Réflexion sur la pluralité algérienne

Réflexion sur la pluralité algérienne

Le concept d’algérianité suppose la pluralité et la diversité de sa composante pleine et entière sans distinction et prédominance aucune ainsi que le rejet de toute forme d’unicité d’où qu’elle vienne et sous toutes ses formes, identitaires, linguistiques, religieuses, culturelles et autres.

Il est le point cardinal de toute ligne organisationnelle pour une Algérie tournée vers l’avenir avec tous ces enfants unis. Mais hélas, la vacuité, le vu et le vécu quotidien, dans bien des cas, amplifiés par des dogmes idéologiques ainsi que par la non-gouvernance de ce qui est appelé Etat, semblent en dehors de ce principe. Cet état de fait est l’un des facteurs qui ont engendré la situation actuelle et tiré l’Algérie vers le bas. La raison aurait voulu à ce qu’il y ait au niveau des pouvoirs qui se sont succédé depuis l’avènement de l’indépendance (03 juillet 1962 date réelle) une réflexion, une pensée politique et pédagogique en tout point de vue et en adéquation avec la réalité, géographique afro-méditerranéenne et historique jalonnée dans le temps par l’enrichissement des apports civilisationels, depuis son entrée dans l’histoire universelle (installation de deux comptoirs phéniciens à l’actuelle Tigzirt – wilaya de Tizi Wezzou).

Par contre, si ce qui est considéré comme Etat et gouvernance s’étaient axés sur la construction de la nation qui est un bien commun, sur le développement économico-financier, sur la démocratie républicaine et sociale ainsi que sur la formation citoyenne en lieu et place des factuelles et d’arguer des fuites en avant ainsi que des accusations de la main étrangère au moindre problème et contrainte, ou autre fallacieux motifs pour détourner l’attention de la cité sur les réels problèmes et l’y focaliser tout en le manipulant, l’Algérie aurait pu éviter bien des déboires, des marasmes et des crises multiformes et multidimensionnelles.

Ce n’est pas en salivant ou en allongeant à profusion des écrits noirs sur les pages blanches de telle ou telle prétendue constitutionnalisation qu’on se dédouane de la négation sournoise du plurilinguisme (arabe et amazigh ou vice versa) algérien, voir nord-africain et pays limitrophes, par le fait de l’histoire, de la formation des peuples et des pays ainsi que des nations, car aucune factuelle ne saurait tamiser le palpable et balayer du revers de la main le retour de la têtue vérité vraie au moment où on l’attend le moins et que l’on ne choisit pas.

Les conséquences de l’élément déclencheur du printemps amazigh (berbère) de 1980 ont-elles été perçues sans calcul et mesurées auparavant par les pouvoirs qui l’ont engendré à la suite d’une interdiction de conférence qu’allait animer le regretté Mouloud Mammeri à l’université de Tizi Wezzou ? La répression sauvage, irréfléchie et assassine du printemps noir de 2001 contre les marcheurs pacifiques qui dénonçaient le dédain, la désaffectation économiques, financière et sociales ainsi que l’inégalité juridique de statut dans les faits entre les deux langues algériennes que sont tamazight et l’arabe (ou vice versa), n’a-t-elle pas servi d’alibi à des fins occultes, entre les réels décideurs, et de focalisation des populations pour ne pas s’intéresser à d’autres questions de l’heure qui secouent l’Algérie ? Le machiavélisme, les actions de dénaturer la composite algérienne, le favoritisme, l’absence de volonté politique pour réconcilier l’algérien avec ce qu’il est et l’opposition d’une langue à une autre ne sont- ils pas aussi le produit des prises de positions politiques des uns et des autres qui, au demeurant et à juste titre, son forts compréhensibles même si elles ne sont pas partagées par tous dans leurs globalités ?

Outre les symptômes politico-économico-financiers et sociétal qui rongent et hypothèques inlassablement le devenir de l’Algérie dans son ensemble par le fait d’une gouvernance irréfléchie et ethniciste qui cache bien les enjeux; les questions identitaires, linguistiques et culturelles n’auraient pas de complexes supposés et raisons d’être si le pouvoir n’était pas un outil d’application de je ne sais quoi et quelles convictions. La dénégation, la hiérarchisation et le décalage d’officialisation discriminatoire qui institutionnalise un deuxième collège linguistique, la redondance, l’adverbe - également - (facteur de doute), et les non-dits dans les textes voulues par le législateur d’hier et d’aujourd’hui, le dogmatisme idéologique et politique interne et extraterritorial ont prévalu et prédominé sur la sagesse et le bon sens, à l’instar des nations et peuples libre pour le vivre ensemble dans la pluralité et la diversité dans une Algérie meilleure.

Mon ami et compagnon de combat, le Dr Mouloud Lounaouci, du printemps amazigh (berbère) d’Avril 1980 a, lors de la commémoration de cette date anniversaire à Montréal – Canada- (20 avril 2017), abondé, en quelques sortes et en des termes différents, dans le même sens que moi sur ce que j’ai toujours compris à propos de la constitutionnalité de Tamazight sur le plan national et officiel comme un flou juridique "Mme Martine Aubry, maire de Lille – France- avait dit : quand il y a un flou, il y a un loup", un écran de fumée, un leurre et une tromperie citoyenne. Celui-ci avait même considéré, lors de cette conférence, les démarches du pouvoir de truanderie politique.

Châteaubriand avait dit : Pour être l’homme de son pays, il faut être l’homme de son temps. Toute la question est là.

Madjid Ait Mohamed (*)

* Ancien membre du Mouvement Culturel Berbère (1980)

* Membre fondateur de la Ligue algérienne pour la défense des Droits de l’Homme

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Commentaires (9) | Réagir ?

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algerie

جزاكم الله خيرا

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adil ahmed

Merci pour cet article

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