Libye: l'avancée des rebelles vers Syrte stoppée, réunion sur "l'après-Kadhafi"

Libye: l'avancée des rebelles vers Syrte stoppée, réunion sur "l'après-Kadhafi"

L'avancée des rebelles a été stoppée lundi par les forces de Mouammar Kadhafi à quelques dizaines de kilomètres à l'est de Syrte, sa ville natale, bombardée la nuit précédente par la coalition qui s'apprêtait à se réunir mardi à Londres pour discuter de "l'après-Kadhafi".

L'avancée des rebelles a été stoppée lundi par les forces de Mouammar Kadhafi à quelques dizaines de kilomètres à l'est de Syrte, sa ville natale, bombardée la nuit précédente par la coalition qui s'apprêtait à se réunir mardi à Londres pour discuter de "l'après-Kadhafi".

Dans un discours télévisé le président américain, Barack Obama, a justifié lundi soir sa décision d'intervenir en Libye, affirmant qu'elle avait "empêché un massacre", et affirmant le droit des Etats-Unis à agir "quand leurs intérêts et leurs valeurs sont menacés".

Il a cependant déclaré qu'il n'était pas question d'outrepasser le mandat de l'ONU pour chercher à renverser le dirigeant libyen par la force même s'il "ne fait aucun doute que la Libye et le monde se porteraient mieux si Kadhafi n'était plus au pouvoir".

La coalition internationale, dont les opérations seront désormais commandées par l'Otan, a poursuivi ses frappes lundi soir, menant des raids sur des positions des forces loyalistes dans les régions de Mezda (centre), Gharyan et Sorman (ouest), ainsi que sur Tajoura, près de Tripoli, selon différentes sources.

Gharyan et Mezda représentent, selon la rébellion, les bases arrières des forces de Kadhafi dans leurs offensives contre les villes de la région d'Al-Jabal Al-Gharbi (ouest), dont Zenten et Yefren, contrôlées par les insurgés.

Les rebelles, qui s'étaient emparés dimanche de Ben Jawad, 140 km à l'est de Syrte, après avoir repris la ville clé d'Ajdabiya, puis le site pétrolier de Ras Lanouf, n'ont progressé lundi que de quelques dizaines de kilomètres.

Bloqués toute la matinée à la sortie de Ben Jawad par les forces gouvernementales, ils ont ensuite repris leur avancée, avant d'être pris pour cible dans un village à une soixantaine de km à l'est de Syrte, ville côtière de 120.000 habitants à 360 km à l'est de Tripoli, a constaté un journaliste de l'AFP.

La coalition a par ailleurs bombardé Sebha (750 km au sud de Tripoli), fief de la tribu des Kadhadfa dont fait partie le colonel Kadhafi, "faisant plusieurs victimes", a indiqué l'agence officielle libyenne Jana.

Un porte-parole de l'armée britannique a confirmé qu'un raid avait visé "des abris à munitions destinés à fournir les troupes gouvernementales menant des offensives contre les civils dans le nord du pays, dont Misrata".

Le régime libyen a annoncé avoir mis fin lundi à son offensive contre Misrata (ouest), troisième ville du pays, à 210 km à l'est de Tripoli, la "sécurité" y ayant été rétablie, selon le ministère libyen des Affaires étrangères. La veille, Tripoli avait été la cible de raids aériens, et l'armée française a confirmé lundi y avoir attaqué un "centre de commandement" de l'armée libyenne.

Toutes les opérations militaires devraient passer mercredi sous la direction effective de l'Otan, dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU.

Une quarantaine de pays sont attendus mardi à Londres pour la première réunion du "groupe de contact", chargé du "pilotage politique" des frappes et de la préparation de "l'après-Kadhafi". "Kadhafi doit partir immédiatement", ont estimé le président français, Nicolas Sarkozy, et le Premier ministre britannique, David Cameron, appelant dans une déclaration conjointe le Conseil national de transition (CNT), représentant des rebelles, à "instaurer un dialogue politique national" afin d'"organiser la transition".

Les deux dirigeants ont eu un entretien par visioconférenve avec la chancelière allemande, Angela Merkel, et le président Obama. Au cours de cet entretien M. Cameron a notamment dit qu'il espérait que la réunion de mardi "renforcerait et élargirait la coalition" internationale et que les dirigeants "discuteraient de la fourniture d'une aide humanitaire d'urgence" et "appelleraient à un processus politique qui permette au peuple libyen de décider de son avenir".

Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaim, a accusé la coalition de vouloir "couper le pays en deux", ce qui signifierait "la guerre civile, une guerre continue, le début d'une nouvelle Somalie", dans une interview à la chaîne de télévision italienne Rai Uno. "Aujourd'hui le défi est le suivant: déposer les armes pour ensuite parler pacifiquement", a-t-il ajouté.

Le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a assuré sur la même chaîne que s'il parvenait au pouvoir son mouvement combattrait l'immigration illégale en empêchant les immigrants clandestins d'entrer en Libye et qu'il respecterait les accords signés avec l'Italie, notamment avec le groupe pétrolier ENI.

Auparavant Moustapha Abdeljalil avait promis la clémence aux partisans repentis de Kadhafi, mais appelé de ses voeux un procès du dirigeant libyen "après la victoire".

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a offert sa médiation entre le dirigeant libyen et la rébellion afin d'éviter que le pays ne se transforme en un "nouvel Irak ou Afghanistan".

Ankara prévoit de se charger de la gestion de l'aéroport de Benghazi, aux mains des insurgés, pour faciliter le transport de l'aide humanitaire.

Quelque 336.658 personnes, notamment des étrangers, ont fui la Libye depuis le début de l'insurrection mi-février et environ 9.000 de ces déplacés sont bloqués aux frontières avec l'Egypte et la Tunisie, selon l'ONU.

AFP

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