Fillon accuse Hollande d'animer un "cabinet noir", le chef de l'Etat réplique

François Hollande répond à François Fillon.
François Hollande répond à François Fillon.

François Fillon a dénoncé un "scandale d'Etat" et accusé François Hollande d'organiser à la tête d'un "cabinet noir" les fuites dans la presse sur ses affaires judiciaires, le chef de l'Etat dénonçant en retour des "allégations mensongères".

Le chef de l'Etat français n'a pas attendu la fin de "L'Emission politique" de France 2 pour "condamner avec la plus grande fermeté les allégations mensongères" de M. Fillon, assurant n'avoir été "informé" des affaires concernant ce dernier que "par la presse". Les propos de Fillon apportent "un trouble insupportable" à la campagne présidentielle, a-t-il ajouté.

"Le seul scandale ne concerne pas l'Etat, mais une personne qui aura à en répondre devant la justice", a insisté la présidence.

Le chef de l'Etat réagissait à des accusations portées par le candidat de la droite à l'élection présidentielle, mis en examen notamment pour recel et complicité d'abus de biens sociaux et détournement de fonds publics dans le dossier des emplois présumés fictifs de son épouse.

"Ca fait deux mois que la presse déverse sur moi des torrents de boue", s'est emporté dès le début de l'émission le député de Paris, donné éliminé dès le premier tour dans tous les sondages, alors que le journaliste lui demandait s'il était "un homme d'argent".

"Ca m'a fait souvent penser à Pierre Bérégovoy", a même confié M. Fillon, en référence à l'ancien Premier ministre socialiste, mis en cause dans une affaire de prêt et qui s'était suicidé en 1993. "J'ai compris pourquoi on pouvait être amené à cette extrémité", a expliqué M. Fillon.

Il a ensuite porté de lourdes accusations contre François Hollande, qui serait à la tête d'un "cabinet noir". "Il y a un livre qui sort ces jours-ci, dont j'ai pu lire les bonnes feuilles, qui a été écrit par des journalistes qui sont très loin d'être mes amis puisque deux d'entre eux sont des journalistes du Canard enchaîné", a fait valoir M. Fillon.

"C'est un livre ("Bienvenue Place Beauvau, Police: les secrets inavouables d'un quinquennat", ndlr) sur le ministère de l'Intérieur et la place Beauveau, qui, en 250 pages, explique que François Hollande fait remonter toutes les écoutes judiciaires qui l'intéressent à son bureau, ce qui est d'une illégalité totale, comment il est branché directement sur Bercy, sur Tracfin, sur les informations qui lui sont apportées en permanence, comment il est au courant des moindres faits, des moindres filatures, y compris concernant son ancien Premier ministre Manuel Valls", a-t-il expliqué.

Démenti du journaliste du Canard Enchaîné

Un des auteurs, Didier Hassoux, a démenti sur Franceinfo les propos de François Fillon, assurant n'avoir "jamais écrit ça" et accusant le candidat d'avoir voulu faire un "coup". "Dire que l'affaire Fillon vient de l'Élysée, c'est une plaisanterie. C'est ne pas faire confiance aux journalistes. On fait un travail d'investigation. Tous les jours, on est sur le terrain, à travailler avec nos sources, pour essayer d'annoncer ou de dénoncer des faits, qui concernent François Fillon mais aussi d'autres personnages importants de l'État. On fait notre boulot», a fait valoir le journaliste du Canard Enchaîné qui souligne que «dans le livre, au sujet de l'affaire Fillon, il est d'ailleurs écrit que "cette fois, le supposé cabinet noir n'y est pour rien""…

"Je laisse à François Fillon la responsabilité de ses propos. Ça fait plusieurs années qu'on travaille sur les questions de police et de politique. On a vraiment gratté dans toutes les officines de la République. Et on écrit en page 24 qu'il n'est pas possible d'apporter la preuve formelle de l'existence d'un cabinet noir. On aurait préféré, cela aurait été plus simple !" Didier Hassoux reconnaît que "dans ce pays la police est politique" mais que, "par exemple, Nicolas Sarkozy avait conceptualisé cela de façon beaucoup plus ardue. Il avait créé une officine complètement dédiée à la remontée directe des informations judiciaires jusqu'à lui, qui s'appelait la DCRI (Direction générale de la Sécurité intérieure)."

Avec AFP

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