Bachar Al Assad et Robert Mugabe : les drôles d'amitiés de Bouteflika

Al Assad et Mugabe félicité par Bouteflika
Al Assad et Mugabe félicité par Bouteflika

S'il y a un domaine où Abdelaziz Bouteflika semble exceller c'est celui des échanges épistolaires.

En 48 heures, deux courriers sont rendus publics. Deux missives de félicitations qui se ressemblent étrangement adressées à deux dictateurs que séparent tout de même l'âge mais que réunis le mépris du suffrage universel et des droits de l'homme.

"Il me plaît, à l'occasion de la célébration par la République arabe syrienne du 71e anniversaire de son indépendance, de vous adresser, au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel, mes chaleureuses félicitations et mes vœux les meilleurs, priant Dieu Tout-Puissant de vous accorder santé et bonheur et de réaliser les aspirations de votre cher peuple à la reconstruction dans le cadre de la concorde et de l'entente nationales", écrivait, lundi, le président Bouteflika dans son message au dictateur Bachar Al Assad. Bouteflika évacue la guerre civile qui fait des centaines de morts chaque semaine et se lance un satisfecit : "Je saisis cette occasion pour vous faire part de notre satisfaction du niveau des relations unissant nos deux pays frères". Puis l'air de rien, il lui glisse que "nous suivons avec intérêt les développements de la crise que traverse votre cher pays".

Le courrier de "félicitations" envoyé à l'autocrate zimbabween est de la même langue de bois. "La célébration du 37ème anniversaire de l'indépendance de la République du Zimbabwe m'offre l'agréable opportunité de vous adresser, au nom du peuple et du gouvernement algériens ainsi qu'en mon nom personnel, mes chaleureuses félicitations auxquelles je joins mes voeux les meilleurs de santé et de bonheur pour vous-même, et davantage de progrès et de prospérité pour le peuple zimbabwéen frère". Voilà le courrier troussé en deux phrases, trois voeux ! Curieuse conception du développement quand on connaît la terrible crise que vit ce pays depuis plusieurs années.

A 93 ans, l'autocrate Robert Mugabe est toujours au pouvoir. Après 36 ans passés à ruiner le pays, il compte se représenter en 2018. Ces deux courriers empreints de cynisme laisse transparaitre de bien tristes amitiés diplomatiques pour celui qui aura passé jusqu'à présent 18 ans au pouvoir. Au-delà des règles de bienséance diplomatique, il est bien ardu d'expliquer comment en arrive-t-on à se réjouir de relations avec des dictateurs pareils ?

En vérité, ces crépusculaires félicitations épistolaires ne sont pas anodines. Elles sont un faire-valoir. Tout juste là pour nous rappeler en réalité que ce président disparu des écrans de l'ENTV est toujours là. Cette pratique affranchit le locataire du palais médicalisé de Zéralda de potentielles audiences filmées qui donnent du tournis à son état-major.

Yacine K.

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Commentaires (4) | Réagir ?

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tahar foli

merci pour partager cet article

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sami sahnoun

merci

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