L'edito de Ghania Hammadou Algérie le maillon faible

L’edito de Ghania Hammadou

Algérie le maillon faible

En remettant au goût du jour l’infaillible recette de la
"main-perfide -de-l’étranger-lançant-une-armée-de-mercenaires-à-l’assaut-du-pays", tant de fois exploitée en son temps par le FLN pour faire diversion et « ressouder l’unité nationale » dans des moments de crise majeure ou de dissidence mettant en péril son hégémonie, M. Bouteflika visait un double but : Un, assurer le sauvetage de sa « réconciliation nationale » qui prend l’eau de toutes parts, en brouillant autant que possible la piste islamiste et en déchargeant ses organisations armées de leur implication dans la recrudescence des attentats ; deux, suggérer, en seconde lecture de cette version publiquement assumée de « l’ennemi extérieur » cause de toutes nos épreuves, une autre, sous entendue celle-là, donc confidentielle et confinée à un cercle d’initiés, d’une terreur fomentée par des « éradicateurs » de l’armée algérienne opposés à sa politique de réconciliation avec les intégristes, appuyés par des éléments de la société civile.

Sitôt émise, la théorie présidentielle fait son chemin et s’installe dans le discours officiel. Dès le lendemain de l’attentat de Batna, on a entendu la partition mise en vogue par Bouteflika reprise en chœur par ses ministres, bien évidemment, mais aussi par ses nombreux courtisans, en particulier les adeptes du « Qui tue qui », une astuce mise au point au plus fort de la terreur pour blanchir l’islamisme de ses crimes et accabler l’ANP, désignée auteur de cette violence, donc ennemie à abattre.

Le lobby du « qui tue qui », à une certaine époque le meilleur défenseur qui soit l’armée islamique et de ses avatars, MIA, GIA, pourrait aussi bien entonner aujourd’hui ce nouveau credo.

C’est que la formule par laquelle le pouvoir tente désormais d’occulter l’implication des groupes islamistes armés − quels que soient les noms qu’ils s’attribuent, GSPC ou Al Qaïda, quels que soient ses modes opératoires, ses cibles, les moyens employés pour détruire et semer la mort −, a toutes les apparences d’un nouveau « qui tue qui ». Elle remplit déjà les mêmes fonctions, joue le même rôle que celui-ci qu’elle semble en être une nouvelle déclinaison, une manière de « qui tue qui » version Bouteflika en somme. Il faut donc à l’avenir nous attendre à ce qu’on nous la débite à chaque fois qu’une bombe explosera dans le pays.

Chaque jour qui passe montre que le pouvoir n’a rien à proposer pour la sécurité du pays, il n’a aucune riposte à opposer à l’ennemi quel qu’il soit, mercenaire au service de « puissance étrangère » ou autochtone converti à une cause, ni stratégie de lutte, ni ébauche d’un front anti-terroriste, rien de tout cela, surtout pas cela. Un tel front, une pareille stratégie impliquent une démarche anti-islamiste qu’il n’est pas prêt à mener. Non, rien de tout cela : juste des formules incantatoires, genre « la main de l’étranger », des faux-fuyants, des subterfuges qui risquent de mener le pays droit contre le mur. Et du reste, nous y sommes presque, contre le mur. Le terrorisme qu’on prétendait vaincu a repris du poil de bête et le pays au « prestige restauré » est devenu terre de parcours d’Al Qaïda, Al Qaïda obsession des USA, au prétexte duquel ils n’ont pas hésité à envahir, mettre à sac et maintenant dépecer l’Irak. Car pendant que l’alliance des réconciliateurs rassemblés autour de Bouteflika, s’acharne à occulter la filiation et les sources de ce regain de terreur ; pendant que les assassins réinvestissent la maison Algérie, y confortent leurs positions et recrutent à loisir des kamikazes à peine sortis de l’enfance qui iront se font exploser sur les places de nos marchés, pendant ce temps-là, Bush, ses faucons belliqueux et tous les s’en-va-t’en-guerre occidentaux intéressés par une part du gâteau s’apprêtent à fondre sur le Sahel − le butin irakien étant déjà partagé.

