Mais qui sont les ennemis de l’Algérie ?

Ahmed Gaid Salah, vice-ministre de la Défense.
Ahmed Gaid Salah, vice-ministre de la Défense.

Les réactions de membres du gouvernement algériens tendent à diaboliser les nombreuses réactions étrangères aux attaques contre la liberté de presse en Algérie. Il faut donc se demander quand Ahmed Gaïd Salah appelle à une extrême vigilance face aux conspirations des ennemis du pays, qui vise-t-il ?

Le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP et général de corps d'Armée, Ahmed Gaïd Salah, demande aux Algériens d’exercer une "extrême vigilance" contre les ennemis de l'Algérie. Pour pouvoir le faire, il faudrait commencer par bien les définir. Il serait en effet difficile de mettre en échec leurs conspirations si on ne les connaît pas. Mais qui sont ces ennemis de l’Algérie qui n'ont jamais cessé de lui manifester leur rancœur ? Quand Gaïd Salah réitère sa gratitude à Abdelaziz Bouteflika, le fait-il à un homme à la hauteur des aspirations de son peuple ? Si oui, alors pourquoi toutes ces dénonciations d’organismes qui protègent les droits de l’homme et la liberté de presse?

Ces actions de ces organismes internationaux ne sont pas faites pour nuire à l’Algérie, mais pour aider son peuple. Le rapport accablant "Algérie : la main invisible du pouvoir sur les médias" de Reporters sans frontières défendait la liberté de la presse qui est un droit reconnu par l’ONU. En quoi est-ce que cela en ferait un ennemi de l’Algérie ? En quoi est-ce que la volonté d’Abdelaziz Bouteflika de réduire au silence tous les médias qui ne se rangent pas de son côté en ferait un ami de l’Algérie ? Comment est-ce que les pressions exercées par le pouvoir algérien pour étouffer et fermer les médias indépendants peut-il être vu comme une bonne chose par quelqu’un qui a le bien-être des Algériens à cœur,? Le secrétaire général de Reporters sans Frontières, Christophe Deloire, a pris soit d’indiquer qu’il voulait le bien des Algériens. Il a d’ailleurs encensé les journalistes algériens qui se sont battus avec beaucoup de courage et de résilience depuis les années 1990 pour avoir cette liberté de presse qui subit actuellement les coups de bélier d’apparatchik du pouvoir. En dénonçant les pratiques autoritaires nuisibles à l'indépendance journalistique, c’est au bien-être de la population qu’il pense.

Ce que dénonce Reporter sans Frontières dans son dernier rapport, ce n’est pas la force de l’Armée algérienne, mais les actions brimant délibérément les droits des Algériens. Ceux que pointe du doigt le New York Time dans son article sur l’Algérie ce ne sont pas les héritiers légitimes du pouvoir du pays, mais ses usurpateurs. Ce n’est pas la faute de Reporters sans frontières que l'Algérie figure à la 129e place de son classement de la liberté de la presse et continue à descendre. La vérité est que la situation des médias algériens s'aggrave au fur et à mesure que s’approchent des élections législatives algériennes d’avril 2017. La même situation a prévalu juste avant "l’élection" pour un quatrième mandat d’Abdelaziz Bouteflika.

Que demande Ahmed Gaïd Salah quand il veut que les Algériens soient conscients de la dimension ancestrale de leur pays ? Le fait que la direction de l’Algérie été reprise par le sang et les sacrifices de courageuses et valeureuses personnes de sa génération ne signifie pas qu’elle leur appartient. Comme tous les combattants de la liberté, ils ont repris leur pays pour le mieux-être des leurs et des générations futures. Pour que le sacrifice de ces valeureux combattants n’ait pas été fait en vain, c’est aux héritiers de ce légitime et essentiel combat que revient actuellement l’Algérie.

Ce pays doit être fort par son armée et ses propres potentiels, et cette force doit servir à obliger le respect des droits de la population. Ce sont actuellement les exactions contre leurs droits par un petit nombre de gens que dénoncent les ONG et médias internationaux. Est-ce ces profiteurs que vise Ahmed Gaïd Salah ? Va-t-il être conséquent avec ses paroles et utiliser sa puissante armée pour protéger le droit de parole du peuple pour que les élections législatives algériennes d’avril 2017 ne soient pas une mascarade de démocratie ?

Michel Gourd

Plus d'articles de : Opinion

Commentaires (16) | Réagir ?

avatar
lila laoubi

Le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP et général de corps d'Armée, Ahmed Gaïd Salah, demande aux Algériens d’exercer une "extrême vigilance" contre les ennemis de l'Algérie. Pour pouvoir le faire, il faudrait commencer par bien les définir. Il serait en effet difficile de mettre en échec leurs conspirations si on ne les connaît pas. Mais qui sont ces ennemis de l’Algérie qui n'ont jamais cessé de lui manifester leur rancœur ? Quand Gaïd Salah réitère sa gratitude à Abdelaziz Bouteflika, le fait-il à un homme à la hauteur des aspirations de son peuple ? Si oui, alors pourquoi toutes ces dénonciations d’organismes qui protègent les droits de l’homme et la liberté de presse?

avatar
gtu gtu

greate article thank you for sharing

visualisation: 2 / 15