliquées avant 2012 "sans évolution législative". D'autres propositions devraient en revanche faire l'objet d'un "travail législatif ou réglementaire" après l'élection présidentielle, selon l'UMP. Jean-François Copé, le chantre de ce débat, n'évoque jamais les grands absents de cette réunion : les musulmans. Il n'évoque jamais les autres minorités religieuses qui arborent des signes ostentatoires de leur appartenance religieuse, dont les enfants s'absentent à l'école certains jours obligatoires pourtant. La République est bonne fille. Tempête dans un verre d'eau, pétard mouillé, plus probablement la nécessité de relire L'Apprenti sorcier.

B.M. Avec Le Monde

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Commentaires (3) | Réagir ?

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arezki arezki

Article 1er de la constitution Française "La France est une république indivisible laique démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances".

Le débat sur la laicité et l'islam est nécessaire et indispensable pour la sauvegarde du fondement de cet article 1er. Ce débat a déjà eu lieu avec les chrétiens et les juifs pour mettre en place soit par des décrets ou des lois tous les moyens pour réussir le bon fonctionnement de l'etat Je ne vois pas pourquoi l'islam échapperait à ce débat L'islam en France est récent Nos grands parents nos parents n'ont jamais pensé que leurs enfants leurs petits enfants prendraient racines dans ce pays. Tous ces musulmans que savent ils de la laicité ? Ont ils reçu une éducation religieuse digne de ce que la religion musulmane incarne c'est à dire : La tolérance, la miséricorde, le respect, l'acharnement au travail pour s'intégrer et bien vivre. Malheureusement ces musulmans sont aux antipodes de cet islam de lumiére de tolérance et d'intégrité Les prisons sont devenues leurs lieux de villégiatures (Heureusement qu'on n'applique pas la charia on aurait vu des têtes tombées et des mains coupées) On réclame du hallal aux cantines mais on va en famille chez Mac Do On demande des heures aménagées dans les piscines municipales mais on se baigne avec des strings sur les plages. On porte le hidjab avec un jean bien moulé. On réclame aux contribuables chrétiens et juifs de faire des efforts pour financer des lieux de culte mais on part en vacances au bled avec des voitures dernier modéle L'islam en France est devenu un islam de bazar un islam fourre tout Tout est bon au nom de la religion pour racketter l'état Français Je pense qu'il est essentiel de débattre pour ne pas mettre en pérille vrai islam. La laicité est son garant d'existence Il est nécessaire de tout recadrer Il faut que les musulmans intégrent bien cette notion de laicité Les musulmans ont des droits mais aussi des devoirs : Le respect de la constitution.

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Bonjour! Je n'imaginais pas qu'un journal comme le "Matin" oeuvrant pour la liberté d'expression censurerait un commentaire totalement objectif et factuel sur l'usage pernicieux du fait religieux en politique d'autant plus qu'il est impossible d'appréhender l'essence de celle-ci sans la relier au fait idéologique qui fait partie intégrante de la culture au sens anthropologique du terme. Tout est lié à ce triptyque sociétal quand on tente d'appréhender la signification des comportement de quelque groupe que ce soit. Les textes de loi sont une chose et la réalité s'en est une autre... y compris en France où les intérêts des uns et des autres sont de plus en plus antagoniques. Il suffit de se référer à certains médias français pour le savoir. L'intégration des citoyens en France ne peut être un processus identique à cela inhérent aux autres minorités immigrées. De toute façon, ce n'est pas en voilant un fait avec un mouchoir que l'on pourrait l'annihiler. Tout au contraire ! Et comme l'a dit le grand anthropologue français et athée, René Girard, qui enseigne à l'Université de New-York,

"Il n'y a pas de société sans religion, parce que sans religion, une société n'est pas possible". Je suis véritablement déçu quant à la censure arbitraire ayant frappé mon commentaire du 5 courant. Pourtant "c'est de la discussion que jaillit la lumière!" dit la sagesse. C'est pour avoir compris cela que les Nations européennes avaient pu mettre un terme à leurs guerres de religion...

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oziris dzeus

Toujours l'islam et la laicité, jamais le cristianisme ou le judaisme. Aucune des trois réligions monotheistes ne tolere la laicité, alors pourquoi collé l'islam a la laicité. La laicité c'est la séparation de la chose politique de la réligion quelque soit cette religion et basta. les religieux cretiens tout comme les religieux juifs n'aiment pas la laicité, alors pourquoi diaboloisé l'islam?. on peut vivre sa religion en toute libérté dans un systeme basé sur la laicité. le mélange du pouvoir politique et le pouvoir religieux mene a la catastrophe. Alors que dans un systeme basé sur le cristianisme les autres n'ont pas cette liberté, comme dans un systeme basé sur l'slam, ou encore un systeme basé sur le judaisme. un seul dieu pour les trois religions, mais chacun croit qu'il est le préféré et le meilleur. La république française qui depuis 1905 est laique, a continuée a considerer les algériens comme des français musulmans j'usqu'en 1962. Drole de republique laique cette France. Un certain complexe envahit la classe politique française au sujet de cette laicité qui profite en ces temps a des immigrés venus de pays souvent trop religieux, ces immigrés ayant trouvé une certaine libérté d'agir ont de plus en plus de poids dans la société française et ça ne plait pas. La France coloniale ou l'empire francais a réservé la laicité depuis 1905 a la metropole et ce n'est pas innocent du tout.