Libye, pourquoi je ne crois pas à la solution militaire Par Hassane Zerrouky

Libye, pourquoi je ne crois pas à la solution militaire Par Hassane Zerrouky

A ceux qui applaudissent l’intervention militaire occidentale contre Kadhafi, je les invite à méditer ceci : les bombardements n’ont jamais installé la démocratie et comme l’écrivait Boualem Sansal « La guerre entre le bien et le mal n’a jamais profité qu’au mal ».

Deux exemples. Comme en Irak, si l’intervention militaire se prolongeait dans la durée, elle risquerait à terme de conduire le peuple libyen à regretter le régime du potentat Kadhafi. Autre exemple d’intervention occidentale désastreuse, la Somalie. Qu’en est-il aujourd’hui de ce pays ?

Pour aller vite : il faut savoir qu’au vu de la réalité sociologique libyenne, l’intervention militaire occidentale peut à terme se traduire par l’exacerbation des clivages régionaux et tribaux sur lesquels joue d’ailleurs le dictateur libyen. Et ce, parce qu’en Libye, où il n’y a ni partis politiques, ni constitution, ni institutions, ni syndicats, pas même de société civile – voulu par Kadhafi d’ailleurs - , il n’existe aucune force organisée en mesure de combler le vide que créerait la chute de Kadhafi. Alors me dira-t-on, faut-il laisser Kadhafi massacrer son peuple ? Certes non. Mais, il existe une panoplie de moyens autres qu’une intervention militaire occidentale aux buts douteux et socialement désastreux à terme pour permettre aux libyens d’imposer des changements allant dans le sens d’une modernisation démocratique et pacifique dans une Libye où tout est construire, à commencer par les institutions, afin que ce peuple frère puisse se doter des moyens d’une vraie gouvernance.

Outre la pression diplomatique, la résolution 1973 du Conseil de sécurité prévoit le gel des avoirs libyens, notamment du clan Kadhafi et ses proches, l’interdiction de voyager de ses dirigeants, un embargo sur les armes, un appel à un cessez le feu, des poursuites devant la Cour Pénale internationale et une zone aérienne d’exclusion, dont le non respect par les autorités libyennes n’impose pas le recours à des bombardements massifs. Et ce, sans exclure d’armer les insurgés afin de créer un rapport des forces sur le terrain en mesure de favoriser une solution démocratique pacifique. Est-ce que les Occidentaux, qui ont été pris de court par les révolutions tunisienne et égyptienne, qui ont fait partir Ben Ali et surtout Moubarak, deux alliés sûrs, bien en cours auprès des capitales occidentales, souhaitent-ils une solution où les libyens seraient maîtres de leur destin comme ce fut le cas en Tunisie et en Egypte ? Permettez-moi d’en douter. En effet, qu’est-ce qui empêchaient les capitales occidentales, par exemple, de fournir directement ou indirectement des armes aux insurgés, voire de pousser des pays arabes, comme l’Egypte, d’aider plus activement les insurgés de Benghazi à défaire militairement les forces de Kadhafi ? Rien ! Par ailleurs, ce même Occident « volant au secours des civils libyens », est resté bien muet face au massacre de civils yéménites perpétrés par leur allié, le président Abdellah Saleh, et encore plus, concernant l’intervention militaire saoudienne et des Emirats arabes unis visant à sauver la monarchie de Bahrein en écrasant la révolte des bahreinis !

En résumé la solidarité avec le peuple libyen pour mettre fin au régime dictatorial de Kadhafi qui, entre-nous soi-dit, sait qu’il est fichu, ne doit pas nous rendre aveugle au point de faire dans l’unanimisme béat en applaudssiant un Sarkozy endossant une tenue guerrière pour faire oublier au moins ceci : en décembre 2007 Paris et Tripoli n’avaient-ils pas conclu « un accord cadre dans le domaine de la défense et du partenariat industriel de défense », qu’il était question de vente de centrales nucléaires et d’avions Rafales ? Et ceci encore, à savoir qu’il ne fait guère de doute que Washington et ses alliés sont en train d’instrumentaliser la révolte libyenne pour des raisons bien terre-à-terre : le pétrole. A terme, ils pensent même à la protection de la « Libye utile », cette du gaz et du pétrole…

