Yémen: 46 tués lors d'une manifestation à Sanaa, Washington dénonce la violence

Les violences les plus meurtrières au Yémen depuis le début de la contestation du régime ont fait 46 morts vendredi à Sanaa, et Washington qui voit dans le président Ali Abdallah Saleh un allié a condamné ces incidents.

Le président Saleh, 68 ans, a regretté ces morts, mais annoncé l'instauration de l'état d'urgence dans le pays et demandé que les manifestants évacuent la place de l'Université, au centre de Sanaa, symbole de leur mobilisation.

Peu après, le président américain Barack Obama l'a exhorté à autoriser le déroulement des manifestations.

"Je condamne fermement les violences qui se sont produites aujourd'hui au Yémen", a déclaré M. Obama dans un communiqué, et il a appelé "le président Saleh à tenir sa promesse d'autoriser les manifestations à se dérouler pacifiquement".

L'opposition qui exige le départ de M. Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a qualifié les incidents de "massacre".

Selon des sources médicales, outre les 46 tués, près de 400 personnes ont été blessées lorsque des milliers de manifestants anti-régime ont été pris sous le feu de partisans du président Saleh.

Les tirs sont venus des toits d'habitations proches de la place de l'Université, où se tient depuis le 21 février un sit-in contre le régime, selon le correspondant de l'AFP, qui a vu un adolescent de 14 ans, touché d'une balle à la tête, s'effondrer mort devant lui.

Les tirs ont commencé lorsque les manifestants ont voulu démanteler une barricade érigée par les partisans du régime pour bloquer l'une des rues menant à la Place de l'Université, et la fusillade a duré plus d'une heure et demie.

Selon le correspondant de l'AFP, la police a lancé des grenades lacrymogènes sur les manifestants et a également tiré à balles réelles.

Des manifestants sont montés sur le toit d'un des immeubles où était embusqué un tireur, et l'ont précipité dans le vide, selon le correspondant.

Dans l'hôpital de fortune monté sur la place de l'Université, le docteur Wassim al-Qerchi, les mains maculées de sang, a expliqué à l'AFP : "Nous n'arrivons pas à traiter les blessés tellement leur nombre est élevé".

"Nous manquons de médicaments et de matériel médical", a-t-il ajouté. "Nous évacuons les blessés sur les hôpitaux privés, car nous n'avons pas confiance en les hôpitaux du gouvernement".

"On manifeste pacifiquement et ils nous tirent dessus!", a crié Ahmad, 25 ans, un manifestant blessé. "Je ne partirai pas de cette place jusqu'au départ du président, même si je dois être tué".

Les victimes de cette tuerie, sans précédent depuis les violences civiles de 1994 dans ce pays pauvre de 24 millions d'habitants, portent à plus de 80 le bilan des morts depuis le début du mouvement appelant au départ du président Saleh.

Peu après l'explosion de violence à Sanaa, M. Saleh a annoncé que "le conseil de la défense nationale proclame l'état d'urgence dans le pays" pour une période de trente jours, une indication de sa détermination à contrer la révolte de la rue, en dépit de son isolement politique croissant.

Le ministre du Tourisme, Nabil al-Faqih, a annoncé sa démission pour protester contre "l'usage injustifié de la force".

Les Etats-Unis considèrent toujours M. Saleh comme un allié dans leur lutte contre les émules d'Oussama ben Laden dans la péninsule arabique, qui menacent la sécurité du grand voisin du Yémen, l'Arabie saoudite.

"Je regrette" ces morts, que "nous considérons comme des martyrs de la démocratie", a déclaré aux journalistes le chef de l'Etat. Le président a toutefois demandé aux protestataires "de choisir un autre lieu, éloigné des quartiers résidentiels, s'ils veulent poursuivre leur sit-in".

L'opposition a accusé le régime d'avoir commis "un massacre". "Cette tuerie ne va pas contribuer à maintenir Ali Abdallah Saleh au pouvoir", a affirmé, dans une déclaration à la chaîne al-Arabiya, le porte-parole de l'opposition parlementaire, Mohamed al-Sabri.

AFP

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