LES EMEUTES DE LA FIN

LES EMEUTES DE LA FIN

« Ils veulent que nous les écoutions et ils ne nous écoutent pas, alors nous cassons » Cette déclaration d'un jeune émeutier en Algérie résume tout le désarroi d'une jeunesse qui vit dans l'exclusion politique et sociale, la précarité et le déni de ses droits.

Ce « ILS » ne désigne pas seulement les tenants du pouvoir mais l'ensemble des institutions et organismes et partis d'opposition absents et silencieux durant ce qu'il faut bien appeler une « intifadha ».

Les causes de cette fièvre insurrectionnelle sont à chercher ailleurs que dans la subite augmentation des produits alimentaires de première nécessité.

L'année 2010 a été jalonnée de jacqueries , de « harga », de procès inquisitoriaux,et, phénomène nouveau et dramatique , de tentatives de suicide collectif. Autant donc de signaux précurseurs d'un mouvement de contestations généralisé et violent par manque de canaux d'expression et de structures organisationnelles de la société civile capables de lui donner un contenu politique clairement exprimé.

Cette année 2010 a été aussi celle des grands scandales de la corruption et particulièrement ceux touchant la SONATRACH pourvoyeuse de 97,8% des recettes d'exportation et du budget de l'état.

A cela il faut ajouter une justice obéissant servilement à l'exécutif et traitant les justiciables comme des sujets et non des citoyens au service desquels elle devrait être et au nom desquels elle se doit de rendre ses arrêts.
Enfin le fossé, qui ne cesse de s'élargir, séparant, l'état, le pouvoir et ses affidés qui affichent une opulence indécente, de la grande majorité du peuple qui vit dans la pauvreté alors que jamais le pays n'a autant engrangé de réserves financières.

Injustice, corruption, « hogra » et mépris à l'endroit des couches populaires et des travailleurs sont les ingrédients de cette véritable intifadha prévisible qui, sans l'exprimer par des mots d'ordre, exige ni plus ni moins un changement radicale du régime politique actuel. Changement qui ne pourra se faire qu'avec le départ de cette véritable association de malfaiteurs, que sont devenus le gouvernement, l'assemblée nationale et le sénat, même si certains sénateurs et députés y siègent « à l'insu de leur plein gré », qui fonctionnent sur le mode mafieux régulé par un équilibre de clans autour du partage de la rente pétrolière qu'ils n'arrivent plus à gérer.

Face à ce pouvoir usurpateurs des partis se disant d'opposition font de la figuration politique grassement rétribuée afin de donner au système une façade démocratique alors qu'ils peuvent même pas tenir de réunion d'importance sans autorisation préalable et acceptant un état d'urgence qui a pour seule justification de geler toute activité politique critique et indépendante du système.

Fort heureusement, des militants de tendances diverses , des syndicalistes et des travailleurs développent des îlots de résistance à travers le pays. Ceux là sont à saluer et à soutenir dans leur lutte quotidienne et sont appelés à constituer une alternative politique .

Voilà résumée en peu de mots la lecture que l'on peut faire de la situation actuelle du pays.
Les déclarations insultantes à l'endroit de la jeunesse du ministre de l'intérieur traduisent on ne peut mieux la réponse d'un pouvoir enfermé dans un autisme suicidaire ne doivent pas laisser indifférents les démocrates sincères qui ont à cœur l'avenir de la nation, car c'est de cela qu'il s'agit en dernière instance.

Si la partie saine de l'élite, saisi le message de cette formidable jeunesse pour lui donner un prolongement politique et institutionnel, elle ferait de cette intifadha les émeutes de la fin d'un régime despotique et illégitime qui n'a que trop duré.
La liberté et la dignité à un pris qu'il faut payer!

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Henni Mahammedi Bouzina

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Commentaires (6) | Réagir ?