Pour le Pentagone, Al Qaïda n’est pas une fiction. Pour lui, elle existe et elle est même l’inspiratrice voire l’animatrice d’une internationale terroriste dont la branche maghrébine est particulièrement active en Algérie, un Etat déliquescent. Le maillon faible d’une région stratégique qu’il faut placer sous surveillance.

Voilà le loup US à nos portes, n’attendant qu’une occasion pour y pénétrer. Prenez garde, M. Bouteflika à ne pas la lui offrir !

Ghania Hammadou

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Commentaires (2) | Réagir ?

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alger ois

Le titre du film évènement en France "L'ennemi intime" s'applique très bien à la réalité algérienne...

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Rachida Ziouche, ouarda medjahed

Pour que l'histoire ne soit pas falsifiee

A Ratiba, la militante d?hier et d?aujourd?hui

Hachemi Cherif a été accompagné durant 40 ans par Ratiba Chergou avec qui il avait eu deux enfants : Bilal et Meriem.

Oublier ou faire oublier ces trois personnes est une atteinte à la mémoire du défunt.

Oublier ou faire oublier ces trois personnes est inacceptable à leur égard.

Le principe d?une commémoration est fondé sur le respect de la famille du défunt : ses frères et s?urs, sa compagne de 40 ans, leur deux enfants Bilal et Mériem.

Le sens d?une commémoration est de s?incliner devant la mémoire du défunt et surtout de rendre un hommage à ses proches en évoquant le militant, mais aussi l'homme qu?il était.

Nous signataires de ce texte, nous constatons dans les multiples hommages rendus à HACHEMI CHERIF une omission délibérée de relater 40 ans de sa vie ; 40 ans où RATIBA CHERGOU l'a accompagné.

Sur cette d?Algérie que ces deux militants ont contribué à libérer, existent encore des témoins ayant connu une phase très importante de la vie de Hachemi, une phase qui a duré 40 ans.

Pour éclairer ceux qui se rappelent de Hachemi et feignent d?oublier les membres de sa famille, nous rappelons : « Hachemi a été marié durant 40 ans avec une femme pas comme les autres. Il a été marié avec Ratiba CHERGOU, figure emblématique de notre Algérie ».

Nous leur rappelons que Ratiba CHERGOU a milité depuis les premières années du déclenchement de la Révolution Algérienne. Elle était parmi les artisans de la résistance populaire à Alger.

Agent de liaison, active, elle a participé à plusieurs actions, dont la grève des huit jours.

Elle a vécu trois prisons ; Serkadji, El Harrach, Bouira et trois camps de concentration : Beni Messous, Tifichoune, Bordj Militaire de Tizi Ouzou.

Dans ces sinistres lieux, elle a organisé la résistance avec les femmes, poursuivant la lutte jusqu?à l'indépendance.

Elle fut libérée du camp de Tizi Ouzou, exactement le 19 mars 1962.

Ratiba CHERGOU avait à peine 17 ans quand elle a adhéré à l'OCFLN, c?était en 1957.

Comment pouvait-il être autrement quand on nait et on grandi dans une famille révolutionnaire ?

Ratiba CHERGOU, la militante n?a pas émergé au hasard de la lutte. Chez les ALIOUI, sa famille maternelle, dés qu?un jeune était en âge de s?engager dans la révolution, il était tout de suite pris en charge par ses aînés.

Le même engagement caractérisait sa famille paternelle, les CHERGOU :

? Mustapha CHERGOU, chahid conu à Belfort (El Harrach), dont la grande rue porte son nom ;

? Son frère Abderrahmane CHERGOU, qui ne connaît pas Abderrahmane CHERGOU ? Officier de l'ALN, militant toute sa vie pour l'Algérie et pour la cause nationale, cousin germain de Ratiba ; meilleur ami de Hachemi CHERIF.

Hachemi et Abderrahmane ont été désignés tous les deux sous-préfets. Le premier à Palestro qu?il a baptisé Lakhdaria et le deuxième à Miliana.

Nous nous inclinons devant la mémoire de Hachemi CHERIF.

