Premier scrutin sans Toufik: le clan Bouteflika face à l'angoisse de l'urne vide !

Premier scrutin sans Toufik: le clan Bouteflika face à l'angoisse de l'urne vide !

D’aucuns s’accordent à dire que le scrutin du 4 mai 2017, revêt une importance capitale, non pour le peuple algérien, mais pour le pouvoir en place.

On devine la détresse du clan présidentiel, à la façon dont les membres du gouvernement, ou leurs relais, s’emploient à étouffer, avec véhémence, le moindre son de moustique qui semble appeler au boycott, et perturber ainsi le sommeil légendaire du peuple Algérien.

Au fait, la possibilité, très sérieuse, d’une abstention record fait peur !

La tension est palpable à vue d’œil : à travers les " Ouled lahram " lancé à l’égard des abstentionnistes, par le wali d’Alger Abdelkader Zoukh, ou les invectives proférées par le ministre des affaires religieuses à l’encontre de simples podcasters. " Mansoutich ", retentit comme un refus de se jeter, encore et toujours, dans le piège électoral. Un refus de la combine, un œil ouvert sur le précipice dans lequel nous emmènent ces apprentis sorciers du clan Bouteflika!

La peur au ventre !

La hantise d’un taux historique d’abstention jamais égalé, a transformé le Premier ministre Abdelmalek Sellal à Sétif, en un véritable DJ : " Dansez ", lançait-il aux femmes présentes à son meeting. " Dansez, buvez et traînez vos maris à l’urne ", insistait-il. Ce qui fait peur en haut lieu, c’est l’inexpérience de l'équipe gouvernementale dans l'organisation de scrutin d’ampleur. C’est aussi son incapacité à trouver les solutions pour mobiliser la jeunesse. C’est enfin, la situation peu enviable, de se retrouver le 5 mai, comme le révèle un sondage d’Al Jazeera, avec une participation riquiqui de 16 %. Avec une telle situation, quelle suite donnera le pouvoir en place à l’histoire de la succession de Bouteflika, car, l’enjeu, n’est nullement le Parlement mais ce qu’on en fera.

La suite du scénario serait ambiguë, indéterminée et indéterminable. Comment passeront les lois qui consacreront le frère Saïd, ou celles qui feront d'un vice-président, un président à part entière ? Comment réélire à vie un président impotent ? Comment concocter un bouillon légal, dans lesquels mijoteront toutes les envies d'un insatiable pouvoir ? Tous les scénarios possibles, ne seront plus possibles…. Échec.

L’ombre du DRS, l’argument sécuritaire et les années de plomb

Il a toujours été là. Depuis le début de la mascarade démocratique en Algérie (et bien avant), le général Toufik, heureux car caché, faisait et défaisait les hommes politiques. Il était l’artisan d’un système qui marchait. Il valait ce qu’il valait, mais ce système permettait, à travers une organisation, des hommes, de la logistique et de l’expérience de mobiliser des masses, autour d’une thématique ou d’un enjeu.

Après l’échec de la transition démocratique en 1990, et le glissement dans les années de sang, il est le principal artisan du subterfuge, qui a permis de sortir de l’imbroglio du Haut Comité d’État (HCE) qui a comblé à pied levé, un vide institutionnel, après l'assassinat de Mohammed Boudiaf en 1992. Il est également celui qui a organisé, avec les corps armés en 1995, les premières " élections pluralistes " de l’Algérie indépendante et mis sur rails, dans un contexte de guerre civil, l’illusion du processus démocratique autour de deux thèmes ; celui de la légitimité et de la lutte anti-terroriste.

Un scrutin qui a vu la participation de 75 % des inscrits et l'intronisation de Liamine Zeroual avec 61,3% des voix. S’en est suivi plusieurs rendez-vous électoraux qui s’articulaient presque toujours autour du thème sécuritaire, qui, s’il ne mobilisait pas de gaieté de cœur, poussaient souvent à l’essentiel : glisser une feuille dans la boîte et doper des chiffres à même de légitimer un pouvoir accusé par des ONG de génocide. Le verdict de l'urne n'avait alors aucune importance. Le vote des militaires et des morts, les bureaux itinérants, et le bourrage de l'urne sont autant de leviers qui ont souvent déterminé l’issue d’un suffrage.

La constitution de 1996, les législatives de juin 1997, puis l’intronisation de Bouteflika en 1999, ont tous suivi, d'une manière cyclique, le même schéma ternaire : peur, vote, déception !

