Avoir un ennemi commun n'a jamais été un facteur de rassemblement

Avoir un ennemi commun n'a jamais été un facteur de rassemblement
Tant que les gens ne savent pas ce qu'ils veulent exactement, ils ne sauront pas quoi, faire avec qui, et pour qui, et surtout contre qui.Le fait que ce régime soit une calamité pour tout le monde, n'est pas un facteur suffisant pour faire des alliances contre nature, et de surcroit dans le monde virtuel d'internet.

Les islamistes combattent le pouvoir depuis sa naissance pour l'instauration d'un mythique Etat qui au mieux ressemblerait au Soudan et au pire à la Somalie, le régime les combat pour entretenir un état de fait qui ne l'arrange même pas lui même, sauf s'il répond à un agenda étranger.

Les communistes le font pour lui insuffler le cheminement inverse de celui préconisé par les islamistes, et ainsi de suite pour les arabistes et les berbéristes, les rationalistes et les « mythistes », et vogue la galère.Le fait d'avoir tout ce beau monde sur le dos, conjugué avec les échecs et la nature versatile et sans principes du régime, prouve que se débarrasser au plus tôt de lui est une nécessité vitale pour le pays, tout comme l'était le fait de se débarrasser du colonialisme en 1954.Autre évidence, c'est que le consensus est fait, quant à l'origine de tout le problème.

Cependant, avoir un ennemi commun n'a jamais été un facteur de rassemblement entre des camps qui lui reprochent des choses diamétralement opposées. Certains sont même pires que lui en matière d'étroitesse de vue et de méthode de répression et surtout de moyen de légitimation.

Cette profusion d'appel à la création de fronts ou de rassemblements et même de ligues contre le régime, en majorité initiées sur la toile, ressemble à s'y méprendre à une sorte de curée ou le premier arrivé pense être le premier servi à moindre frais, et sans engagement précis de sa part sauf l'éternelle litanie des espérances vagues et imprécises sur un avenir meilleur dans un monde parfait ou tout le monde est frère et sœur.

Soyons sérieux, on ne lance pas une démarche politique, en s'intronisant promoteur du changement sur la toile, sans en préciser les contours exacts, et un minimum d'engagements concrets et précis sur la forme du projet de société que l'on propose et les voies et moyens d'y parvenir.

Avec soixante partis qui patinent dans le yaourt depuis 1990, et qui n'ont même pas réussi à proposer un programme interne à leurs militants définissant de manière claire leur rôle dans le parti et la société, ainsi que les règlement internes au parti, on va s'encombrer encore d'une profusion d'organisations virtuelles sur le net, qui proposent des projets encore plus opaques que ceux des partis, et avec des démarches qui vont de l'alignement sur un nouveau messie, aux incantations de zaouïa sur la fraternité et le bonheur qui doivent régner sur terre en guise de programme politique.

Bientôt on aura des prophètes et autres envoyés du ciel sur le net, et avec des pseudos en plus.

Les Algériens n'ont rien de spécial par rapport aux autres peuples ce sont des êtres humains normaux qui réagissent en fonction des reflexes partagés par tout le genre humain.

La catégorie qui cherche une solution rationnelle et réalisable au problème de la mal gouvernance, ainsi que des réponses concrètes à ses questionnement sur l'avenir, et qui est obligée de les chercher sur internet faute d'autres canaux verrouillés par le système ou encombré par la fausse opposition, ne marche pas aux incantations ni aux sentiments aussi noble soient –ils. Elle veut des programmes concrets avec des outils concrets de concrétisation. Ceci ne peut être que le fruit d'une réflexion profonde et de haut niveau qui prend en charge du plus petit détail à la plus large vision du problème, de sa solution et de la pérennité de cette solution.

La catégorie qui fonctionne à l'émotionnel et aux incantations, n'est pas prête à transposer dans la vie réelle la communion virtuelle qui se crée sur le net, sur la base de souhait ou d'incantations et d'anathèmes de chapelle ou de catégorie sociale contre une autre.

Celui qui aspire à manipuler cette catégorie, n'a qu'à se retrousser les manches et attendre un événement tragique ou une émeute déjà lancée pour la chevaucher sur le terrain et pas face à un clavier, et ensuite à en assumer tous les résultats avant de penser aux dividendes politiques.

L'heure est effectivement grave, raison de plus pour ne pas l'aggraver par des initiatives « don quichottesques » pour certaines, et manifestement intéressées pour d'autres. Sans compter les manipulations en tout genre qui à défaut de réussir permettent de disperser les efforts dans de vaines actions vouées à l'échec, comme prévu dans la stratégie de ceux qu'on prétend dégommer d'un clic de souris.

