Pourquoi les produits sont chers : les quatre raisons de l’inflation  

Pourquoi les produits sont chers : les quatre raisons de l’inflation  

1. La première raison de l’inflation est la non proportionnalité entre la dépense publique et les impacts économiques et sociaux : 200 milliards de dollars annoncés ente 2004/2009 ( pas de bilan à ce jour) et 286 entre 2010/2014 dont 130 de restes à réaliser des projets de 2004/2009 pour un taux de croissance ne dépassant pas 2/3% moyenne 2004/2010 (donc plus de 400 milliards de dollars soit presque le programme de relance US et chinois ). Une récente étude de l’OCDE montre clairement que pour certains pays du pourtour méditerranéen que l’Algérie dépense deux fois plus pour deux fois moins de résultats : projets mal ciblés, les infrastructures ne constituant qu’un moyen, une gouvernance mitigée, l’entreprise et le savoir dévalorisés, mauvaise gestion et surtout la corruption qui s’est socialisée.

2. La deuxième raison liée à la première est la faiblesse d’une politique salariale cohérente privilégiant les créateurs de valeur ajoutée le travail et l’intelligence au profit d’emplois rente ce qui fait que la productivité globale est une des plus faible au niveau de la région. Pour preuve le ratio masse salariale sur le PIB pour 2009/2010 est inférieur à 20% contre plus de 45% à la fin des années 1976/1979 contre une moyenne mondiale supérieure à 60% démontrant que les augmentations de salaires pour les secteurs à valeur ajoutée (inclus la santé et l’enseignement) ne sont pas la cause essentielle de l’inflation mais les emplois improductifs.

3. La troisième raison est l’extension de la sphère informelle qui contrôle quatre segments celui des fruits et légumes, de la viande rouge et blanche; du poisson et du textile /cuir, ce dernier à travers les importations de valises avec plus de 40Þ la masse monétaire en circulation. L’allongement des circuits de commercialisation à travers leur désorganisation entre le producteur et le consommateur favorise les rentes de monopoles. Ce qui fait que tant le chèque imposé ( qui vient d’être abrogé ) d’obligation de 500.000 dinars et le contrôle des prix sur essentiellement le détaillant sont de peu d’efficacité car ne s’étant pas attaqué à l’essence à des phénomènes.

C’est que la sphère informelle favorisant les actions spéculatives est le produit de la bureaucratie et des dysfonctionnements des appareils de l’Etat existant au niveau des segments du pouvoir des liens dialectique entre la sphère informelle et la logique rentière. Il en résulte l’absence d'une régulation produit d’une incohérence et du manque de visibilité dans la politique économique et sociale et en cas de remous sociaux, une mentalité bureaucratique croyant que des lois et commissions résoudront les problèmes.

4. La quatrième raison est l’inflation importée mais la question qui se pose pourquoi lorsque le taux d’inflation mondial allait vers zéro en 2009 cela n’a profité ni aux producteurs ni aux consommateurs algériens. Le dérapage du dinar, gonflant d’ailleurs artificiellement les recettes fiscales (voilant l’importance du déficit budgétaire) et le fonds de régulation des recettes calculés en dinars algériens, les taxes exorbitantes au niveau des douanes qui s’appliquent à un dinar dévalué pour entretenir notamment les couches rentières ont largement contribué à favorisé la hausse des prix. Cela envoie à une économie totalement rentière où 98% des exportations sont le fait d’hydrocarbures et 75% des importations (équipement, matières premières où plus de 80% des entreprises privées et publiques fonctionnent avec des inputs importés) et les biens finaux représentent entre 2009/2010 environ 70/75% de nos besoins.

5. En conclusion un Eta riche mais une population e plus en plus pauvre où 70% perçoit moins de 20.000 dinars par mois consacrant plus de 80Þ ce modeste revenu aux biens de première nécessité. Et se pose cette question : comment passer d’une économie de rente à une économie productive s’insérant dans le cadre des valeurs internationales comme les pays émergents. Le défi pour l’Algérie, étant un problème de sécurité nationale, est que l’on va vers l’épuisement des hydrocarbures (16 ans pour le pétrole,25 ans pour le gaz peut être moins tenant compte du gaz non conventionnel et de la forte consommation intérieure) où l’important n’est pas tant de découvrir des gisements mais de tenir compte de leur rentabilité économique face tant aux concurrents que d’autres énergies substituables. En bref le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir il y a urgence d’un dialogue serein politique, économique, social privilégiant les intérêts supérieurs de l’Algérie afin de réorienter l’actuelle politique socio-économique conciliant efficacité économique et une très profonde justice sociale, si l’on veut éviter une très grave dérive au pays. Dialoguer et savoir écouter est la vertu des grands dirigeants. Cela suppose en Algérie une profonde rupture cultuelle et systémique.

Professeur Abderrahmane MEBTOUL
Expert international management stratégique
[email protected]

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Commentaires (24) | Réagir ?

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krimo

milles meçi pour cette analyse mais il faut des hommes pour éradiquer ces minables du pouvoir ce sont pas des algeriens. ils parlent des voyous, casseurs, manipulés par des gens de l'exterieur et ils oublient vite des milliards de dollars détournés par la bande de chakib khalil tout ça c pas de la casse et de 'fassade' comme ils le disent en arabe.

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benmiloud

Les jeunes qui sont sortis dans les rues ont dit basta. Je vous assure que toute cette classe dirigeante (de Boutef, aux généraux et aux affairistes comme Rebrab) est entrain de faire pipi dans sa culotte.

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Un défi a la classe intellectuelle (de ce qui reste bien sur) : Montrer le chemin pour canaliser cette énergie. De grâce arrêter de balancer des chiffres. Le peuple veut une vraie feuille de route dans un climat d’ouverture engageant toutes les forces vives. Pas des décisions se prenant entre clans derrière des portes closes à Tlemcen, Hydra, Paris ou Genève!

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