Après 2000, même le DRS peine à mobiliser

Vint alors une époque, où le souci principal n’était plus l’aspect sécuritaire, mais les enjeux sociaux et économiques. Du schéma ternaire (peur, vote, déception) ne demeure que la déception, profonde et chronique. La thématique sécuritaire s’étant essoufflée, les pouvoirs en places et le DRS ont éprouvé les plus grandes peines à mobiliser. La situation lors du scrutin de mai 2002 était décrite comme "Insurrectionnelle" et faisait suite à l’assassinat de 126 jeunes Kabyles par la garde du nouveau societaire d’El Mouradia. Plusieurs bureaux de vote ont été incendiés et le taux de participation n’avait pas dépassé, dans les régions de Kabylie plus de 2 %. N’empêche ; le scrutin est validé avec 46 % de taux de participation qui a vu le FLN de Bouteflika, reprendre la majorité absolue avec 34% des suffrages exprimés !

Les enjeux ayant changé, le pouvoir n’a pas su se renouveler pour le rendez-vous des législatives de mai 2007. Résultat: un taux de participation de 35,65 % et un fiasco politique, qui une fois de plus, a été entériné honteusement par les autorités. En 2012, et sur fond de printemps arabe, les pouvoirs de l’époque ont su tirer profit de l’instabilité régnante dans les pays voisins. La stratégie étant la même, surfer sur la vague de la peur et de l’éternel problème sécuritaire. Les exemples ne manquaient pas, avec une Tunisie vacillante, une Égypte à genou et une Libye à feu et à sang. Ce qui explique probablement la légère hausse du taux de participation, qui a permis au FLN, de garder une légère avance sur les autres formations avec un petit 14 % des voix, mais sans le raz-de-marée promis par la coalition islamiste verte.

Un clan présidentiel en panne d’idées

Et maintenant, que vont-ils faire, devant le spectre terrifiant de l’abstention qui les empêchent de dormir, pour reprendre l’expression de Abdelmalek Sellal ? Pas grand chose. D'autant plus que personne ne semble se rendre aux arguments du clan présidentiel, orphelin de l’appareil du général Medien et de sa longue expérience dans le ficelage des scénarios improbables. Le clan qui doit désormais se débrouiller seul, semble s’embourber dans une campagne qui ne convainc personne. Ni la distribution de logements sociaux par les villes en début du mois passé, ni la perspective de bénéficier d'un panier du " Rahma de Ramadhan ", encore moins les tournées du DJ Sellal, ne semblent dégripper une campagne décousue, sans cap, et sans génie.

Les menaces, les persécutions ou les compromissions conclues avec plusieurs formations politiques ne risquent pas de changer la donne. Ça empeste l’amateurisme. Une campagne qui coûte la bagatelle somme de 4 500 milliards de centimes, va probablement accoucher d’une souris. Le début l’annonçait très clairement. Tournée en dérision par les internautes, " Semma Soutek " (fais entendre ta voix) a surtout révélé la surdité d’un pouvoir autiste, enfermé dans le monde archaïque de "Oui-Oui" qu’il s’était lui-même créé (un méchant Oui-Oui). Il n’a pas vu venir le progrès, l’internet, les réseaux sociaux, les podcasts, les applications numériques ; bref, la créativité d'une jeunesse qui évolue. Ça va trop vite pour la vieille garde. Au petit jeu du vieux menteur et de l'enfant geek, au jeu du chat idiot et de la souri futée, le triomphe, ami de l’innovation, a déjà choisi son camp.

Étymologiquement, le mot scrutin désigne l’action d’examiner, de fouiller ou de scruter. Et à force de fouiller, le peuple a fini, peut-être, par trouver dans le boycott, un moyen civilisé d'arrêter ce régime de larrons : haut les mains, et que personne ne "SOTE".

Hebib Khalil

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Commentaires (4) | Réagir ?

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Rabah IBN ABDELAZIZ

Toufik, c'&tait une légende purement et simplement : les fraudes massives par les mafieux du fln à débuté en 1962 et il est toujours là, pour bourrer les urnes, les vidéos d'hier disent long sur cette pratique ?. bouteflika n'à jamais était élu par les urnes réelles, mais par la fraude massives ?.

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Aksil ilunisen

Un ESCLAVE est toute personne SOUMISE ou demeurant dans un etat lui procurant un MINIMUM de sécurité au detriment de sa LIBERTE.

(Blaise Pascal)

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