Plus d'articles de : Éditorial

Commentaires (4) | Réagir ?

avatar
ali belkacemi

cher monsieur zerrouky nous vivons la meme dicteture chez nous, nous sommes tous (vous et moi compris) victimes du mattraquage mediatique operant depuis des années voire des decennies! permettez moi de ne pas etre d'accord avec vous; je vous propose une sorte de fiction : supposons que des avions viennent bombarder un immeuble où seraient reunis nos illustres decideurs en plein ecahffaudage de plans plus ou moins machiaveliques pour faire taire la grogne actuelle en algerie et se amintenir au pouvoir sans rien y changer, si ça vous fait plaisir c'est que vous etes inconsciemmenht pour l'action militaire en lybie sinon ce la veut dire que vous etes contre ok? je peu vous dire que beaucoup d'algeriens seraient ravis!!!!! gbagbo et el bachir nous ont appris des choses! (jespere que j'ai tord!!!!!!)

avatar
Arthur François

Le choix s'est imposé, d'ailleurs y a t-il un choix ? le peuple Libyen souffre depuis des décennies sans aucune solution, le voila braver un des plus grand démons de cette planète qui ose encore montrer sa tranche d' hyène. Ce peuple Libyen ose la révolution par instinct, par soif de liberté même désarmé et sans aucune expérience militaire. Et le diable de son chef le guide (vers l'enfer) sans scrupule il est en cours de trucider ce peuple opprimé qui se soulève tant bien que mal... et vous ne voulez pas qu'on fasse quelques chose ? franchement vous préférez une vraie " non assistance à peuple en danger" ?

Si vous considérez les occidentaux (certes qui n'avaient jamais faibli de soutenir nos guides " vers l'enfer" à nous réduire à des moutons gardés par des hyènes kadafi, benali, toufik, boutef et bien beaucoup d'autres) ces occidentaux là se préparent peut être à profiter des richesses de nos pays de façon légale, ou du moins intelligente en intervenant en Libye pour aider !! les libyens juste du massacre programmé de leur désormais ex-guide, vous vous doutez ?, est ce que vous avez une meilleure alternative que celle de regarder nos frères libyens se faire tuer par leurs exterminateurs? Moi j'aurais aimé voire à la place de ses forces de l’OTAN des forces communes méditerranéenne du sud précisément Algérienne, Tunisienne, Marocaine, Égyptienne peut être faire entendre raison à ce fou. Mais hélas ne rêvons pas la réalité est aussi amer que cela c'est triste d'entendre parler de tuerie, de bombardements, de génocide et peut être d'enlisement du conflit mais sincèrement si ce machin de guide s'en va ce serait du positif, en attendant choisissant le moins négatif à défaut de pouvoir aider soit même, vive la liberté, vive la démocratie.

avatar
Karim saadi

l'exemple de l'Irak et de l'Afghanistan sont méditer, c'est l'odeur du pétrole qui attire ces rapaces occidentaux, ils s'en foutent du peuple lybien palestinien irakien, les impérialistes qui ont ensanglanté le monde ne peuvent pas changer du jours au lendemain. Si ils avaient voulu aider les lybien ils auraient réagi immédiatement et non attendre que Kadafi arrive à Benghazi. Le peuple lybien avait besoin d'armes, seul le contrôle aérien par les occidentaux aurait été suffisant, pourquoi détruire un pays? ce sont des armes dont ont besoin les lybiens et non une invasion étrangère au scénario irakien. Ceux qui protègent les terroristes monarchiques du Golf ne sont pas des démocrates, le peuple du bahrein est massacré par les armées séoudiennes, le roitelet marocain massacre depuis 30 ans les sahraouis, le tyran du Yemen en fait à sa tête, aucune remarque occidental, rien le laissez faire total de la part de ces soit disant démocrates.

visualisation: 2 / 3