Libye: l'avancée des rebelles vers Syrte stoppée, nouveaux raids aériens

Libye: l'avancée des rebelles vers Syrte stoppée, nouveaux raids aériens

De nouveaux immigrants clandestins africains, 500 personnes originaires de Somalie et d'Erythrée, sont arrivés lundi en Europe, à bord de deux bateaux qui ont débarqué à Malte. Tripoli assurait jusqu'à récemment un rempart contre l'immigration clandestine en Europe.

L'avancée des rebelles a été stoppée lundi par les forces de Mouammar Kadhafi à quelques dizaines de kilomètres à l'est de sa ville natale Syrte, bombardée la nuit précédente par la coalition dont les opérations seront désormais commandées par l'Otan.

La coalition a poursuivi ses frappes lundi soir, menant des raids sur des positions des forces loyalistes dans les régions de Mezda (centre) et Gharyan (ouest), selon des témoins et l'agence officielle libyenne Jana.

Les secteurs de Gharyan et Mezda, représentent, selon la rébellion, les bases arrières des forces de Kadhafi dans leurs offensives contre les villes de la région d'Al-Jabal Al-Gharbi (ouest), dont Zenten et Yefren, contrôlées par les insurgés.

Dans le quartier rebelle de Tajoura, dans la banlieue Est de Tripoli, neuf violentes explosions ont par ailleurs été entendues, selon un témoin

Les rebelles, qui s'étaient emparés dimanche de Ben Jawad, à 140 km à l'est de Syrte, après avoir repris la ville clé d'Ajdabiya, puis le site pétrolier de Ras Lanouf, n'ont progressé lundi que de quelques dizaines de kilomètres.

Bloqués toute la matinée à la sortie de Ben Jawad par les forces gouvernementales, ils ont ensuite repris lentement leur avancée, avant d'être pris pour cible dans un village à une soixantaine de km à l'est de Syrte, a constaté un journaliste de l'AFP.

Lundi, les milices du régime patrouillaient dans Syrte, ville côtière d'environ 120.000 habitants, toujours sous le contrôle des loyalistes, située à 360 km à l'est de Tripoli.

Syrte avait été secouée par une série d'explosions dimanche soir et lundi matin et des dizaines de familles avaient fui la ville dimanche, selon un journaliste de l'AFP.

La coalition internationale a par ailleurs bombardé à l'aube Sebha, à 750 km au sud de Tripoli, fief de la tribu des Kadhadfa dont fait partie le colonel Kadhafi, "faisant plusieurs victimes", a indiqué l'agence officielle libyenne Jana sans fournir de bilan.

Selon un témoin joint par l'AFP, la ville a été violemment bombardée et plusieurs habitants ont dû abandonner leurs maisons pour se réfugier ailleurs.

Un porte-parole de l'armée britannique a confirmé qu'un raid avait visé "des abris à munitions destinés à fournir les troupes gouvernementales menant des offensives contre les civils dans le nord du pays, dont Misrata".

Le régime libyen a annoncé avoir mis fin lundi à son offensive contre Misrata (ouest), la troisième ville de Libye (210 km à l'est de Tripoli). La "sécurité" y a été rétablie, a annoncé le ministère libyen des Affaires étrangères sans préciser clairement si la ville avait été reconquise par les forces loyalistes.

La veille, Tripoli avait été la cible de raids aériens, et l'armée française a confirmé lundi avoir ciblé un "centre de commandement" de l'armée libyenne dans le sud de la capitale.

Les frappes vont continuer sous l'égide de la coalition internationale pendant encore 48 heures avant que l'Otan ne prenne la direction effective des opérations, a indiqué lundi après-midi l'Alliance atlantique, dont les avions ont effectué leur première mission en Libye dimanche.

L'Otan, déjà chargé de faire appliquer l'embargo sur les armes et la zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, a décidé de prendre le commandement de toutes les opérations militaires dans le cadre de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU.

Une quarantaine de pays sont attendus mardi à Londres pour la première réunion du "groupe de contact" sur la Libye, chargé du "pilotage politique" des frappes et de la préparation de l'après Kadhafi.

La réunion doit rassembler les ministres des Affaires étrangères des pays participant directement aux opérations militaires ainsi que des "amis" de la coalition et peut-être le Conseil national de transition (CNT), organe de direction de la rébellion.

Au plan politique, le Qatar, premier pays arabe à participer à l'intervention internationale en Libye, a reconnu le CNT, devenant le deuxième Etat après la France à lui apporter sa reconnaissance.

"Kadhafi doit partir immédiatement", ont estimé les dirigeants français Nicolas Sarkozy et britannique David Cameron, appelant dans une déclaration conjointe le CNT à "instaurer un dialogue politique national" afin d'"organiser la transition".

MM. Sarkozy et Cameron, la chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Barack Obama se sont entretenus par visioconférence au sujet de la Libye.

Barack Obama devait défendre dans la soirée dans un discours télévisé sa décision de faire participer les Etats-Unis aux opérations militaires, face à des compatriotes réservés quant au bien-fondé d'une nouvelle intervention.

Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a offert sa médiation entre le dirigeant libyen et la rébellion afin d'éviter que le pays ne se transforme en un "nouvel Irak ou Afghanistan". Ankara prévoit de se charger de la gestion de l'aéroport de Benghazi, aux mains des insurgés, pour faciliter le transport de l'aide humanitaire.

Le CNT a promis la clémence aux partisans repentis de Kadhafi et son chef Moustapha Abdeljalil a appelé de ses voeux un procès du Guide libyen "après la victoire".

L'ONU a mis en garde contre une pénurie de vivres, de médicaments et de carburant et réclamé une présence humanitaire dans le pays.

Quelque 336.658 personnes, notamment des étrangers, ont fui la Libye depuis le début de l'insurrection mi-février et environ 9.000 de ces déplacés sont bloqués aux frontières avec l'Egypte et la Tunisie, selon l'ONU.

AFP

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