Attaques meurtrières des forces de Kadhafi à Misrata

Selon les rebelles, au moins 40 personnes auraient perdu la vie dans ces violences.

Les forces pro-Kadhafi ont mené une attaque lundi à Misrata, la troisième ville du pays, faisant au moins 40 morts et 300 blessés, selon les rebelles, au troisième jour d'une intervention internationale en Libye pour faire cesser le bain de sang. Après la réussite annoncée d'une première vague de frappes samedi et dimanche contre les défenses antiaériennes et des blindés près des lignes des insurgés, les forces engagées dans la coalition ont pour objectif de couper le soutien logistique des forces gouvernementales. Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a qualifié l'opération, qui a débuté samedi, de "succès", car elle a évité un "bain de sang", ajoutant que l'Otan était prête à soutenir l'intervention "dans quelques jours". "Nous avons sauvé les civils de Benghazi", le fief des insurgés à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli, a assuré Alain Juppé.

Lundi, quatre chasseurs F-16 belges ont entamé peu avant 5 heures (heure de Paris) une mission ayant pour objectif "la protection de la population civile", a rapporté le ministre de la Défense, Pieter De Crem. Dans la nuit de dimanche à lundi, des missiles ont détruit un bâtiment administratif à l'intérieur du complexe résidentiel de M. Kadhafi dans le sud de Tripoli. Selon la coalition, il abritait un centre "de commandement et de contrôle". Plusieurs hauts responsables ont assuré que la coalition ne cherchait pas à viser directement le colonel Kadhafi, et les militaires américains disposent de peu d'informations sur l'endroit où il se trouve, selon un haut gradé américain. Le départ du pouvoir du dictateur libyen Muammar Kadhafi "demeure le but ultime" des États-Unis, a néanmoins réaffirmé le département d'État lundi.

Malgré l'offensive internationale et le nouveau cessez-le-feu annoncé par Muammar Kadhafi dimanche, les combats entre pro et anti-Kadhafi se sont poursuivis lundi, faisant au moins 40 morts et 300 blessés à Misrata, selon un porte-parole des rebelles dans la ville et une source médicale. Selon le porte-parole, des forces de Kadhafi ont pénétré dans la ville - située à environ 200 kilomètres à l'est de Tripoli - tenue par les insurgés et y ont déployé des snipers et trois chars, tirant sur des manifestants. La télévision d'État a, pour sa part, annoncé que la ville avait été "purgée" des rebelles.

Des chars détruits

Dans l'Est, les forces gouvernementales libyennes, qui avaient attaqué Benghazi samedi matin, ont reculé lundi jusqu'à Ajdabiya, à 160 kilomètres au sud, sans pour autant abandonner le combat, selon des journalistes de l'AFP. Des dizaines de chars détruits par des frappes aériennes gisaient le long de la route entre les deux villes. Mais les centaines de rebelles qui se sont rassemblés dans l'objectif de reprendre Ajdabiya ont été dispersés par des tirs à l'artillerie lourde des forces gouvernementales retranchées dans la ville.

"Nous ne voulions pas une guerre, c'est lui (Kadhafi, NDLR) qui nous l'a imposée. Je n'avais jamais utilisé d'arme, pas même un couteau", dit en pleurant Naïm Ibrahim Abdoul Qader, un insurgé, étudiant en philosophie à l'université Qar Younis à Benghazi. Au sud-ouest de Tripoli, les forces loyalistes pilonnent depuis trois jours la région d'Al-Jabal Al-Gharbi, en particulier les villes de Zenten et Yefren sous contrôle de la rébellion, selon des habitants de la région décriant des raids "très intensifs".

L'Union européenne a adopté, lundi, des sanctions renforcées contre le régime de Kadhafi et s'est dite prête apporter de l'aide humanitaire, sans parvenir à dissimuler de profondes divisions en son sein. Même au sein de la coalition - à laquelle participent du côté de l'UE la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l'Espagne - des voix dissonantes se font entendre. "Cela ne devrait pas être une guerre contre la Libye", mais l'application stricte de la résolution de l'ONU, a jugé le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini. La coalition est entrée en action samedi en bombardant des objectifs militaires, en vertu de la résolution 1973 de l'ONU adoptée jeudi soir, qui prévoit l'usage de la force pour protéger les civils.

La Ligue arabe se ravise

Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui avait soutenu l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, a estimé que les bombardements s'écartaient de leur but, avant de changer de ton lundi et d'affirmer que ses propos de la veille avaient été "mal interprétés". Les Occidentaux s'étaient targués d'une participation arabe à cette coalition. Mais, jusqu'à présent, seul le Qatar s'est vraiment engagé, les Émirats arabes unis ayant précisé que leur rôle en Libye se limiterait "à l'aide humanitaire". Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, dont le pays s'était abstenu lors du vote de la résolution 1973 de l'ONU sans pour autant y opposer un veto, a affirmé que la résolution lui faisait penser "à l'appel aux croisades à l'époque du Moyen Âge".

Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, est contesté depuis le 15 février par une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300 000 personnes à la fuite. Les prix du pétrole montaient nettement lundi à l'ouverture à New York, dopés par la crainte d'une crise prolongée en Libye.

AFP

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