La fin du règne par légitimité "révolutionnaire" en Algérie

Les réseaux sociaux ont déjoué la propagande du pouvoir
Les réseaux sociaux ont déjoué la propagande du pouvoir

Contrairement à ce que pensent de nombreux observateurs et la lecture qui a été faite des résultats obtenus lors des législatives du 04 mai dernier, le Front de la libération nationale et son excroissance le Rassemblement national démocratique ne sont pas sortis vainqueurs mais montrent chiffres à l’appui leur essoufflement et leur impuissance de fertiliser la symbolique révolutionnaire aux générations futures.

Le spectacle que montrent certaines vidéos de bourrage des urnes dans certaines circonscriptions ne sont qu’une forme de déliquescence à laquelle sont arrivés les opportunistes qui s’accrochent au vieux parti qui n’est plus capable de maîtriser la voracité de la Ch’kara dont il fait l’objet. Les élections au poste suprême sont transformées en un concours pour le recrutement dans un hémicycle au travail facile et bien rémunéré. C’est une erreur grossière que de croire un instant que la fraude massive dénoncée par les différents partis y compris ceux de la coalition est une consigne centrale. Les dirigeants historiques n’ont aucun intérêt à se faire regarder. Par contre, cette dernière ne maîtrise plus sa base avide de sièges lucratifs.

C’est aussi un leurre que de croire que Bouteflika est au courant qu’il sert de fonds de commerce. Ce malade est le dernier qui reste du réservoir des historiques qui jouissent de la "légitimité révolutionnaire", c’est justement la raison pour laquelle les opportunistes s’y accrochent même dans l’état où il est. Il faut préciser par ailleurs que le FLN est en phase de perdre chronologiquement des sièges, ce qui explique l’engouement de faire figurer sur ses listes car tout le monde est convaincu que l’ère de la symbolique est déjà révolue.

Il se trouve que désormais cette tendance n’est spécifique à l’Algérie mais touche le monde entier même les pays à forte dictature. Quelles sont les raisons justement de l’évolution de cette problématique ?

1- Les citoyens ne croient plus au partis traditionnels ni à leur alternance au pouvoir

L’alternance traditionnelle au pouvoir par les partis de gauche à droite est rejetée dans le monde parce qu’elle ne ramène plus d’alternatives crédibles mais l’instauration d’un ordre établi où chacun trouve son compte. Les ailes extrêmes quant à elles commencent à fortement progresser en Occident ; d’abord aux Etats-Unis, ensuite dans les pays européens parce qu’elles développent un discours plus souverainiste et moins mondialisé mais plait aux citoyens de ces pays car il pourrait remédier aux crises qui les touchent actuellement : émigration, chômage, protection sociale, logements, contrôle des frontière, maîtrise de l’économie nationale etc.

En Algérie, c’est toute autre chose, l’ouverture du champ politique a été et demeure artificiel. C’est un jeu que tout le monde a compris dès le début mais les citoyens ont gardé l’espoir d’un changement possible sur le long terme. Il se trouve qu’entretemps l’argent s’est mélangé à la politique pour en faire de l’alternance démocratique un tremplin pour des desseins affairistes. Être dans une liste pour postuler à un poste de député, c’est d’abord régler ses affaires. La preuve, pour la première fois tous les partis sont unanimes à dire qu’il y a eu fraude par les partis de l’alliance dite du système notamment le FLN.

Or, ce n’est pas une fraude organisée mais une "pagaille" qui annonce la fin des partis traditionnels à connotation "révolutionnaire" et qui ne peuvent vivre sans symbolique. Bouteflika même malade leur sert de couverture. Donc déclarer comme le craint Madame Hanoune au "putsch" pourrait être un pur délire. Par contre, le député Benhamou qui se compare un chat qui "miaule" pour des sièges de député qu’il obtienne avec une grande difficulté n’a pas tellement tord. Etant sur le terrain, il a peut-être compris que le FLN a perdu à jamais la direction de la distribution des quotas car il ne maîtrise plus sa base. Il a d’ailleurs donné un "scoop" de la dissolution immédiate de la future assemblée avant même que les résultats finaux soient donnés.

En somme, cela démontre que ces petits partis atomisés qui devaient grandir progressivement pour démocratiser le système ne sont en fait que des cas sociaux à la charge des citoyens. Ils promettent monts et merveilles mais dès qu’ils atteignent la sphère du pouvoir, ils prennent sa teinte et prennent leur distance de leur base pour dépendre du système. Avoir des députés dans l’assemblée est devenu une nécessité existentielle pour un parti s’il ne veut disparaître pour une cause matérielle. Cela n’a absolument rien à voir la démocratie et très loin des préoccupations des citoyens qui les refusent et les chiffres sont là pour le montrer.

2- Le TIC va accélérer la chute du système

Les anciens moyens qui alimentent les symboliques pour entretenir cet ordre établi ne sont plus possibles avec le développement de la technologie de l’information et de la Communication. Cette histoire de main étrangère pour mobiliser les Algériens ne tient plus avec Facebook qui dévoile tout : Plus de 40000 dossiers d’Algériens sont en instance pour obtenir le statut de harki, si l’on croit leur association en France. Les responsables qui étaient virulents envers la France y prennent leur retraite dans ce pays. D’autres recherchent le moindre lien pour obtenir la nationalité française Etc. Les jeunes utilisent donc facebook pour contourner l’information officielle parfois fallacieuse. De fait, Facebook aura été leur meilleur allié. Cela leur permettait, en temps réel, de connaître la réalité de la situation sur le terrain et de contourner la désinformation de la télé officielle.

Rabah Reghis, Consultant, Economiste Pétrolier

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Commentaires (15) | Réagir ?

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algerie

merci

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fac droitsp

msila

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