Aubry, Hollande et Royal en campagne : séduire la jeunesse... Toute la jeunesse ?

On peut gager que la jeunesse issue de l'immigration est concernée par l'opération séduction menée par les ténors-candidats à la présidence de la République. Longtemps timoré sur les questions de l'immigration, le PS va-t-il s'intéresser aux jeunes Français d'origine étrangères dans son projet d'aides financières ? Tous égaux certes, mais certains plus que d'autres. La jeunesse observe, ni sceptique ni exubérante.

Prèsde 800 militants du Mouvement des jeunes socialistess'étaient donné rendez-vous, samedi, à Paris, pour écouterla première secrétaire du PS, Martine Aubry.
Prèsde 800 militants du Mouvement des jeunes socialistess'étaient donné rendez-vous, samedi, à Paris, pour écouterla première secrétaire du PS, Martine Aubry. Crédits photo : MARTIN BUREAU/AFP

Les propositions du MJS ont été entièrement reprises dans le projet du PS.

À qui profitera la jeunesse? Au PS, ils sont trois à tenter de préempter ce thème dont chacun pense qu'il sera au cœur de la campagne présidentielle de 2012. François Hollande en a fait le pivot de ses propositions. Martine Aubry l'a érigé en priorité du projet du parti. Ségolène Royal l'a défendu lors de la campagne de 2007. Mais pour l'instant, aucun de ces trois-là n'a encore réussi à s'imposer comme leader sur le sujet.

Certes, Martine Aubry a frappé fort samedi en promettant devant les jeunes socialistes de mettre en place l'«allocation d'autonomie» que le MJS réclame de longue date. Mais de l'annonce à l'application, il y a encore loin. «C'est un objectif à long terme. Cela ne fait pas partie des priorités à mettre en œuvre dans les premiers jours du quinquennat», assure Michel Sapin, en charge du chiffrage du projet. En outre, les socialistes ont mesuré une résistance très forte des Français à l'égard de toute mesure qui pourrait être assimilée à de l'«assistanat». D'où la surprise de nombreux cadres du parti après le discours de Martine Aubry. «Elle a fait ça pour se faire plaisir et pour faire plaisir. Mais à en juger par les expressions gênées des personnes qui l'entourent, cela n'avait pas dû être beaucoup discuté», juge un cadre du parti.

Le MJS n'a pas encore choisi son candidat

De leur côté, Ségolène Royal et François Hollande ne se sont jamais montrés très favorables à une telle idée. En 2007, l'ex-candidate avait exprimé des réticences sur une telle allocation. Quant à l'ancien chef du PS, il s'est toujours dit plus favorable à un prêt étudiant. Mais en dehors de ce point d'achoppement, le projet du PS laisse des marges de manœuvre aux candidats pour jouer leur propre musique sur cette partition. «Sur la jeunesse, Hollande et Royal ne disent pas autre chose que ce qui est écrit dans le projet», assure un proche d'Aubry.

Dans son «pacte éducatif», Hollande propose ainsi de créer un «contrat de génération» pour inciter les entreprises à embaucher des jeunes et à les faire former par des seniors. Il veut aussi créer 400.000 places d'accueil pour la petite enfance et améliorer les aides au logement. Cela correspond peu ou prou au «pacte national de confiance pour l'emploi des jeunes» que défend Royal. Principales mesures défendues par la présidente de Poitou-Charentes: l'obligation faite aux entreprises qui touchent des aides publiques d'embaucher un jeune de moins de 25 ans, développement des formations en alternance et en apprentissage, création d'un service civique obligatoire pour les jeunes qui ne seraient ni en formation, ni au travail.

Au PS, on se veut optimiste sur l'accueil réservé au projet dans chacun des camps. «À ce jour, il n'y a aucune raison de se démarquer du projet, ni de forme, ni de fond et encore moins tacticienne», assure-t-on. Pour l'instant, le MJS n'a pas encore choisi son candidat. Sa présidente Laurianne Deniaud a prévenu samedi, après avoir présenté ses huit propositions (entièrement reprises dans le projet du PS), qu'elle lançait son appel «pour qu'on puisse l'entendre en Corrèze, pour qu'il résonne en Saône-et-Loire, pour qu'il soit perçu en Poitou-Charentes (…) pour que tout le monde comprenne, de la rue de Solferino à la 19e Avenue à Washington».

B.M. Avec Le Figaro

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