Le tandem Poutine-Medvedev s'est-il fissuré sur la Libye ?

Le tandem Poutine-Medvedev s'est-il fissuré sur la Libye ?

Rivalité en vue de l'élection de 2012, ou communication bien rodée du "tandem" au pouvoir ? Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev ont rompu leur entente parfaite en s'opposant sur la "croisade" occidentale en Libye, mais la presse s'interroge sur la réalité d'un désaccord.

"Le tandem au pouvoir se fissure", titre le quotidien en ligne Gazeta.ru, relevant que "le président et le Premier ministre ont montré un désaccord profond" sur l'intervention en Libye et la résolution de l'ONU qui l'a autorisée.

Poutine passe dans "l'opposition à Medvedev", renchérit le quotidien libéral Vedomosti.

Dans la soirée, le porte-parole de M. Poutine, Dmitri Peskov, a souligné que l'expression du chef du gouvernement russe comparant la résolution de l'ONU sur l'intervention en Libye à un "appel aux croisades" du Moyen Age n'était "rien d'autre qu'un avis personnel".

Vladimir Poutine, qui avait déjà souligné qu'il exprimait son "avis personnel", a vertement critiqué lundi cette résolution de l'ONU. Il a dénoncé l'intervention militaire qui devient selon lui "une constante" dans la politique des Etats-Unis après l'ex-Yougoslavie, l'Afghanistan et l'Irak.

Dmitri Medvedev, le jeune président adoubé en 2008 par Vladimir Poutine, qui avait effectué les deux mandats consécutifs autorisés par la Constitution, a aussitôt réagi, jugeant "inadmissible" et "inacceptable" l'accusation de "croisade", et défendant sa décision de ne pas opposer le veto de Moscou à la résolution de l'ONU.

Les chaînes de télévision nationale, si elles ont retransmis les propos de M. Poutine dont elles suivent in extenso les déplacements dans le pays -- le Premier ministre s'exprimait devant les ouvriers d'une usine d'armement en Sibérie --, se sont néanmoins gardées de mettre en valeur, et a fortiori de commenter ce couac apparent du "tandem".

Quant au quotidien officiel Rossiïskaïa Gazeta, il s'est contenté de rapporter que le président Medvedev avait critiqué les déclarations "de certaines personnalités publiques" sur la question libyenne.

Mais l'événement a mis en émoi les quotidiens et les autres médias libéraux, qui se sont interrogés sur le sens à donner à cette contradiction inédite au sommet de l'Etat.

C'est la première fois que les deux dirigeants russes affichent un tel désaccord, à un an d'une présidentielle pour laquelle ils ont toujours dit qu'ils se "mettraient d'accord" sur la candidature la plus opportune.

"La question est de savoir s'il s'agit d'une +divergence de style+ dont le tandem (Poutine-Medvedev) est coutumier ou si cela exprime des désaccords plus profonds, qui se renforceraient à l'approche des élections", souligne l'influent quotidien libéral Kommersant.

Vedomosti estime "plus logique" l'hypothèse selon laquelle "Moscou a deux positions, une destinée à Obama et Sarkozy, et l'autre destinée aux ouvriers d'Oudmourtie", la région de Sibérie où Vladimir Poutine s'est exprimé lundi.

Une analyse partagée par nombre d'observateurs à Moscou, selon lesquels la direction russe, au sein de laquelle Vladimir Poutine reste largement considéré comme l'homme fort du pays, se partage les rôles au gré des opportunités politiques.

"Quand il n'y a pas de débat politique dans le pays, il faut de temps en temps créer l'illusion qu'il est possible", estimait mardi un commentateur de la radio russe bfm, dans un texte mis en ligne sur le site de la station.

Selon la même source, "aucune personne saine d'esprit ne peut imaginer que Medvedev ait pu prendre tout seul la décision dans le vote de la résolution 1973" de l'ONU, sur laquelle Moscou s'est abstenu la semaine dernière, laissant la porte ouverte à l'intervention occidentale.

AFP

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