La coalition internationale bombarde par air et mer la Libye

La coalition internationale est passée à l'action samedi, les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni bombardant par air et par mer des objectifs en Libye pour stopper la répression de la révolte lancée depuis plus d'un mois contre le régime autoritaire de Mouammar Kadhafi, lequel a menacé de transformer la Méditerranée en "champ de bataille".

Dans un court enregistrement sonore diffusé en soirée par la télévision officielle libyenne, le dirigeant libyen a affirmé que les "dépôts d'armes" étaient ouverts pour défendre la Libye, en rispote à l'offensive occidentale.

"La Méditerranée est devenue un vrai champs de bataille", a déclaré le colonel Kadhafi, affirmant qu'il s'attaquerait à "tout objectif civil ou militaire" en Méditerranée.

"Les intérêts des pays ayant participé à l'agression seront en danger", a-t-il prévenu, jugeant que les frappes aériennes et aux missiles étaient une "agression croisée injustifiée" contre laquelle "le peuple libyen courageux (allait) lutter".

Le colonel Kadhafi, qui avait prévenu Paris, Londres et l'ONU qu'ils "regretteraient" toute ingérence dans son pays, a aussi appelé "les peuples arabes, africains et latino-américains à soutenir le peuple libyen".

Après des semaines d'hésitations, un mandat de l'ONU et un appui arabe, une réunion extraordinaire à Paris des Occidentaux et de pays arabes a abouti à cette intervention militaire souhaitée par l'opposition libyenne après les vains appels au départ de M. Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans.

Washington et Londres ont lancé une vague de plus de 110 missiles de croisière Tomahawk, depuis des navires et des sous-marins, sur plus de 20 objectifs, parmi lesquels des systèmes de défense antiaérienne et des noeuds de communication stratégiques, tous situés sur la côte.

Les frappes se déroulant de nuit, il faudra "un peu de temps" pour évaluer l'impact des attaques, a précisé l'amiral américain William Gortney, alors que l'intervention militaire est coordonnée d'un QG américain.

L'opération militaire a été lancée par une frappe aérienne française contre un véhicule des forces pro-Kadhafi à 16H45 GMT, le premier tir après le feu vert jeudi de l'ONU au recours à la force pour protéger la population civile.

Les autorités libyennes ont fait état d'objectifs civils touchés dont un hôpital et de "nombreuses victimes civiles" mais il n'était pas possible de confirmer ces informations de source indépendante.

Le chef du Parlement, Mohammed Zwei, dénonçant une "agression barbare", a affirmé qu'elle avait visé des "objectifs civils et militaires" et fait de "nombreuses victimes" et de "graves dégâts matériels" à Tripoli et Misrata, quelque 200 km plus à l'est.

Des "objectifs civils" dans les villes côtières à Zouara, Syrte, la ville natale de Kadhafi, et Benghazi, bastion rebelle, ont été aussi la cible de raids "ennemis", selon un porte-parole militaire libyen. Des réservoirs de carburant ont été touchés à Misrata.

La télévision libyenne a aussi affirmé qu'un avion français avait été abattu par la défense antiaérienne dans la région de Tripoli. Mais la France a démenti.

L'opération internationale a été saluée par des tirs de joie et des coups de klaxon à Al-Marj, à une centaine de km au nord-est de Benghazi, épicentre de l'insurrection à un millier de km à l'est de Tripoli.

Ceux-ci craignaient une "victoire" du régime qui avait réussi à reprendre le contrôle de plusieurs villes dans sa contre-offensive ces derniers jours en profitant des tergiversations de la communauté internationale à intervenir.

"L'usage de la force n'était pas l'option qui avait notre préférence", a déclaré le président américain Barack Obama. "Mais nous ne pouvons pas rester les bras ballants quand un tyran dit à son peuple qu'il ne fera pas de quartier".

La Russie, qui s'était abstenue lors du vote de jeudi à l'ONU, a cependant regretté l'intervention armée. Le comité de l'Union africaine sur la Libye, attendu dimanche à Tripoli, a lui aussi rejeté "toute intervention militaire".

La résolution de l'ONU impose une zone d'exclusion aérienne en Libye et permet des frappes aériennes contre les troupes pro-Kadhafi pour les contraindre à cesser la répression qui a fait des centaines de morts et poussé 300.000 personnes à fuir le pays depuis le début de la révolte le 15 février. Elle exige l'arrêt complet des attaques contre des civils.

Alors que les frappes semblaient imminentes, les pro-Kadhafi avaient tenté en vain de reprendre dans la journée Benghazi, en bombardant le sud de la ville. Un avion militaire des rebelles a été abattu par les pro-Kadhafi. Les loyalistes, avançant vers la ville à bord de chars, avaient continué de tirer à l'arme lourde contre des quartiers résidentiels, selon des témoins.

Craignant le pire, des milliers de personnes ont fui par familles entières Benghazi. Voitures, minibus, camions ont pris la direction du nord-est, et de longues files d'attente se sont formées devant les stations service et les boulangeries.

Mais plus loin le long de la route, les passagers de ce début d'exode ont pu bénéficier de la solidarité des habitants, qui offraient de l'eau, de l'essence, de la nourriture, un hébergement.

Le Comité international de la Croix-Rouge a mis en garde samedi contre les risques encourus par les civils, et appelé toutes les parties à se conformer rigoureusement au droit international humanitaire.

AFP

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