Yasmina Khadra à Rachid Boudjedra : "Puisse mon mépris te toucher comme une grâce"

La guerre des mots continue entre les écrivains algériens.
La guerre des mots continue entre les écrivains algériens.

Longtemps resté silencieux, l’écrivain Yasmina Khadra a voulu remettre les pendules à l’heure et Rachid Boudjedra à sa place, après les attaques qu’il a subi avec d’autres écrivains dans le pamphlet du septuagénaire " Les contrebandiers de l’Histoire " .

Sur sa page Facebook, l’auteur de l’attentat a adressé une lettre à son aîné, l’exhortant de sortir " des jalousies crétines et des anathèmes". Entre paroles moralisantes et invective, Yasmina khadra a tenté de prendre de la hauteur pour ne pas sombrer dans un pathétique crêpage de chignon. Un pari visiblement difficile à tenir puisque les carambolages verbaux ont bien eu lieu.

"Je sais que tu crèves d'envie que je réagisse à tes diatribes, persuadé que mon mépris te martyriserait moins que mon silence. Qu'à cela ne tienne. Puisse mon mépris te toucher comme une grâce et t'éveiller au ridicule dans lequel tu te complais comme le ver dans le fruit", charge au début de sa lettre, Mohammed Moulessehoul.

"Tu dis que je ne suis pas un écrivain. C'est ton droit. Pourquoi te faut-il en souffrir ? Tu as voulu semer le doute au sein de ma famille. Raté. J'ai la chance d'avoir épousé la plus merveilleuse des femmes. Tu me traites de bougnoule de service ? Sache que je suis boycotté par l'ensemble des institutions littéraires de France depuis 2008", écrit-il, visiblement affecté par tant de mépris.

L’écrivain prolifique continue ainsi sa riposte, et veut acculer son assaillant, l’accusant de s’être terré en France lorsque lui et ses compagnons menaient une guerre atroce dans les maquis terroristes. "Tu contestes mon algérianité ? Je te rappelle que lorsque tu te terrais à Paris, durant la décennie noire, je menais une guerre atroce dans les maquis terroristes. Sans mes compagnons de combat et mes milliers de morts, jamais tu n'aurais remis les pieds en Algérie", se défend-il

Yasmina Khadra se jette au passage quelques fleurs, rappelant au pourfendeur en diable qu'est Boudjedra des statistiques implacables. "Détrompe-toi, Rachid. Je ne suis qu'un romancier qui s'évertue à mériter l'intérêt de ses lecteurs. Sans fard ni fanfare. Sans polémiques ni la moindre agressivité. Je travaille dur, tu sais ? Personne ne me fait de cadeaux. Ce n'est pas un hasard si je demeure, à ce jour, l'écrivain algérien le plus lu en Algérie, l'écrivain maghrébin le plus lu au Maghreb, l'écrivain araberbère le plus traduit (50 pays) et le plus apprécié (10 millions de lecteurs) dans le monde."

Enfin, Yasmina Khadra exhorte Boudjedra de soigner ses textes avant de s’attaquer aux autres qu’il appelle "les étoiles du ciel"!

"Au lieu de passer ton temps à traîner dans la boue les étoiles du ciel, Rachid, tâche de soigner tes textes. Notre pays a trop souffert des jalousies crétines et des anathèmes. Nos enfants attendent de voir en leurs génies les aurores boréales qui manquent à leur horizon. Aucun pays ne peut s'émanciper sans mythes et aucune jeunesse ne peut forcir sans idoles. Si notre pays n'en dispose pas, créons-les de toutes pièces comme font les nations fières de leur culture, au lieu de nous empresser de décapiter toute tête qui émerge.

Puisse Dieu pardonner tes aigreurs puisque je te pardonne. Avec tout mon chagrin", écrivait l'auteur des sirènes de Baghdad.

H. K.

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Commentaires (38) | Réagir ?

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staps labo

MERCI

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adil ahmed

merci

wanissa

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