Est-ce possible encore de faire bouger les choses en Algérie ?

Une jeunesse qui ne croit plus au système et dont le seul rêve est de partir.
Une jeunesse qui ne croit plus au système et dont le seul rêve est de partir.

Pas de temps, pas de moyens, pas de moral, pas de tête à tout ça… ! Nous collectionnons très facilement toutes les pirouettes et toutes les excuses, en Algérie, pour ne pas oser changer les choses, pour ne pas ouvrir notre esprit à d'autres horizons, pour ne pas bouger tout simplement!

Les miens se noient dans la routine de la paresse, sans prendre la mesure de leurs actes. Sans regarder la réalité en face. De quelle réalité parlons nous d'ailleurs, pardi ? Celle-ci peut bien souvent prendre mille visages. Or, celle qui nous concerne et nous importune, c'est toujours au fond, la plus visible à nous tous : on régresse, on régresse…on régresse !

L'Algérien éprouve, en effet, de plus en plus, le besoin de se "déconnecter" de son milieu, s'envoler dans ses rêves pour souffler un peu d'air frais, jeter ses yeux loin afin qu'il ne sombre pas dans la frustration de ne pouvoir rien faire, "zapper" ce décor politique grand-guignolesque qui le déprime plus que toute autre chose au monde…,fuir. Il semble que ses inquiétudes et ses ruminations coléreuses l'empêchent d'être à l'aise ; léger ; décontracté ; disponible au présent ; prêt à enfourcher le cheval de l'avenir, etc.

Mais si tout explique son attitude pour le moins fataliste, rien ne l'excuse, en revanche, en rien! Cette inflation de fatigue, de désespoir et d'indifférence qui l'écrase ne peut être difficile à digérer que parce que ce dernier manifeste peu d'empressement et moins de zèle à la chasser de son être profond. Puis, bricoler de la joie dans un moment de crise sera, immanquablement, synonyme d'espérance s'il est accompagné par un engagement quotidien en faveur de la collectivité et de la patrie. Cela signifie qu'il faudrait, à chaque instant, unir le geste individuel au geste collectif. Autrement dit, agir sans perdre de vue que tout ce que l'on fait, on le fait pour nous-mêmes, mais aussi pour les autres, pour notre pays.

L'équation devrait être la suivante : vu la grave démission de nos élites, il nous faut une re-mobilisation citoyenne massive. Chacun de nous à sa place, selon ses capacités, ses forces, ses compétences pour réformer ! Balayer devant sa porte d'abord avant de regarder ou de critiquer celle de son voisin ; participer, ne serait-ce que de manière symbolique, au débat public ; aimer être chez soi et signaler ce qui n'allait pas ; n'hésiter jamais à s'affilier aux associations du quartier et aux syndicats pour défendre ses droits et ceux de ses compatriotes ; s'efforcer à réaménager une atmosphère saine et déchargée de ressentiments et de rancœurs, dans un élan de solidarité citoyenne porteur de valeurs de progrès et de démocratie ; s'ingénier à débusquer les freins qui bloquent l'expression de la citoyenneté et à apprendre à les lever en douceur et surtout sans violence ; relier toutes ses démarches avec celles qui vont dans l'intérêt public, etc.

L'énergie des masses, c'est la force en action, décidément. Elle agit comme un antidépresseur social, voire un remède à la frilosité qui a atteint nos institutions au jour d'aujourd'hui. Si les Algériens arrivent à la canaliser correctement, ils éviteront, à coup sûr, de courir le risque du délitement et de l'explosion sociale.

Kamal Guerroua

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Commentaires (8) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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algerie

merci

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