DEBAT : Non, Boumediene n'a jamais construit un Etat (2ème Partie et fin)

Houari Boumediene
Houari Boumediene

L’homme était diabolique car il ne laissait rien qui puisse le compromettre. Il ne possédait ni immobilier ni compte en banque, car il n'en avait pas besoin avec une nation entière avec ses richesses sous ses pieds pour l'éternité si ce n'était le rappel du Tout Puissant.

Tout ce qui intéressait Boumediene était le Pouvoir absolu à n'importe quel prix. Autant rien ne laisse croire que l'ancien chef d'Etat ait accaparé quoi que soit autant que son entourage haut placé se servait avec un appétit féroce et avec sa bénédiction. Les régimes d'après n'ont fait que démocratiser la pratique à des échelons inferieurs.

Il laissait faire comme il l’atteste lui-même dans un discours donné à Constantine en 1973, : "Quel être humain remue une compote de miel sans y gouter ? et après tout, ce sont des algériens et pas des étrangers qui en profitent". C’était sa stratégie de neutraliser toute tentation par le Pouvoir.

En avançant l’argument que Dr. Sadi ait obtenu son diplôme dans l’école de Boumediene, rien de plus faux, car l’université algérienne était démocratisée dès 1962 et ouvrit ses portes à tout le monde tout en fonctionnant selon le système français d’avant 1962 avec des professeurs français. La descente aux enfers de notre école commence au debut des années 70. Les cadres travaillant à l’étranger sont soit de la même promotion que Dr. Sadi ou d’autres qui, plus jeunes ayant émigré à l’étranger ne peuvent réussir qu’au prix de longues années de rattrapage et de recyclage pour combler leurs lacunes et décrocher des diplômes étrangers plus surs et plus valables pour la suite de leur carrière. La réussite de quelques uns de nos enfants à l'etranger est beaucoup plus due à leur génie et perséverance qu'à leur diplôme de l’université algérienne qui n’a d'ailleurs jamais été accepté comme une porte de Sésame dans le monde du travail en occident et n'a jamais été une reference, contrairement au mythe de certains.

Le système Boumediene détruisit l’école primaire et secondaire en introduisant à marche forcée et irréfléchie l’arabisation de façon démagogique contre les avis de Mr. Mostefa Lacheraf (homme de lettres bilingue ministre de l’Education nationale) qui démissionna et aussi en enlevant les barrieres de séléction par concours pour les universités et pour les instituts; seuls comptaient les quotas et le nombre de diplomes attribués chaque année.

Quoique la politique économique ait fait des désastres, ceci peut être corrigé comme cela est observé dans plusieurs pays. Toute dérive économique peut être atténuée et corrigée dans le temps. Par contre, les valeurs sures qui ne peuvent être rétablies sont la morale et les ressorts cassés d’une société. Le grand tort que Boumediene a causé à notre cher pays est irrémédiable pour plusieurs générations. Voyez autour de vous : dès les années 70 à nos jours, des citoyens qui prennent l'état comme mamelle providentielle, le manque du sens du travail, critère universel de la survie, l’attitude laxiste, le manque de responsabilité morale, le clientélisme comme seul voie d’ascension, l'exode rural et l'abandon des terres (unique source de travail depuis des siècles), et finalement, l'école qui a formé des monstres et des égorgeurs de bébés, des zombies au sens propre du terme. Ces jeunes criminels dont la moyenne d'âge avoisine 26-30 ans en 1993 sont tous sortis des écoles de Boumediene. Il a touché à la façon de penser du citoyen, aux valeurs sacrées héritées de notre glorieux passé. Il a causé une cassure irréversible des ressorts de la société.

Les historieens stipulent que pour mieux comprendre l'insurrection déclenchée en 1954, il faudrait remonter aux premières années du mouvement national, les années 20, avec ses apports et contradictions. Il est logique de déduire que pour mieux cerner les causes et les problèmes de la tragédie nationale dont souffre notre pays à l'heure actuelle, il faudrait remonter à la première dérive qui n'est autre que l'élimination physique de Abane Ramdane suivie par un phénomène inconnu dans notre société : le tour de force de 1962 avec l'entérinement d'une constitution dans une salle de cinema et la prise de pouvoir par
la force en juin 1965 et l'hégémonie généralisée. Toute idée du control du peuple sur son propre destin a disparu et est désormais enterrée à nos jours.

Je suis plus que désolé de voir que des professeurs d’histoire d’une de nos universités n’arrivent pas à prendre du recul et faire une analyse sans complaisance et sans allégeance aucune aux différents courants ou acteurs de la vie nationale. Ce qui renforce ma conviction que le mal est très profond.

De grace, messieurs les nostalgiques, dans vos prochains article a l'occasion du 19 juin, epargnez nous le rappel de la révolution agraire, de la gestion socialiste des entreprises et de son bilan à la tete du pays car nous pouvons le consulter dans la presse d'El Moujahid d'antan. Le véritable problème est ailleurs.

Salutations patriotiques

Mr. A. Soltani
Ancien Moujahid
Base de l’Est

Lire 1re partie : DEBAT : Non, Boumediene n'a jamais construit un Etat (1ère Partie)

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Commentaires (79) | Réagir ?

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Abdelkrim messis

Plutôtc'est complexe de porter un jugement de valeur, de juger l'homme en tant que tel. Plus difficile encore de juger et de condamner à la fois ceux qui juge l'homme Boumediene en l'occurrence. Quoi qu'il en soit il a marqué son temps: prise de pouvoir au sein même de son propre clan qui s'en est accaparé avant que le peuple n'aie jouit de son indépendance. Le reste n'est que résultat logique d'une dictature qui faisait les préceptes et le fondement de base dun état déjà mal parti.

Une question cher amis, pouvait-il s'en sortir à 10 dollars le baril, entretenir une macroéconomie ou une économie entièrement dépendante ? Ainsi pouvait-il éviter un 5 octobre que nul n'a prédit ? En tout cas s'il était encore vivant il n'aurait certainement pas pu éviter à l'Algérie un scénario à la lybienne, irakienne, syrienne ou même yougoslave

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Rabah IBN ABDELAZIZ

Bonjour, ce matin je lisai la presse algérienne, du moins celles qui est libreet pas les magouilleurs raconteurs des âneries d'el mouradia et consorts. J'ai lu 2 articles '1) la remise en cause de l'âge de la retraite, (2) Encore et encore bouderbouka à fait des siens : bloqué un avion d'air couscous alors des dizaines voir des centaines de passagers dedans : parce que le chauffeur de bouderbouka le minable le trou du cul n'était pas arriver pour le prendre de l'avion en voiture officielle et le déposer au salon du déshonneurs de cette racailles ?. Alors ne ditent pas cette vermines mal saines ne déshonnorent pas tout un peuple et le 10ème pays au monde par sa superficie en km /2. Ou en ait parties ?. Toute cette racailles dehors, qu'il retourne à faire le pompiste à El Oued, ou il était avant. Saha Ftourkoum.

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