Rendez la révolution et l'indépendance du pays aux Algériens !

Rendez la révolution et l'indépendance du pays aux Algériens !

Il est plus que temps d’arrêter d’utiliser nos martyrs comme source à la légitimation de l’oppression d’Algériens "vivants".

"La première loi de l'histoire, c'est de ne rien dire de faux, la deuxième c'est de dire ce qui est vrai" Cicéron. L'Histoire de l'Algérie est celle d'un pays, qui n'a cessé de défendre les armes à la main, son droit à une existence descente.

Durant la période du colonialisme français en Algérie, le peuple algérien a été spolié de ses richesses, réduit à l’esclavage, privé de son identité, de sa liberté, et l'Algérien humilié, écrasé par la misère, marqué par la répression et l'injustice, dépourvu des droits humains les plus élémentaires.

Le 5 juillet 1962, l'Algérie accédait à l'indépendance, après une guerre des plus héroïques et également des plus meurtrières, le peuple Algérien venait de reconquérir le droit de reprendre en main les rênes de son destin. Ce qui était un rêve pour un grand nombre d’Algériens et aussi même, une mission impossible et à combattre pour certains, est devenu par la force des armes une réalité. Tous les espoirs étaient permis, à partir de l’été 1962.

En ce 5 juillet 2017, soit 55 ans après l'indépendance, nous voulons commémorer les événements qui ont jalonné l'histoire de notre pays, car c'est un droit et surtout un devoir pour tout citoyen. Nous refusons que la mémoire collective de tout un peuple, qui a tant souffert et tout sacrifié, soit confisquée par un clan quelconque du pouvoir ou à son service.

Le pouvoir et son parti FLN-post-indépendance ont tenté de construire la Nation sur le modèle jacobin, uniformisateur et centralisateur à outrance, hérité de la colonisation. Ils ont renforcé au maximum le pouvoir de l’Etat, qui a envahi le peuple, la nation et la société. Ils ont détruit l'espace de liberté qui nous est parvenu de la lutte de libération nationale, et pourtant, les libertés démocratiques étaient inscrites dans la proclamation du 1er novembre 1954.

Ce FLN-post-indépendance qui se veut aujourd'hui, comme hier, - mais il y a une grande différence entre le discours et la pratique -, guide, tète et conscience du peuple, a été réduit à un appareil bureaucratique au service d’un régime "bonapartiste" mis en place par ses propres zaïms. Il a perdu sa justification première, la lutte pour l'indépendance nationale, âme du peuple, cause sacrée, qui a mobilisé des millions d'Algériens derrière lui. Il a perdu son souffle révolutionnaire. Il ne s'est pas adapté aux importantes mutations de la société, et a dilapidé l'héritage de la révolution. Il est devenu un parti d'appareil et de privilégiés.

Ses dirigeants et militants ne font qu’abuser des privilèges économiques et des insignes sociaux du pouvoir. Sa réelle place, est à protéger au musé comme un patrimoine valeureux de tous le peuple algérien. Il faut l’arracher des mains de cette minorité de vampires qui l’utilisent pour mieux sucer le sang du pauvre peuple d’Algérie.

La Révolution contre le colonialisme sauvage français a enfanté dans la douleur, dans le sang et les sacrifices, LA LIBERTE, celle du peuple algérien. Ceux qui ont mis fin à l’obscurité coloniale afin que l'aube de la liberté se lève sur l’Algérie, ceux qui se sont battus pour la liberté dont le peuple Algérien était privé, dans les maquis, les prisons, ceux qui ont vécu le temps du vrai courage et du grand sacrifice et ont connu le prix des larmes et du sang, ceux qui ont lutté pour être des hommes libres dans un pays libre, ont combattu, sans relâche, non seulement pour l'indépendance du pays, mais pour vivre dans la dignité et la liberté, et le droit à une vie descente, meilleure, et loin de tout oppression.

Hélas, dans l'Algérie indépendante, les exactions, les sévices commis dans les salles d'interrogation et le secret des cachots, ne sont pas des faits isolés ou des souvenirs de notre passé colonial, mais une pratique quotidienne menée par les services du pouvoir et avec des moyens sophistiqués, qui rappellent cette triste époque de la lutte de libération nationale. Aucun argument, aucune raison, ni la défense du régime, ni la raison d'Etat, invoquée de manière injuste et abusive pour réprimer les opposants et les condamner au silence, ne peuvent justifier la nécessité de la torture, punie comme un crime contre l'humanité dans toute « démocratie » qui se respecte.

