Libye: la rébellion salue la résolution de l'ONU, Kadhafi menace Benghazi

Libye: la rébellion salue la résolution de l'ONU, Kadhafi menace Benghazi

"Selon les combattants, les forces loyales à Kadhafi sont en train de tenter d'encercler Zenten. Il y a des mouvements de troupe au nord et au sud-ouest. Il s'attendent à une importante attaque", selon lui.

Benghazi, fief des insurgés dans l'est de la Libye, a fêté dans la nuit de jeudi à vendredi l'adoption d'une résolution de l'ONU autorisant le recours à la force contre le régime de Mouammar Kadhafi qui venait d'annoncer une offensive contre cette ville.

A Tripoli, le vice-ministre des Affaires étrangères Khaled Kaaim a indiqué que cette résolution menaçait l'unité du pays et constituait un "appel aux Libyens à s'entretuer".

Dans la "capitale" des rebelles, à un millier de km à l'est de Tripoli, des tirs de joie ont retenti dans la ville, selon des journalistes de l'AFP.

Plusieurs centaines de jeunes étaient rassemblés devant le siège du Conseil national de transition, l'instance dirigeante mise en place par les insurgés, et agitaient les drapeaux de la monarchie en vigueur avant la prise du pouvoir par le colonel Mouammar Kadhafi.

La foule brandissait des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Benghazi ne t'aime pas" à l'adresse de M. Kadhafi. De nombreuses voitures klaxonnaient.

"J'ai vu l'annonce du vote sur Al-Jazira, c'est le plus beau jour de ma vie, tous les citoyens sont heureux", a dit à l'AFP Marij Bourahim, 42 ans, qui travaille pour la principale compagnie pétrolière libyenne.

A New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté en faveur d'un recours à la force contre les troupes pro-Kadhafi, ouvrant la voie à des frappes aériennes en Libye.

La résolution adoptée par le Conseil autorise "toutes les mesures nécessaires" pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne.

Le texte a été adopté par 10 voix sur les 15 membres du Conseil de sécurité. La Chine et la Russie se sont abstenues.

Alors que Mouammar Kadhafi avait annoncé plus tôt un assaut contre Benghazi, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a averti qu'il n'y avait plus beaucoup de temps pour intervenir. "C'est peut-être une question d'heures", a-t-il lancé.

La France avait auparavant annoncé des frappes aériennes dès l'adoption de la résolution.

Un porte-parole du ministère libyen de la Défense cité par l'agence officielle Jana avait auparavant indiqué que toute opération militaire étrangère allait "exposer tout le trafic aérien et maritime en Méditerranée au danger".

"Tout élément mobile civil ou militaire sera la cible d'une contre-offensive libyenne", a-t-il ajouté.

Avant l'adoption de la résolution de l'Onu, le dirigeant libyen a pour sa part annoncé une intervention dans la soirée.

"La décision a été prise. Préparez-vous, nous arrivons dès ce soir", a déclaré Mouammar Kadhafi dans un message sonore adressé aux habitants de Benghazi et retransmis par la télévision libyenne. "Il faut en finir avec cette mascarade".

"Celui qui rend son arme et prend la fuite ce soir ne sera pas inquiété. Nous ne le poursuivrons pas", a-t-il assuré.

Trois fortes explosions ont été entendues peu avant le vote de l'ONU à Benghazi (1.000 km à l'est de Tripoli), suivies immédiatement des tirs de la défense anti-aérienne dans le même secteur, selon des journalistes de l'AFP. L'origine des explosions n'était cependant pas connue dans l'immédiat.

Selon Radio Benghazi, une station de l'opposition, les rebelles ont été appelés à rejoindre leur position de défense, peu après le discours du "Guide de la révolution".

Sur le terrain, les forces loyales au colonel Kadhafi ont poursuivi ces derniers jours leur reconquête de l'Est.

Elles ont tenté jeudi de bombarder des positions de la rébellion à Benghazi, ont indiqué les insurgés qui affirment avoir abattu deux avions.

Il n'était pas possible dans l'immédiat de confirmer ces informations de source indépendante, alors que les forces fidèles au régime ont réussi à reprendre plusieurs villes ces derniers jours à coups de raids aériens et terrestres.

La télévision libyenne a affirmé que les forces gouvernementales s'étaient emparées de Misrata (200 km à l'est de Tripoli), mais un porte-parole de l'opposition a démenti.

De violents combats avec les rebelles y avaient fait au moins 22 morts mercredi, selon la rébellion.

Les opérations contre Misrata et Benghazi, symbole de la révolte déclenchée le 15 février contre Kadhafi, avaient été annoncées ces deux derniers jours par le régime libyen qui s'est dit déterminé à mater l'insurrection.

Par ailleurs, la ville de Zuwaytinah (150 km au sud de Benghazi) est "contrôlée par les forces armées qui sont aux portes de Benghazi", a indiqué la télévision d'Etat.

Mercredi, les troupes du régime avaient affirmé avoir repris Ajdabiya, dernier verrou des rebelles à 160 km au sud de Benghazi. Au moins 26 personnes y ont été tuées, a dit un médecin en parlant de "combats terrifiants".

Dans l'Ouest, les rebelles se préparaient jeudi à une offensive des forces gouvernementales à Zenten (145 km au sud-ouest de Tripoli), selon un témoin.

En revanche, la capitale Tripoli s'efforçait de reprendre une vie normale après la répression meurtrière de manifestations fin février. Les enfants ont repris le chemin de l'école et boutiques, cafés et banques sont ouverts.

Alors que la révolte s'est transformée en guerre civile au prix de centaines de morts, près de 300.000 personnes ont fui le pays depuis le 15 février.

La Croix-Rouge internationale a retiré son personnel de Benghazi, disant être "extrêmement inquiète de ce qui arrivera aux civils".

AFP

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Commentaires (1) | Réagir ?

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laid baiid

Cela est une victoire des opprimés. J'attend avec impatience de voir Sif al islam pendu. comment il va pleurnicher.