Manifestation au Caire à la veille d'un référendum sur la Constitution

Manifestation au Caire à la veille d'un référendum sur la Constitution

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté vendredi au Caire contre une révision constitutionnelle jugée trop timide, soumise à référendum samedi, dont les partisans estiment en revanche qu'elle permettra de revenir rapidement à un pouvoir civil.

Les manifestants se sont rassemblés sur la symbolique place Tahrir dans le centre du Caire, haut lieu du mouvement populaire qui a contraint il y a cinq semaines le président Hosni Moubarak à remettre ses pouvoirs à l'armée.

"A bas la Constitution", "le peuple veut une nouvelle Constitution", ont-ils scandé dans une ambiance bon enfant.

Les jeunes militants pro-démocratie ayant lancé le soulèvement populaire le 25 janvier dernier avaient appelé à ce rassemblement pour exprimer leur rejet d'une réforme limitée et exiger une nouvelle loi fondamentale.

Pour eux, "rapiécer" la Constitution héritée du régime autoritaire de M. Moubarak n'est pas suffisant.

Les appels à voter "non" se sont multipliés ces derniers jours, notamment de la part des candidats déclarés à la présidence, le chef de la Ligue arabe Amr Moussa et l'opposant et ancien haut fonctionnaire international Mohamed ElBaradei.

La puissante confrérie des Frères musulmans, elle, a appelé à voter "oui", en jugeant que les amendements permettraient de "passer d'une période de transition à une période de stabilité".

L'armée, qui gère le pays depuis la démission de M. Moubarak, avait chargé une commission de juristes de travailler à ces changements constitutionnels.

Le panel a notamment proposé que le président de la République ne puisse plus effectuer que deux mandats consécutifs de quatre ans chacun -contre un nombre illimité de mandats de six ans- et que les conditions de candidature à la magistrature suprême soient allégées.

L'armée a promis d'organiser après ce référendum des élections législatives et une présidentielle, en principe sous six mois, afin de céder rapidement le pouvoir à un gouvernement démocratique.

Si ce référendum est négatif, elle a fait savoir qu'elle prononcerait rapidement une "déclaration constitutionnelle limitée" pour organiser la suite de la transition politique, sans en donner les modalités.

La rédaction d'une Constitution entièrement nouvelle, comme le demandent les partisans du "non" soucieux d'avoir un texte le plus démocratique possible, pourrait conduire selon leurs adversaires à allonger la période de transition et prolonger le climat d'incertitude.

Parmi la population du Caire, les opinions étaient partagées à la veille de ce vote, pour lequel 45 millions d'Egyptiens de 18 ans et plus sont appelés à participer.

"Je vais voter +oui+ parce que cette révision va permettre de faire un pas en avant, d'avoir de nouvelles lois et un nouveau pouvoir en Egypte", estimait Mohamed Fawzi, un professeur.

Pour Omar, un guide touristique, "il faut voter oui pour que l'armée s'en aille. Son rôle est de nous protéger des menaces extérieures".

Par contre Oussama al-Nahhas, un ingénieur, estime que les changements proposés ne sont pas suffisants. "En cas d'élection nous aurons un président avec les mêmes pouvoirs, et nous aurons donc un autre dictateur", affirme-t-il.

Pour Youssef Basily, un chômeur, "il faut tout changer et avoir une nouvelle constitution. Les intentions de l'armée ne sont pas claires".

L'armée quant à elle a appelé les électeurs à se mobiliser en masse pour un scrutin présenté, sur la page internet Facebook de l'institution militaire, comme "l'acte de naissance de l'Egypte démocratique".

Mais face au caractère technique des amendements proposés, "nombre de mes amis n'iront pas voter parce qu'ils ne comprennent pas de quoi il s'agit", assure Mohamed Moustafa, 27 ans.

AFP

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