Troisième mandat ou comment trahir, à la fois, nos martyrs et nos enfants. Par Mohamed Benchicou

Troisième mandat ou comment trahir, à la fois, nos martyrs et nos enfants. Par Mohamed Benchicou
Tout est dans le style : il y a cinq ans on nous « invitait » encore à soutenir la candidature de Bouteflika ; aujourd’hui on ne se donne plus la peine de la parodie. Aujourd’hui, on nous somme. On nous somme de subir, sans rechigner, le troisième mandat d’un président dont la seule vraie performance est d’avoir réussi à rouler l’opinion dans la farine avec le canular de « président malade ». Aujourd’hui on nous somme de n’être que des sujets. Leurs sujets. Eux, ils sont nos maîtres en tout, maîtres à penser, maîtres du pays, du destin de nos enfants, maîtres absolus de nos avenirs et nous n’en sommes, de facto, que les indigènes, les troupes servantes, bâillonnées, dociles, désabusées certes, mais consentantes et prosternées.
Mais diable, où est donc passée notre fierté ou, du moins, ce qui nous restait de colère après le désespoir ? Au nom de quelle légitimité Abdelaziz Belkhadem, chef du FLN devenu coterie mafieuse, nous impose-t-il le règne à vie d’un président qui a échoué en tout ? Jusqu’à quand accepterons-nous d’être guidés comme des ovins vers le gouffre de nos hécatombes ?
On m’expliquera que la reconduction de Bouteflika est indispensable au système pour se reproduire et que de puissants intérêts étrangers en dépendent…C’est sans doute vrai. Mais cela suffit-il pour justifier notre impardonnable passivité ? N’avons-nous pas encore compris que si nos enfants succombent en mer ou dans la drogue, c’est parce que nous n’avons pas su arracher, pour eux mais aussi pour nous, le droit de choisir ? Choisir nos vies et nos dirigeants. Regardons-nous : nous nous apprêtons, en cette fin d’année 2007, nous nous apprêtons tous, citoyens, opposants, politiciens, intellectuels, à nous soumettre aux caprices du puissant. Nous savons tous que rien n’autorise Bouteflika à postuler pour un troisième mandat, rien, ni la Constitution, ni son bilan. Nous savons tous que sous ses deux mandats nous sommes devenus plus pauvres et eux plus riches, que la corruption a galopé au rythme de nos paupérisations, nous savons tous que sous les deux mandats de Bouteflika l’Algérie a régressé en tout pour ne devenir plus qu’un pays malingre et méprisé, sans audience…Nous savons tous tout cela, mais nous nous résignons déjà au verdict divin d’un clan au pouvoir qui va achever de désespérer nos enfants et d’émasculer nos orgueils.
Est-il vraiment trop tard, sans faire le jeu de quiconque, est-il vraiment trop tard pour défendre notre droit à la parole ? Et si on commençait par revendiquer le respect de la Constitution ? Deux mandats c’est assez pour vous, M. Bouteflika ! Libérez l’alternance !
Si nous ne sommes plus capables de dire cela, d’empêcher un groupe d’individus de tripatouiller la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, si nous ne sommes plus bons qu’à l’allégeance et au silence complice, alors oui nous serions devenus, un demi siècle après Ali la Pointe et Ben Mhidi, des sujets méprisables d’une dynastie qui se sera imposée, pour toujours, comme la régente de nos vie.
Alors oui, nous aurons trahi, à la fois, nos martyrs et nos enfants.

M.B.

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Commentaires (12) | Réagir ?

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sissi sissi

Je partage le pessismisme de Mr Benchicou, si les choses n'évoluent pas c, est parce que nos dirigeants nt le champs libre ils ont l'autoroute debant eux. Certains de nous pensent encore que la France ou les pays occidentaux viendront sauver les démocrates que nous sommes, il n'en est rien BOUTEF et son clan juste avant les élections les ont arrosés de contrat de de pétrodollars. Pour qu, il y ait un changement c'est aux algériens de le crier haut et fort. Malheureusement ce n'est pas le cas, un jour Khaled Nezzar affirmait dans une interview suite aux év`nement dans les années 90: qu'il n, avait trouvé personne pour assumer le rôle de l'état il disait au journaliste nous avons choisi le moins pire des candidats. certes vous me direz que c, est la faute des généraux etc etc... mais dans tous pays qui se respecte même au plus fort du communisme certain pays comme la Roumanie ont su se débarasser de leur démons un peu comme nous lorsqu on s est battu pour libérer le pays. ce qui fait la différence aujourd'hui Messieurs ce sont les 75% des jeunes algériens qu'on abrutit avec l'arabisme et l'islamité afin de ntuer `jamais toute volonté de changement ou esprit critique. Ceux quiont fait la révolution algérienne étaint pour la plupart formés dans les écoles fran`caise ou les idées d'égalité et de justice etainet enseigné ainsi que l'esprit critique. Ce n'est pas `Mr Benchicou de mener seul une bataille il en a payé le prix LA prison à son age. C'est aux jeunes qui sont l'avenir du pays qui doivent faire leur révolution, mais malheureusement cela n'arrivera pas alors Messieurs du pouvoir dormer tranquil Boutef aura son 3 ème mandat et le peuple applaudira.

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Med Tahar HAMROUCHI

C'est l'histoire d'un fleuve détourné par le clan d'Oujda qui se répéte. Ce clan a confisqué et trahi l'idéal de la Révolution algérienne, a laissé entrevoir que la souveraineté, la démocratie et la justice sociale tant ressassées, ne sont que pure illusion. Le peuple algérien, vit toujours la frustration d'une indépendance confisquée et vit les turpitudes d'un pouvoir militaro-politique se maintenant par les manoeuvres et les alliances contre nature, pour ne pas lâcher les rênes du pays. Quarante cinq années aprés l'indépendance du pays, nous assistons, médusés, aux préparatifs d'un holdup par le rejeton de ce même clan qui a anéanti les espoirs de millions d'algériens. Si par pudeur ou par lâcheté nous avons fermé les yeux et laissé faire cette mafia au pouvoir, aujourd'hui nous disons BASTA et nous devons les empêcher de réaliser leur funeste dessein. A défaut nous serons responsables devant l'histoire d'avoir laissé se réaliser un holdup qui compromettra l'avenir du pays et par delà l'avenir des générations futures.

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