Bou Sâada : le pillage du foncier touristique atteint des proportions alarmantes

L'hôtel Le Caïd construit en 1925.
L'hôtel Le Caïd construit en 1925.

Promise à un statut de wilaya-déléguée avant la fin de l'année en cours, selon le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nordine Bedoui, qui y fait une visite à la veille de la campagne pour les législatives, la ville de Bou Saâda, relevant de la wilaya de M'Sila, peine à assumer son modeste statut de chef-lieu de daïra sur presque tous les plans.

Ville ayant une vocation touristique avérée - de par son histoire, l'architecture de sa vieille cité, ses dunes de sable et ses autres paysages féériques -, l'oasis de Bou Saâda ne semble pas avoir exploité et capitalisé tous ses atouts qui firent d'elle, jusqu'au début des années 1980, une destination privilégiée des touristes étrangers. Ces derniers développaient une grande curiosité à visiter l'oasis la plus septentrionale d'Algérie, distante d'à peine 230 km d'Alger. L'administration coloniale y a fait construire, par le célèbre architecte Fernand Pouillon, l'hôtel Le Caïd en 1925. Ce dernier a été rénové après l'Indépendance, en 1967, en lui adjoignant un institut de formation hôtelière et touristique.

Bou Saâda, qui fourmille de mille potentialités touristiques- dont le fameux Moulin Ferrero du XIXe siècle, le musée Etienne Dinet, la foire à artisanat, la zaouïa d'El Hamel, la vieille médina et le mont Kerdada auquel elle s'adosse, les dunes de sable, Djebel Thameur où tombèrent les deux héros de la révolution, Si L'Houes et Amirouche- se morfond aujourd'hui dans une sorte d'indolence et de décrépitude qui oblitèrent et font oublier tous ces aspects, pour céder à l'extension tentaculaire du béton et au brouhaha de la circulation automobile, pour une agglomération qui s'approche de 200.000 habitants.

Tenant à exploiter l'intérêt que semble montrer le ministre de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, Abdelouahab Nouri, aux zones et sites d'expansion touristique (ZEST), au sujet desquelles il a demandé, il y a quelques mois, à ses services déconcentrés un inventaire complet et l'état des lieux, les associations et les organisations de la société civile de Bou Saâda ont lancé un appel aux autorités pour se pencher sur le cas de l'ancienne zone touristique de la ville de laquelle il ne resterait que 14 hectares, sur une superficie initiale de 45 hectares (telle que définie par un décret datant du 5 novembre 1988), suite au pillage du foncier opéré par des indus-occupants qui ont réalisé des construction illicites sur un foncier destiné à l'investissement touristique.

Ainsi, plus des deux tiers de l'ancienne ZEST de la ville de Bou Saâda sont considérés comme perdus du fait du pillage dont a fait l'objet cette zone, particulièrement avec les constructions illicites qui se sont étendues sur les sites d'El Djazira et Ghilassa. Bien que le périmètre initial de la zone touristique, avec ses 45 hectares, soit défini, cartographié et connu des autorités locales, l'accaparement du foncier continue publiquement, au vu et au su de tout le monde.

Les occupants, qui ont construit des maisons individuelles et des villas sans aucun document réglementaire, s'enhardissent même à proposer à la vente leurs bâtisses en "taguant" sur les murs: "à vendre". Les jeunes de la ville de Bou Saâda, faisant partie de plusieurs associations, commencent à s'inquiéter sérieusement du sort réservé à la zone touristique, au cadre de vie urbain, à l'animation culturelle et au développement de la ville de façon générale.

Amar Naït Messaoud

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Commentaires (6) | Réagir ?

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algerie

merci

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adil ahmed

merci pour les informations

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