La constitution de 1963, l'article 16, stipule que "La République reconnaît le droit de chacun à une vie décente et à un partage du revenu national." D'autres lois ont été également adoptées par le pouvoir, elles font obligation aux dirigeants du parti et de l'Etat de vivre seulement de leurs salaires, et de ne posséder directement ou par personnes interposées, ni affaires, ni richesses, Qu'en est-il dans la réalité quotidienne de notre pays ?

Les milliardaires algériens, de plus en plus nombreux, se placent au-dessus des lois, étalent leurs richesses, construisent des villas somptueuses à l'intérieur et à l’extérieur du pays, et continuent d’investir un peu partout dans le monde. Alors que la majorité du peuple, vit dans la misère la plus atroce et fait face à une austérité sans merci….

L'histoire de la guerre de libération nationale a été falsifiée, faussée et biaisée. Le rôle de ses différents acteurs est gonflé ou passé sous silence, selon les positions, qu’ils occupent, au sein du pouvoir ou vis-à-vis de lui. Des personnages obscurs, qui n'avaient connu la guerre (ils étaient au Maroc, en Tunisie, en Egypte,…) que par les mass-médias, nous sont présentés aujourd'hui comme des héros, libérateurs de ce pays du joug colonial.

- Nos martyrs sont-ils morts pour que les harkis soient honorés et les vrais Moujahidine marginalisés ?

- Nos martyrs sont-ils morts pour qu’on distribue des médailles à certains colonels, à certains généraux qui n’étaient rien d’autre que d'anciens officiers de l'armée française qui n'avaient rejoint l'ALN qu'en 1961?

- Nos martyrs sont-ils morts pour que leurs femmes, enfants (familles de Chahids) soient marginalisés, humiliés et leurs droits bafoués ?

- Nos martyrs sont-ils morts pour que les fils de harkis s’accaparent de nos richesses et se réjouissent de tous les privilèges au détriment du ce pauvre peuple qui a tant souffert et donné TOUT pour l’Algérie ?

- Nos martyrs sont-ils morts pour que l’ANP qui, hier, s’est battue côte à côte avec nos martyrs contre l’armée française et qui, aujourd’hui, tourne ses armes, contre les jeunes Algériens, mains nues, qui crient leur ras le bol de ce système ?

- Nos martyrs sont-ils mort pour que les Amazighs, piliers de la révolution anticoloniale, soient opprimés et leur langue et culture mises hors la loi ? Avant même la mise en place définitive du pouvoir, les déclarations enflammées d'un Ahmed Ben Bella sur le caractère "arabe" de la nation et sa politique d'Arabisation forcée, donnent le ton et fixent une orientation générale qui allait progressivement se concrétiser et se renforcer sous les différents présidents. Le paysage idéologique et politique algérien a toujours ete, dès le départ, nettement hostile à la question amazighe, et ce jusqu'à nos jours. L'officialisation et l'institutionnalisation de Tamazight, ces derniers temps, ne sont que de la poudre aux yeux, tant qu’il n’y a pas une prise en charge réelle et effective de cette question par l’Etat.

- Nos martyrs sont-ils morts pour que les femmes, qui avaient jouées un rôle considérable et prépondérant dans la révolution anticoloniale, soient écrasées, marginalisées, réduites à des poules pondeuses, éternelles mineurs et esclaves femmes au foyer ?

- Nos martyrs sont-ils morts pour, que les services de sécurité au service du pouvoir continuent chaque jour, et ce depuis l’indépendance du pays, à frapper, à torturer, à humilier et à pratiquer la HOGRA de ce pauvre peuple démuni dans tous leurs locaux ?

Tous les textes fondamentaux de la Révolution, l'Appel du 1er Novembre 1954, la plate-forme de la Soummam de 1956, le programme de Tripoli de 1962, proclament les libertés fondamentales. Sur le plan international, la Révolution algérienne a proclamé, dés sa naissance son attachement à la charte des nations unies qui souligne, avec force "le respect universel et effectif des Droits de l'Homme et des libertés fondamentales pour tous"

Les pratiques contraires aux libertés fondamentales, l'injustice, l'arbitraire, la forfaiture qui est la violation du droit par ceux qui sont chargés et supposés de le faire respecter.

Un spécialiste des lois, Montesquieu, n'a-t-il pas écrit: "Il n'y a pas de plus atroce tyrannie que celle qui s'exerce à l'ombre des lois et sous les couleurs de la justice."