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Boaza

C'est bizarre, mais cet article paru sur www. rue89. com m'a fait pensé à notre consulat de Montpellier... je veux dire le bâtiment de l'ancien consulat de notre pays à Montpellier. Les ressortissants algériens résidants dans le Languedoc-Roussillon et l'Aveyron ont comme nouveau consulat un nouveau bâtiment casé dans une zone industrielle, Parc 2000 au 198, Rue Yves Montand à la sortie de la ville de Montpellier. Et ma question est la suivante: Qu'en est-il advenu de ce bâtiment qui abritait le siège du consulat algérien à Montpellier. Vendu, mis à la disponibilté d'un autre service annexé au services consulaires, mis à la disponibilité de notre consul comme résidence pour lui et sa famille, ou seulement, purement et simplement acquis par un (!?#), vous comprenez ce que je veux dire.

Donc, je vous laisse lire l'article paru sur www. rue89. com

Confidentiels & Indiscrets

Rue89, Le blog

La résidence de l'ambassadeur à Paris rachetée par Leïla Ben Ali

Article par Augustin Scalbert | Rue89 | 24/01/2011 | 16H31

En 2007, Son Excellence l'ambassadeur de Tunisie en France a été gentiment mais fermement prié d'évacuer sa résidence officielle du 25, rue Barbet-de-Jouy, dans le très chic VIIe arrondissement parisien. Motif : le président Ben Ali la voulait pour son épouse Leïla. Laquelle a acquis ce très bel hôtel particulier d'environ 600 m2 pour son usage et celui de ses proches. (Voir l'ambassade de Tunisie à Paris sur Google Street View)

L'information, que le journaliste tunisien Slim Bagga a confiée à Rue89, nous a été confirmée par un ancien ministre tunisien en exil. A la question de savoir combien l'ex-première dame tunisienne a payé son bien, ce dernier répond: « Mais même si le montant était indiqué sur le contrat, elle ne paie jamais ! »

Leïla Ben Ali a ensuite engagé des travaux, qui l'ont empêchée de s'installer dans l'hôtel. En attendant, lors de séjours parisiens, elle résidait au Ritz, dans la suite Coco Chanel (8 500 euros par nuit pour une chambre et un salon), ou au George V.

« On a privé l'ambassadeur de son outil de travail »

Des personnes ayant visité les lieux les décrivent comme une « très belle résidence, meublée avec beaucoup de goût ». La résidence, contigüe aux bureaux de l'ambassade, comprenait un appartement dit « présidentiel », que Habib Bourguiba occupa en son temps, lors de ses visites parisiennes. Et au moins deux autres appartements, que s'est donc appropriée l'épouse Ben Ali.

L'ancien ministre explique que « la Tunisie n'ayant pas de pétrole », il s'agissait, grâce à cette résidence officielle de très grand standing, de recevoir correctement ses hôtes: « On a donc privé l'ambassadeur de son outil de travail. »

A compter de 2008, les réceptions officielles de la diplomatie tunisienne à Paris n'ont plus eu lieu rue Barbey-de-Jouy, mais dans des endroits loués pour l'occasion. Ainsi du Pavillon-Dauphine pour la fête nationale du 20 mars.

Même chose pour le parking couvert, d'une capacité d'une douzaine de véhicules: Son Excellence devait laisser sa voiture dans la rue, puisque celles de la famille régnante occupaient tous les emplacements…

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tarlahmam

on parle souvent de généraux qui tiennent le pays l'import etc..

J e pense aussi qu'il y'a des généraux intègre qui ont eu peur et sont partis en retraite (dont Zeroual).

Si Said Saadi n'était pas hypocrite les gens l'auraient suivis. on a pas besoin du RCD (allié du pouvoir pour un strapontin). Mme TOUMI a sauté franchement le pas. Ce qu'il nous faut en Algérie c'est que la contestation commence au sein de l'ARMEE. qu'elle lache le pouvoir comme ça été le cas en Tunisie. Nous avons des officiers intègres....

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