Nous nous inclinons devant la mémoire de Abderrahmane CHERGOU, lâchement assassiné par les terroristes et nous adressons un hommage particulier à sa femme Fella et leurs deux enfants Amina et Nazim.

Nous signataires, nous nous interrogeons : « de quel droit efface-t-on ces pages de l'histoire de Hachemi CHERIF, 3

Comment est-ce possible de nier RatibaCHERGOU dans les hommages rendus à Hachemi CHERIF ?

Comment faire abstraction de Ratiba CHERGOU la compagne durant 40 ans de Hachemi CHERIF ?

Comment faire abstraction de Ratiba CHERGOU qui a lutté contre le colonisateur français et qui lui a résisté de façon exemplaire ?

Comment faire abstraction de Ratiba CHERGOU la militante qui a continué à construire l'Algérie après avoir lutté pour son indépendance ?

Ratiba CHERGOU n?a jamais failli à ses idéaux.

Ratiba CHERGOU a toujours accompli ses missions.

Dans son travail au CHU Parnet, au c?ur du quartier populaire d?Hussein Dey, elle a fait preuve d?abnégation et de compétence jusqu?à sa retraite. Ses collègues en témoignent plus que le diplôme d?honneur que l'Etat lui a décerné.

Nous signataires, nous avons connu Ratiba CHERGOU, qui a contribué à la réussite de Hachemi CHERIF, son mari avec qui elle a donné la meilleure éducation à leurs deux enfants, Bilal et Mérièm.

En mémoire à Hachemi CHERIF, à l'homme qu?il était, nous adressons cet hommage à Ratiba CHERGOU qui l'a accompagné durant 40 ans.

Cet hommage est fondé sur notre refus de voir ternir une noble page de la vie de Hachemi CHERIF et Ratiba CHERGOU.

Cet hommage est fondé sur notre refus de voir jeté dans l'oubli une phase importante de leur vie.

Rappelons à celles et à ceux qui veulent oublier que Ratiba CHERGOU à consacré sa vie entière à Hacheli et à leurs deux enfants Bilal et Mérièm.

Rappelons que Ratiba CHERGOU a failli perdre sa vie suite à l'attentat manqué contre Hachemi CHERIF, le 11 avril 1993. On onblie souvent de souligner qu?elle était à ses côtés, ce jour-là. Suite à quoi on l'a obligé à quitter son pays. Pays qu?elle n?a jamais dénigré et qu?elle a continué à porter dans son c?ur. Ce qui explique sa détermination à y retrourner et à y vivre jusqu?à la fin de ses jours.

Nous adressons cet hommage à Ratiba CHERGOU.

Nous adressons cet hommage à Bilal, le fils aîné que Hachemi et Ratiba ont enfanté.

Nous adressons cet hommage à Mériem la fille que Hachemi et Ratiba ont enfantés.

A vous trois, qui avez contribué à enrichir la pensé de Hachemi CHERIF, par votre amour, votre estime, votre respect et par votre soutien.

A toi, Ratiba CHERGOU, qui a accompagné Hachemi CHERIF durant 40 ans, nous adressons haut et fort cet hommage.

A ses frères et s?urs, à toute sa famille nous rendons cet hommage.

N. B : Cet hommage est soumis à l'approbation et à la signature de celles et de ceux qui ont connu Ratiba CHERGOU, Bilal et Mériem.

PREMIERS SIGNATAIRES :

Ouarda MEDJAHED, Rachida ZIOUCHE ; Mimi MAZIZ ; Fatma BOURAI ; Khadidja HAMENED ; Farida AMROUCHE ; Jeannine BELKHODJA ; OUZEGANE Fetouma ; Mimi MADASSI ; Hassiba ABDELOUAHAB ; Akila ABDELMOUMENE ; BENCHENTOUF Malika ; Leïla MEKKI ; BELGUEMBOUR Farida ; Fadila CHENTOUF ; KHELOULI Bahia ; MAACHA Louisa ; Zahia KERNANE ; YAGOUNEBIA Zohra ; YAGOUNEBIA Hakima ; DAMIS Zohra ; BOURENANE Nadia ; SAIDI Zakia