Ignorer les droits fondamentaux d’un peuple et leur opposer un arrogant mépris, priver les citoyens de la liberté d'expression, de la liberté d'opinion, empêcher les voix autres que celles du pouvoir en place et de ses larbins-serviteurs, de s'exprimer sur les problèmes cruciaux qui concernent la société, c'est mutiler le peuple et le condamner à toute sorte de déchéance politique, culturelle et intellectuelle.

Depuis 1962, nos martyrs ainsi que la Révolution anticoloniale ont servis de source de légitimation à l’oppression d’Algériens "vivants".

Ainsi, le pouvoir "bonapartiste" algérien a détourné les biens du peuple au nom des martyrs. Il a séquestré des martyrs au nom des martyrs. Il a assassiné au nom des martyrs. Il a torturé au nom des martyrs. Il a pérennisé le système colonial (dépendance politique et économique) au nom des martyrs.

Nos martyrs ne sont-ils pas morts pour :

- la liberté ? Nous, Algériens, n’ont eus droit qu’à la liberté de la matraque, du silence, de la soumission, de la répression ou du bafouement de toute liberté.

- la dignité du citoyen Algérien ? Notre dignité est sans cesse piétinée par ceux-là même qui ont pour charge et responsabilité de la garantir et de l’assurer.

- la démocratie ? Le peuple Algérien qui avait supporté les affres de la guerre, a été renvoyé aux vestiaires, dès l’indépendance. Il sera invité, de temps en temps, à des plébiscites ridicules et des mises en scènes préfabriqués, réduisant ainsi la vie publique et politique à des magouilles de coulisses et des luttes de clans régionalistes et tribalistes. Ce qui a conduit, d’une manière prémédité et bien organisé, à la destruction et la clochardisation de la société algérienne de bout en bout.

- la justice sociale ? Les fortunes colossales des "milliardaires qu’a engendré le régime de Boumediene et de ses successeurs", fruit de détournement des deniers du peuple, auront désormais pignon sur rue. Pendant ce temps, chômage, crise de logement, hausse des prix sur les produits de première nécessité, quand ils ne sont pas frappés de pénuries (souvent calculés et organisés), constituent le lot et le fardeau que subit le pauvre peuple algérien au quotidien.

- le respect des Droits de l’Homme, la liberté d’expression,…. ? Depuis 1962, combien de citoyens, de politiciens, défenseurs ou opposants au régime, sont morts sur les tables de torture de l’Algérie libre et indépendante? Combien ont été traumatisés et marqués dans leur chair et dans leur âme, pour le restant de leur existence ?

- éradiquer les diverses pratiques moyenâgeuses de torture, d’abus et d’injustice ? En Algérie, on feigne d’ignorer les conventions internationales interdisant l’usage de ces pratiques et en guise d’encouragement on décerne, à ces bourreaux, des médailles du mérite et des postes plus élevés dans le système tortionnaire.
Garder le silence devant de telles horreurs, que la morale la plus élémentaire réprouve, et qu’aucune raison ne peut justifier, relèverait de la pure et honteuse complicité.

Garder le silence quant à notre indépendance qui a été confisquée, relèverait de la pure connivence avec ce pouvoir illégitime, corrompu et dictatorial. Il est de notre ultime devoir de défendre la mémoire de nos pères, mères, grand pères,… nos martyrs contre toutes les exactions dont a fait preuve ce pouvoir, en place, depuis l’"indépendance".

En tant que citoyens, nous avons des responsabilités envers ce pays, nous devons assumer pleinement notre citoyenneté, nous devons refuser d'être des spectateurs impuissants de notre propre histoire et de la dérive de notre cher pays. Du fond de leurs tombes, nos martyrs nous interpellent pour faire cesser le marchandage honteux et la manipulation de leur mémoire à des fins politiciennes. Nous devons êtres plus que jamais déterminés à relever le défi du combat pour une Algérie digne du sacrifice de nos Martyrs et des aspirations étouffées de son peuple.

Car, ni la répression, ni la violence... ne pourront empêcher le mouvement inéluctable de notre société vers son émancipation.

L'aspiration du peuple algérien à la liberté est un mouvement profond qui peut être ralenti mais qui ne s'arrêtera jamais, quels que soient les obstacles, les entraves et les embûches, et l'unique solution, la voie étroite qui s'imposera tôt ou tard, consisterait à les reconnaître et à les mettre en pratique, afin de ne pas condamner l'avenir de nos enfants et des futures générations, et vouer le pays à l'impasse, dans laquelle il se débat actuellement.

Les idées ne demeurent jamais solitaires, elles finissent toujours par triompher.

Rachid Hamal

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Commentaires (10) | Réagir ?

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staps labo

L'Algérie est mon pays

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messwar mess

MERCI

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