Sexe, argent et violences : les controversés gourous de l'Inde

Le sulfureux Gurmeet Ram Rahim Singh
Le sulfureux Gurmeet Ram Rahim Singh

Les puissants gourous d'Inde attirent des millions de disciples dévoués mais plusieurs d'entre eux dégagent un sulfureux parfum de scandale dans un trouble mélange de spiritualité, d'argent et de pouvoir.

Dernier exemple en date: Gurmeet Ram Rahim Singh, surnommé le "gourou tape-à-l'œil" pour sa garde-robe ostentatrice et clinquante, a été condamné lundi à 20 ans de prison pour le viol de deux de ses disciples femmes.

Né en 1967 dans le Rajasthan, il était à la tête du mouvement Dera Sacha Sauda, implanté en Heryana et le Penjab, deux Etats du nord. Il est aussi présent au Canada, Autralie... Il compte des millions d'adeptes, dont des politiciens. Gurmeet Ram Rahim Singh est tombé vendredi, il a été condamné pour avoir violé deux adolescentes parmi ses adeptes en 2002. Ses adeptes ont manifesté violemment dimanche. Bilan ? 36 morts dans les affrontements. La police a dû évacuer le gourous.

Gourou à la longue barbe noire et à la garde-robe clinquante, Gurmeet Ram Rahim Singh est emblématique de ces chefs spirituels indiens suivis par des millions de personnes mais au pouvoir controversé.

Des hommes politiques aux stars de cinéma, des joueurs de cricket aux paysans pauvres, des dizaines de milliers de disciples viennent régulièrement écouter cet homme qui murmure à l'oreille des grands de l'Inde dans son vaste quartier général du nord du pays. Lorsque "pita-ji" ("révéré père") apparait devant son audience à Sirsa, ville de l'État de l'Haryana, les fidèles tombent en larmes à ses pieds pour recueillir sa bénédiction.

Les gourous, souvent des ascètes hindous, font depuis des siècles partie de la vie quotidienne des Indiens, qui estiment que leurs enseignements ouvrent la voie à l'éveil spirituel. Pour leurs détracteurs, certains de ces "hommes-dieux" modernes ne sont rien d'autre que des charlatans qui se servent de la religion comme moyen d'accéder au pouvoir, à la célébrité et à la richesse.

Ces gourous trouvent souvent un créneau auprès des masses en palliant aux carences de l'Etat indien via des repas gratuits ou des services médicaux. Mais les experts estiment que ces chefs spirituels, qui comptent aussi des fidèles parmi la classe moyenne citadine, permettent de donner un sentiment d'appartenance à une communauté et un sens à la vie dans une société en rapide mutation.

Voici quelques-uns des plus célèbres "hommes-dieux" controversés:

Rampal Maharaj

En 2014, Rampal Maharaj s'est barricadé dans son ashram gardé par des fidèles bardés de pierres, cocktails Molotov et armes pour échapper à un mandat d'arrêt.

Il a fallu plusieurs jours de siège à la police pour investir le complexe géant du gourou, qui se proclame la réincarnation d'un poète mystique indien du XVe siècle. Six personnes ont péri dans l'assaut. Selon ses disciples, le gourou se baignait régulièrement dans du lait qui servait ensuite à faire du kheer, un riz au lait consommé comme dessert et dont certains croient qu'il peut guérir des maladies.

Ashutosh Maharaj

Ashutosh Maharaj est mort en 2014 mais ses fidèles assurent qu'il est seulement plongé dans une profonde méditation. Ils conservent donc son corps dans un congélateur dans un complexe du Pendjab (nord de l'Inde) sous haute garde.

Fondateur de la secte Divya Jyoti Jagriti Sansthan (Mission de l'éveil à la lumière divine), le leader spirituel était à la tête d'un empire commercial de plusieurs millions de dollars. Un homme se présentant comme l'ancien chauffeur du gourou affirme que ses partisans refusent de restituer son corps car ils veulent toucher une part de sa fortune.

Asaram Bapu

Asaram Bapu, un gourou à la barbe blanche, a un jour condamné la Saint-Valentin comme incitant les jeunes à se livrer à des "comportements dégoûtants". Il est inculpé de viols, trafic, et agressions sexuelles sur mineurs.

À la suite de son arrestation par la police en 2013, des centaines de ses partisans se sont attaqués aux équipes de télévisions et à la police. Au moins trois témoins-clés contre le gourou ont été abattus.

Swami Nithyananda

Plusieurs accusations d'attouchements et agressions sexuelles pèsent sur Swami Nithyananda, qui n'a pas été condamné à ce jour. Cinq femmes accusent le gourou de 40 ans d'avoir abusé d'elles dans son ashram du Karnataka, dans le sud de l'Inde. Il a effectué 53 jours en prison en 2010 après la divulgation d'une vidéo explicite, qui le montrerait en train de caresser deux femmes.

Lorsqu'une chaîne de télévision locale diffusa ces images, des villageois en colère ont attaqué son quartier-général. Nithyananda, qui détient aussi un grand centre de méditation à Los Angeles, affirme posséder des pouvoirs paranormaux comme la lévitation.

Sathya Sai Baba

Sathya Sai Baba était l'un des gourous les plus célèbres et suivis d'Inde, connu pour son vaste empire d'œuvres de bienfaisance. À sa mort en 2011, il a reçu des funérailles d'État, auxquelles ont assisté notamment le Premier ministre d'alors Manmohan Singh et l'icône du cricket indien Sachin Tendulkar.

Son fonds était souvent critiqué pour son opacité financière. Après son décès, 98 kilos d'or, 307 kilos d'argent et 115 millions de roupies (1,5 million d'euros) en billets ont été retrouvés dans ses appartements privés.

Avec AFP

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Commentaires (12) | Réagir ?

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adil ahmed

danke schoon

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adil ahmed

merci

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