Mandats d'arrêt lancés contre des journalistes par le pouvoir turc

Le propriétaire et d'autres responsables du journal d'opposition "Sozcu" pourchassés par Erdogan
Le propriétaire et d'autres responsables du journal d'opposition "Sozcu" pourchassés par Erdogan

Des mandats d'arrêt ont été émis vendredi en Turquie contre le propriétaire et d'autres responsables du journal d'opposition "Sozcu", a annoncé l'agence de presse gouvernementale Anadolu, dans un climat d'intensification de la répression visant les médias critiques du pouvoir.

Burak Akbay et trois autres personnes travaillant pour Sozcu, dont celle chargée du site internet de ce quotidien, Mediha Olgun, sont accusés d'avoir des liens avec le mouvement du prédicateur musulman Fethullah Gülen dont Ankara réclame aux Etats-Unis l'extradition pour son implication, qu'il nie, dans le coup d'Etat avorté de juillet, selon la même source.

Mediha Olgun a d'ores et déjà été arrêtée, tandis que Burak Akbay ne se trouve pas actuellement sur le territoire turc, a ajouté Anadolu. Il est à Londres, croit savoir CNN Turk.

Gokmen Ulu, un journaliste, et Yonca Kaleli, un cadre financier, sont les deux autres employés de Sozcu contre lesquels des mandats d'arrêt ont été délivrés par le parquet d'Istanbul, a précisé cette chaîne de télévision.

Tous quatre sont accusés de "commettre des crimes au nom d'une organisation terroriste armée", une allusion au mouvement de M. Gülen, a révélé CNN Turk.

L'avocat du quotidien, Ismail Yilmaz, a toutefois démenti que de tels mandats d'arrêt aient été émis, expliquant à l'agence de presse Dogan que les mandats délivrés étaient destinés à faire saisir leurs biens. Il a toutefois confirmé l'interpellation de Mediha Olgun, tout en disant que cela pourrait être en relation avec une autre affaire.

"Il y a des mandats, il y a des arrestations" de responsables de Sozcu, a de son côté confirmé à Dogan le procureur d'Istanbul Irfan Fidan, selon lequel une enquête est en cours sur "le patron et certains employés" de ce journal.

D'après CNN Turk, ces poursuites sont en rapport avec un article publié sur internet le jour-même de la tentative de putsch donnant des détails sur l'endroit où M. Erdogan passait ses vacances sur la mer Egée, "facilitant" ainsi une "attaque" contre le chef de l'Etat.

Sozcu, dont le nom signifie "porte-parole", très critique du gouvernement et qui défend sans concession la laïcité, est un des journaux les plus populaires de Turquie. Sa devise est "Si #Sozcu est muet, la Turquie sera muette".

C'est le deuxième quotidien d'opposition à ainsi être la cible du pouvoir après Cumhuriyet, également farouche détracteur du président Recep Tayyip Erdogan et dont vingt collaborateurs ont été inculpés dans le cadre de l'état d'urgence mis en place après le coup d'Etat manqué.

D'après CNN Turk, dans le cas Sozcu, les mandats d'arrêt sont en rapport avec un article publié sur internet le jour même de la tentative de putsch donnant des détails sur l'endroit où M. Erdogan passait ses vacances sur la mer Egée

La Turquie est 155e sur 180 au classement mondial de la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières pour 2017.

D'après le site internet spécialisé P24, 165 journalistes, pour la plupart arrêtés dans le cadre de l'état d'urgence, sont derrière les barreaux en Turquie.

Les autorités turques affirment que c'est parce qu'ils sont liés à des "organisations terroristes", expression utilisée pour désigner le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, séparatistes kurdes) et le réseau güléniste.

AFP

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Commentaires (3) | Réagir ?

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tahar foli

Thank you very nice article

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adil ahmed

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