Le classement RSF et les élucubrations du ministre de la Justice

L'Algérie va bientôt virer au rouge en matière de liberté de la presse.
L'Algérie va bientôt virer au rouge en matière de liberté de la presse.

Au lendemain de la publication par Reporters sans frontières de son classement annuel de la liberté de la presse, le ministre de la Justice, Tayeb Louh se fend d'une déclaration pour le moins sardonique.

De quel pays parlait donc Monsieur le ministre de la Justice, Tayeb Louh, jeudi à Tipasa, quand il soutenait que l'Algérie a réalisé de grands progrès en matière des droits de l'homme ? Sûrement pas de ce pays qui dégringole chaque année dans les classements des ONG internationales. Dans le dernier classement de RSF, l'Algérie se classait à la peu enviable 134e place juste derrière le Maroc. Mais très loin de la Tunisie et du Togo ! Mieux que la Russie, la Gambie et le Tajikistan !!! Quand même !

Les déclarations de Louh étaient d'un enthousiasme qui défrise !

Depuis quelques années, les droits de l'homme sont régulièrement foulés au pied. Tout rassemblement est interdit et ceux tolérés sont systématiquement réprimés. Pour autant Monsieur le ministre n'y voit que du feu. Les étudiants en pharmacie ont été tabassés, ceux de la Sonelgaz ont été également violemment réprimés à Bejaia, les contractuels de l'Education nationale ont eu l'amère expérience de découvrir la violence policière... mais qu'importe ! "L'Algérie a beaucoup fait et continue de consentir des efforts en faveur de la protection des droits de l'Homme", s'enthousiasme M. Louh.

Dans son élan à faire table rase du système répressif mis en place depuis 2001 et la sanglante répression du printemps noir, Monsieur Tayeb Louh fait mine d'ignorer que même des conférences sur la littérature sont l'object d'interdiction. Ou peut-être faut-il lui rappeler que plus de 100 détenus mozabites croupissent en prison à Laghouat depuis juillet 2015 !

Dans les salons cossus de la République, Monsieur le ministre ainsi que le reste du cabinet peuvent toujours bavarder sur les droits de l'homme, donner des leçons sur les grands principes de l'humanité. C'est leur droit, mais leur devoir n'est-il pas de les mettre en application dès leur sortie ? Parce finalement avancer que "les droits de l'Homme participent d'un concept global indivisible qui implique le droit à la protection et à la sécurité des personnes, à la médecine et à l'éducation gratuites, à l'eau potable, au travail, ainsi que d'autres droits pleinement garantis en Algérie conformément à la charte internationale des droits de l'Homme" n'est pas si faux que ça. Seulement, tout ministre de la Justice qu'il est, il se doit de mettre (normalement ?) en cohérence ses discours avec la réalité brute auquelle les Algériens sont confrontés...

Autrement tout le reste n'est que bavardage...

Yacine K.

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Commentaires (1) | Réagir ?

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Rabah Mansour

A qui le sinistre Tayeb Louh de la secte de Msirda ministre de la justice aux ordres veut-il faire avaler des couleuvres en prétendant que le régime respecte les droits de l'homme et la liberté de la presse?Il est de notoriété publique que ce régime ne respecte rien, mieux il a institutionnalisé la corruption, les passe-droits, le régionalisme, le clientélisme etc... en bafouant même ses propres lois quand elles ne l'arrangent plus.