Ce régime auquel on reproche son mépris de l'intelligence de ses vis à vis, doit bien rire de notre mépris de sa propre intelligence, car qu'est ce qui l'empêche de lancer les incitatives et autres actions qu'il veut sur le Net à raison de trois par jour pour parasiter tout cet univers déjà parasité.

Le vocabulaire d'un opposant renseigne déjà de lui même, sur sa nature d'opposant ou d'opportuniste, ainsi que sur ce qu'il propose comme alternative même quand il s'essaie à le camoufler dans des concepts creux où la démocratie transparait plus comme un outil que comme une conviction, et même les coups d'état ont intégré cette pseudo défense de la démocratie dans leur déclaration post opératoire.

Boumediene a reproché à Ben Bella le pouvoir personnel, dans un putsch réussi et Zbiri a reproché à Boumediene la même chose dans un autre putsch raté, et vogue la galère.Autre point curieux, c'est cette propension à vouloir coller aux dates historiques pour utiliser leur charge émotive supposée dans l'esprit des gens en vue d'obtenir une adhésion plus émotionnelle que rationnelle à son initiative, comme si le choix initial de ces dates là par les révolutionnaires répondait à une sorte d'horoscope politique qui les rend bénies à jamais, alors que tout le monde sait que le 1er novembre est dû à la réunion du 23 octobre qui l'a précédé, et que c'est l'exigence de Krim Belkacem d'avoir la position de Messali qui avait retardé les choses depuis juillet. Quant au 19 mars 1962, c'est le hasard des négociations qui a fait trainer les choses d'avril 1961 à cette date. Le 5 octobre demeure quant à lui sans commentaire à part le fait plus que suspect que le mercredi est veille de weekend et qu'il n'y a qu'un Etat pour planifier les rassemblements populaires en tout genre le weekend.

Les Algériens ont besoin de liberté, d'épanouissement et de réussites en lieu et place d'échecs et de drames, sous la houlette des actuels messies ou de nouveaux messies en herbe ou en épines.

Ils n’ont nullement besoin de date à commémorer, pour le sang qu'ils auront versé pour rien ou pour les occasions qu'ils ont raté par naïveté ou inconséquence de leur classe supposée politique, et surtout pas d'une aventure à la FIS et ses parents et alliés.

Les Harragas ont montré un début de route par la destination pour laquelle ils risquent leur peau en mer, et c'est ce qu'ils cherchent dans cette destination qu'il faut leur fournir ici. Quand à l'autre destination qui couvre le malheur du manteau de "l'authenticité" et des valeurs "indéfinies", la destination est déjà occupée en partie par le régime et le reste par les tangos, dont tout le monde souhaite la disparition simultanée, sauf ceux qui se nourrissent de ces deux mamelles du malheur.

En ce qui me concerne, je ne suis prêt à m'inscrire dans aucune initiative dont les auteurs, les contours et les buts et moyens d'y parvenir sont indéfinis et souvent brumeux, et je crois qu'une bonne partie du peuple partage ce sentiment. C'est ce qui fait son semblant de passivité. Ce n'est pas pour décourager les initiatives que je dis cela, mais depuis le temps que tout le monde appelle à une chimérique révolution personne n'a émis un avis cohérent sur les contours politiques, économiques, juridiques et culturels de cette Algérie de rêve, ni émis la moindre proposition concrète de reforme. Ne serait ce que d'un texte de loi ou d'une institution pour se prévaloir d'un appel au renouveau.Commençons par la tracer cette Algérie du futur dans nos têtes, et ensuite mettons nous d'accord sur ce tracé, et le reste suivra de lui même.

Ferhat Ait Ali

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Commentaires (9) | Réagir ?

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farouk bougandoura

reçu 5 sur 5 @benbadis tahar.

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benbadis tahar

Réponse à BOUGANDOURA : Je me suis jamais senti ni Saoudien, ni yéménite, ni Egyptien mais bien un Algérien à part entière et dont mon pays compte 2000. 000 de km2. Je suis arabe, je suis musulman et ne fait aucune distinction entre aucun des Algériens et puis en toute franchise toi le grand BOUGANDOURA connais-tu vraiment tes origines, pose cette question à tous les Algériens, personne ne pourra te répondre avec exactitude et c'est pas qu'en vivant à Oran qu'on est oranais, en kabylie qu'on est Taknailit et à constantine qu'on est constantinois car ce peuple a été des milliers de fois déplacé suite à de différentes conquetes et la seule nationalité que j'ai c'est " ALGERIENNE " sur ma carte d'identité et sur mon coeur". Salut

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