La coalition se prépare pour une nouvelle phase de son offensive en Libye

La coalition internationale se préparait dimanche à une nouvelle phase de son offensive en Libye, lancée samedi sous mandat de l'ONU, pour parvenir à faire cesser la répression sanglante d'une révolte sans précédent contre le régime de Mouammar Kadhafi.

La première phase de frappes aériennes est "un succès" et a permis d'instaurer une zone d'exclusion aérienne, a déclaré dimanche le plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen, assurant que les pro-Kadhafi n'avançaient plus vers le fief des insurgés, Benghazi, situé à un millier de km à l'est de Tripoli.

La coalition, avec à sa tête les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, est passée à l'offensive samedi en bombardant par air et par mer des objectifs militaires libyens.

Dimanche soir, le porte-parole de l'armée libyenne a annoncé un nouveau cessez-le-feu alors que le dirigeant libyen avait assuré samedi qu'une telle mesure n'était plus à l'ordre du jour en raison de l'offensive de la coalition.

Peu de temps auparavant, le système de défense antiaérienne déployé à Tripoli est entré en action, notamment dans le secteur de la résidence-caserne du colonel Kadhafi à Bab al-Aziziya, dans le sud de la capitale.

"Nous sommes les victorieux, vous êtes les vaincus. Nous ne nous replierons pas du champ de bataille", avait proclamé dans la matinée le dirigeant libyen, au pouvoir depuis près de 42 ans, dans un message sonore, le deuxième depuis le début de l'opération militaire internationale, lancée en vertu de la résolution 1973 de l'ONU adoptée jeudi soir.

"Nous avons du souffle. Nous allons vous combattre. Nous ne vous laisserons pas notre terre", a poursuivi le colonel Kadhafi, engagé dans un bras de fer avec la communauté internationale et prévoyant une "longue guerre".

Un de ses fils, Seïf Al-Islam, a cependant exclu dimanche d'abattre des avions civils en Méditerranée.

"Ce n'est pas notre objectif", a-t-il déclaré interrogé sur les menaces proférées la veille par son père qui avait juré de s'attaquer à "tout objectif civil ou militaire" en Méditerranée.

Les forces de la coalition ont poursuivi dimanche l'opération militaire, baptisée "Aube de l'Odyssée" par le Pentagone.

L'Italie, la Belgique et l'Espagne ont annoncé leur participation à l'opération, le Qatar étant le premier pays arabe à s'y joindre avec quatre avions. La France a fait appareiller dimanche à 13H00 (12H00 GMT) du port méditerranéen de Toulon son porte-avions Charles-de-Gaulle.

Après la première vague de frappes contre les défenses antiaériennes et des blindés près des lignes des insurgés, la prochaine étape consistera, selon l'amiral Mullen, à attaquer les lignes de ravitaillement des pro-Kadhafi pour limiter leur capacité à se battre.

"Ses forces sont plutôt éparpillées entre Tripoli et Benghazi et nous allons essayer de couper le soutien logistique à partir de demain", a précisé l'amiral.

Des "systèmes clés de la défense antiaérienne et des sites de missiles SAM près de Tripoli, de Misrata, et de Syrte" ont été attaqués, selon le commandement militaire américain.

Les frappes n'ont pas pour objectif de "chasser Kadhafi du pouvoir" mais de "protéger les civils" libyens, a assuré M. Mullen.

Il a précisé que les Etats-Unis "surveillaient de très près" les stocks de gaz moutarde en possession du colonel Kadhafi estimant qu'il "pourrait faire beaucoup de dégâts avec".

A l'ouest de Benghazi, des frappes contre des véhicules militaires des forces de Kadhafi ont eu lieu dimanche à l'aube.

L'intervention militaire était souhaitée par l'opposition libyenne, surtout depuis la reprise ces derniers jours par les forces gouvernementales de plusieurs villes sous contrôle des rebelles. L'intervention a débuté par une frappe aérienne française à 16H45 GMT.

"L'usage de la force n'était pas l'option qui avait notre préférence", a déclaré le président américain Barack Obama. "Mais nous ne pouvons pas rester les bras ballants quand un tyran dit à son peuple qu'il sera sans pitié".

Le chef de la Ligue arabe Amr Moussa a critiqué les bombardements estimant qu'ils s'écartaient "du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne".

La Russie et la Chine ont regretté l'intervention, le Japon apportant en revanche son soutien à l'attaque. Le comité de l'Union africaine sur la Libye a appelé à cesser les hostilités tout comme le président vénézuélien Hugo Chavez et le Bélarus.

La résolution 1973 exige l'arrêt complet des attaques contre des civils, impose une zone d'exclusion aérienne en Libye et permet des frappes pour contraindre les pro-Kadhafi à cesser la répression qui a fait des centaines de morts et poussé 300.000 personnes à fuir le pays depuis le 15 février.

Alors que l'opération militaire semblait imminente samedi, les forces de M. Kadhafi avaient attaqué Benghazi. Plus de 90 personnes ont été tuées, selon des sources hospitalières.

Un navire remorqueur italien retenu depuis samedi à Tripoli a quitté le port dimanche après-midi avec l'équipage ainsi que des "personnes affirmant appartenir aux autorités portuaires et militaires libyennes", a annoncé dans un communiqué l'armateur du bateau.

Enfin, la chaîne de télévision du Qatar Al-Jazira a affirmé que quatre de ses journalistes étaient détenus par les autorités à Tripoli. Deux journalistes de l'AFP sont portés disparus depuis vendredi soir.

AFP

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