11 personnes tuées dans des violences post-présidentielles au Kenya

11 personnes tuées dans des violences post-présidentielles au Kenya

Au moins 11 personnes ont été tuées au Kenya depuis l'annonce vendredi soir de la réélection du président Uhuru Kenyatta, l'opposition ayant encore durci sa rhétorique en assurant qu'elle ne renoncerait pas à contester ce résultat.

Depuis vendredi soir et la proclamation par la Commission électorale (IEBC) de la réélection de M. Kenyatta, 55 ans, au moins 11 personnes, dont une enfant de neuf ans, ont été tuées dans l'ouest du pays et les bidonvilles de Nairobi, des fiefs de l'opposition.

Huit cadavres de personnes, dont sept tuées par balle, en provenance de Mathare, Kibera et Kawangware, des bidonvilles de la capitale, ont été amenés à la morgue de Nairobi, a indiqué à l'AFP une source policière.

Le corps d'une fille de neuf ans tuée samedi matin à Mathare, alors qu'elle se trouvait sur un balcon au quatrième étage d'un immeuble, devait être encore transporté à la morgue, selon la même source. Enfin, deux décès ont été rapportés près de Kisumu (ouest) et dans le comté voisin de Siaya, de sources hospitalières et policières.

La coalition d'opposition Nasa, qui avait déjà qualifié la réélection de M. Kenyatta de "mascarade", a encore haussé le ton. "Nous ne nous laisserons pas intimider, nous ne renoncerons pas", a asséné Johnson Muthama, l'un de ses hauts responsables.

Sans apporter le moindre élément de preuve, M. Muthama est même allé jusqu'à affirmer que la police avait tué "plus de 100 Kényans innocents, dont dix enfants". Selon un décompte de l'AFP, les violences liées à l'élection ont fait au moins 17 morts depuis mercredi dans ce pays de quelque 48 millions d'habitants.

Des éléments criminels

La nuit a été marquée par des scènes de pillages à Kibera, et des émeutes dans les autres bidonvilles de Nairobi et à Kisumu. Les troubles ont continué samedi dans les mêmes endroits, des jeunes munis de pierres engageant des batailles de rue avec la police.

La répression par les forces de sécurité a été implacable, même si le ministre de l'Intérieur, Fred Matiangi, a certifié que la police n'avait pas fait un "usage disproportionné de la force contre un quelconque manifestant où que ce soit dans le pays".

Un photographe de l'AFP a toutefois vu la police tirer des coups de feu en direction d'émeutiers dans la nuit à Kibera. Et l'ONG Médecins sans frontières a indiqué avoir traité 54 personnes, dont sept blessés par balle, dans le seul bidonville de Mathare.

Human Rights Watch a par ailleurs appelé les forces de sécurité "à faire baisser et non augmenter la violence". Mettant ces incidents sur le dos "d'éléments criminels qui ont tenté de prendre avantage de la situation, en pillant et détruisant des propriétés", M. Matiangi a assuré que "la sécurité prévaut complètement dans le reste du pays".

Crédité de 54,27% des voix, M. Kenyatta, au pouvoir depuis 2013, avait tendu vendredi soir la main à son principal rival Raila Odinga (44,74%), dans une adresse à la Nation. "Nous devons travailler ensemble (...) nous devons ensemble faire grandir ce pays", avait-il lancé, appelant l'opposition à ne pas "recourir à la violence".

Il y a dix ans, plus de 1.100 personnes avaient été tuées et 600.000 déplacées en deux mois de violences post-électorales, les pires depuis l'indépendance en 1963, après la réélection fin décembre 2007 de Mwai Kibaki, déjà contestée par M. Odinga.

Odinga silencieux

Ce souvenir ne signifie cependant pas forcément que le pays se dirige dans la même direction. Même si elles remettent en lumière de vieilles divisions tribales, les violences sont pour l'instant circonscrites aux bastions de l'opposition.

Le calme régnait dans une bonne partie de Nairobi, dans le centre du pays, ainsi qu'à Mombasa, sur la côte. Et seule l'ethnie Luo, celle de M. Odinga, semblait se mobiliser, les autres composantes de Nasa, les Luhya et Kamba, restant pour l'heure à l'écart des violences.

Le contexte politique est également différent. En 2008, l'essentiel des violences avaient alors opposé les Kikuyu de M. Kenyatta aux Kalenjin. Or ces deux ethnies sont désormais alliées, le vice-président William Ruto étant un Kalenjin.

Reste que l’opposition, qui a écarté l'éventualité d'un recours en justice, ayant saisi en vain la Cour suprême en 2013 pour contester la victoire de M. Kenyatta, ne semble pas décidée à relâcher la pression. Nasa a préféré s'en remettre au "peuple" sans explicitement lui demander de descendre dans la rue. M. Odinga, 72 ans, qui jouit d'une influence énorme sur sa communauté Luo, est resté silencieux depuis vendredi.

L'opposition, dont les autres principaux dirigeants se sont également fait discrets ces 24 dernières heures, dénonce depuis mardi, jour du scrutin, des fraudes massives et affirme que M. Odinga est le vainqueur légitime.

Mais les missions d'observation internationales ont globalement salué la bonne tenue des élections. Et le groupe d'observateurs indépendants kényans ELOG, qui avait déployé 8.300 personnes sur le terrain, a publié samedi des conclusions "cohérentes" avec les résultats officialisés par l'IEBC.

AFP

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Commentaires (8) | Réagir ?

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adil ahmed

danke schoon

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boukhalat souaad

merci

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